Des congés de santé mentale pour prévenir l’absentéisme

Répit. L’Éclusier du Haut-Richelieu a conçu un programme plutôt original pour accorder un moment de répit à ses intervenants et prévenir l’absentéisme au boulot.

Le projet «La prévention avant tout» a été finaliste aux Grands Prix de la santé et sécurité au travail. Il donne cinq journées de congé pour raison de santé mentale à ses employés lorsqu’ils ont besoin de prendre une pause de leurs interventions chargées émotivement.

L’Éclusier travaille avec les proches de personnes aux prises avec une maladie mentale. Les intervenants doivent souvent faire face à des situations d’extrême urgence avec un côté émotif très relevé.

«Lorsque la clientèle arrive ici, il y a une charge émotive énorme, souligne la directrice générale de l’organisme, Isabelle Demers. Les besoins sont aussi très pressants.»

Pour donner la chance aux employés de faire le vide après une situation prenante, L’Éclusier a mis en place cinq journées «santé mentale» qui sont ajoutées aux congés maladie habituels. Il n’y a pas de justification à donner, simplement obtenir l’approbation de la direction.

«L’objectif est de prévenir les absences, explique Mme Demers. Ça arrive souvent que les intervenants aient besoin de ventiler après une journée difficile. Il y a un petit côté discrétionnaire, mais c’est utilisé à bon escient.»

Sans frais supplémentaire

Un des avantages de cette mesure, c’est qu’elle n’a pas «d’impact fiscal» mentionne-t-elle. L’employé prend simplement congé et n’est pas remplacé. Et même si l’équipe n’est composée que de cinq personnes, cela demeure assez facile à gérer.

«L’argumentaire derrière tout cela est que si l’employé revient en forme, il le sera toute la semaine, remarque Isabelle Demers. Si on le maintient en poste, la productivité la journée même baisse, tout comme celle du reste de la semaine. Les ressources humaines, ça ne se gère pas comme les machines.»

Mme Demers croit qu’une mesure comme «La prévention avant tout» peut s’appliquer autant dans le milieu communautaire que dans le monde municipal et l’entreprise privée.

«La direction doit être fondamentalement convaincue de la valeur de ses employés, note-t-elle. Mais ça peut devenir un outil de recrutement. La qualité de vie est importante chez les jeunes travailleurs.»

cpoulin@canadafrancais.com