Un manque de relève jugé inquiétant chez les pompiers

Main-d’oeuvre.  Les chefs pompiers sont unanimes. Le problème de l’attraction et de la rétention dans les casernes va s’accentuer au fil des ans. Ce sera encore pire dans les municipalités de 10 000 habitants et moins, révèle un sondage mené par l’Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec.

Près de 400 gestionnaires en sécurité incendie de la province ont été sondés pour identifier les freins au recrutement. Plus une municipalité est petite, plus ses défis seront grands. Selon l’Association, 65% des municipalités de 50 000 habitants et moins ont des enjeux de relève. Le pourcentage s’élève à 75% dans les municipalités de 10 000 habitants et moins.

Cette réalité frappe de plein fouet les municipalités rurales du Haut-Richelieu. Le problème réside dans le statut des pompiers, croit Alain Hétu, directeur du Service de sécurité incendie d’Henryville. Au Québec, plus de 75% des pompiers travaillent à temps partiel en plus d’occuper un emploi à temps plein ailleurs. « Il n’y a plus d’embauches, se désole-t-il. Le pompier ne lâchera pas un emploi payant pour être à temps partiel. Il faudrait que les pompiers soient engagés à temps plein. »

Chanceux

Le chef de la caserne d’Henryville s’estime chanceux. Son équipe compte 21 pompiers et il a bien l’intention de les garder dans ses rangs. Depuis l’automne dernier, il leur offre un stage au Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil pour qu’ils se fassent la main en milieu urbain.

« Il faut au moins 350 heures de formation pour devenir pompier à temps partiel, en plus des pratiques obligatoires. Les pompiers éteignent un ou deux feux par année. Quand prennent-ils leur expérience? Jamais! », fait valoir M. Hétu.

Le fait qu’à l’extérieur de Saint-Jean- sur-Richelieu les pompiers soient tous à temps partiel compromet selon lui l’application du Schéma de couverture de risque incendie. Par exemple, la règle veut qu’il y ait huit pompiers en 15 minutes pour éteindre l’incendie d’une maison unifamiliale.

« Tout le monde a de la misère à rencontrer le Schéma. Il faut se mettre quatre ou cinq municipalités ensemble pour répondre à un feu. Quand on a une réponse immédiate, c’est ce qui fait qu’on sauve des vies et des bâtiments », plaide-t-il.

Temporaires

À Saint-Jean-sur-Richelieu, le Service de sécurité incendie déploie beaucoup d’efforts pour dénicher des pompiers temporaires. Le hic, c’est qu’il faut huit à dix ans pour accéder à un poste permanent.

« La rétention est difficile quand les grands centres embauchent à temps plein, constate le directeur Jean Arsenault. Nous avons recruté dix pompiers en 2022, mais nous risquons d’en perdre. Nous savons qu’il y en a déjà sur des concours pour postuler ailleurs. »

Comme la police

Alain Hétu croit qu’un regroupement provincial de pompiers, à l’image de la Sûreté du Québec, pourrait régler le problème dans les plus petites municipalités. La mairesse d’Henryville croit quant à elle qu’un combat des incendies efficace passe par l’entraide. Sa municipalité a d’ailleurs une entente avec Venise-en-Québec, Clarenceville et Noyan.

« Je ne vois pas de regroupement provincial tout de suite, mais j’en verrais un du côté est de la rivière Richelieu. Ça permettrait des économies d’échelle sur l’équipement », fait-elle valoir. Mme Charbonneau a déjà parlé de la relève des pompiers à la députée d’Iberville sortante, Claire Samson. Elle souhaite maintenant rencontrer sa successeure Audrey Bogemans pour lui exposer ses préoccupations.