PROHIBITION AMÉRICAINE, CONTREBANDE CANADIENNE

C’est en 1919, il y a maintenant 100 ans, que la loi sur la prohibition entre en vigueur aux États-Unis. Les voisins du sud interdisent alors la fabrication, le transport, l’importation et l’exportation, de même que la vente de toute boisson dépassant les 0,5 % d’alcool. Cette mesure est prise par les conservateurs, appuyés par les pasteurs, pour mettre fin à la violence et aux comportements nocifs et immoraux engendrés par la consommation d’alcool.

Au Canada, il revient aux provinces de légiférer sur le sujet. Elles adoptent toutes une loi sur la prohibition à un moment ou à un autre de leur histoire, sauf le Québec qui vote toujours contre. La Belle Province devient donc un lieu de frivolités et d’ivresse dans les cabarets, mais aussi un monde de contrebande. De nombreux cultivateurs vivant à proximité de la frontière américaine voient là une occasion de profits qu’ils savent exploiter.

Parmi eux, un homme se démarque par l’ampleur de ses réalisations : Conrad Labelle. Né à Farnham en 1898, il s’installe à Iberville avec sa famille en 1901. Ce célèbre bootlegger fait passer une innombrable quantité d’alcool vers les États-Unis. Il s’associe même avec Al Capone pour quelques transactions. Conrad Labelle est le typique contrebandier qu’on imagine ; il boit, il fume et il joue ce qu’il gagne. Il effectue ses déplacements personnels dans une Cadillac blindée. Durant des années, il réussit à déjouer les policiers, et les rumeurs concernant ses supposés exploits pour leur échapper se multiplient. Il est finalement arrêté aux États-Unis en 1923. À cette époque, Conrad Labelle possède près de 400 000 $ et une trentaine de voitures. Lorsqu’il sort de prison, il s’installe à Venise-en Québec où il termine paisiblement ses jours. Il y serait décédé en 1995.

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Source : Sûreté du Québec