Une nouvelle escouade pour aider les sans-abris
Itinérance. Le Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu a mis sur pied une nouvelle escouade entièrement consacrée au phénomène de l’itinérance. Deux policiers en font partie, de même qu’une travailleuse sociale. Leurs rôles complémentaires en font des partenaires efficaces dans la réduction des méfaits au centre-ville et l’amélioration de la cohabitation sociale.
L’équipe mixte d’intervention de proximité (ÉMIP) a vu le jour grâce à une subvention du ministère de la Sécurité publique. Le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre y collabore également.
Les patrouilleurs Éric Hamelin et Jonathan Dubuc ont commencé leur travail avec les sans-abris en févier. La travailleuse sociale Élizabeth Carpentier s’est jointe à eux à la mi-avril. Depuis, ils sont devenus inséparables. Les policiers apprécient l’approche de la travailleuse sociale, qui établit un portrait global de la personne et crée des liens avec le réseau de la santé. Cette dernière est aussi reconnaissante du travail des agents de la paix, qui ont l’autorité nécessaire pour ramener les gens à l’ordre.
Lien de confiance
« Nous sommes toujours sollicités, dit l’agent Hamelin. Je n’ai jamais vu les journées passer aussi vite. » Les membres de l’ÉMIP connaissent tous les sans-abris du centre-ville par leurs prénoms. Ils ont bâti un lien de confiance avec la plupart d’entre eux.
Le Spot, le centre de jour pour personnes en situation d’itinérance, est un arrêt obligé sur leur parcours. C’est là qu’ils tâtent le pouls de la journée qui commence. Les patrouilleurs ne restent pas à l’écart bien longtemps. Les usagers du Spot entament la conversation avec eux sur toutes sortes de sujets.
Certains ont les émotions à fleur de peau et profitent de leur présence pour déverser leur colère. Au bout du comptoir, une femme pleure à chaudes larmes, l’air désespéré. Élizabeth Carpentier vole vers elle. La travailleuse sociale la fait parler sur les causes de son chagrin avec une facilité désarmante. Grâce à ses démarches, une place d’hébergement temporaire attend la dame évincée de son logement à l’Auberge Harris avec l’organisme Actions Dépendances.
Pas de constats
Chaque jour, pendant sa tournée, l’ÉMIP s’assure que les itinérants qu’elle croise sur sa route sont en sécurité. Pour ces anciens policiers habitués à traquer les excès de vitesse et les nuisances, les constats d’infraction ne font plus partie de leurs moyens d’intervention. Un itinérant a besoin de renouveler sa carte d’assurance maladie ou de faire une demande d’aide sociale? L’équipe n’hésite pas à leur offrir un transport pour se rendre à la ressource appropriée.
« Ça me donne le temps de bien faire les choses, affirme Éric Hamelin. Quand on fait de la patrouille, on bouche des trous. On est débordé d’appels en santé mentale depuis la pandémie. Avec l’ÉMIP, je peux mieux cerner la problématique et écouter les besoins. La vie de ces gens-là est comme une montagne russe. »
Loups solitaires
La grande majorité des sans-abris restent près du Vieux-Saint-Jean pour avoir accès au centre de jour et à la halte de nuit. Il existe quelques loups solitaires, comme ce mécanicien qui a élu domicile dans l’entrepôt qu’il louait pour garder ses outils. Le propriétaire du hangar lui a demandé de quitter les lieux le 1er juillet. Il lui a fallu un sursis de trois jours pour déménager ses pénates. Quand l’ÉMIP est arrivée sur les lieux, derrière un immeuble de la rue de Salaberry, le garage était vide. Des meubles abandonnés et un vélo auquel était attaché un matelas et un oreiller traînaient dehors.
D’autres itinérants préfèrent s’installer derrière des restaurants, comme sur le boulevard du Séminaire. Sans domicile fixe depuis quelques mois, l’homme qui dort derrière le conteneur à déchets d’un petit centre commercial ne s’imaginait pas que des services étaient à sa portée dans sa ville natale. Il échangé quelques mots avec les patrouilleurs, puis a rangé la carte de visite de la travailleuse sociale dans sa poche. Qui sait s’il ne l’appellera pas? Quoiqu’il arrive, l’équipe se fera un devoir de revenir lui rendre visite dans les prochains jours. Avant de partir, elle lui rappelle gentiment qu’il s’expose à des amendes salées s’il se fait prendre en flagrant délit de quémander.