À la bonne heure
Dans la nuit du 13 au 14 mars, nous sommes passés à l’heure avancée. Alors que plusieurs se questionnent sur la pertinence de cette mesure, faisons l’historique du changement d’heure.
Au début du 19e siècle, chaque ville possédait son heure solaire, déterminée selon un cadran solaire. Cela commence à représenter un problème avec l’apparition des chemins de fer, car il est difficile de prévoir l’horaire des trains. C’est le Canadien d’origine écossaise Sanford Fleming, travaillant à la construction du chemin de fer transcontinental pour le Canadien Pacifique, qui soulève cette problématique et y apporte une piste de solution.
Il suggère de séparer la planète en fuseaux horaires. Ainsi, chaque gare a son heure standard, heure à laquelle les villes environnantes se conforment rapidement.
Gare du Canadien Pacifique, située sur la rue Foch, 1978
Archives du journal Le Canada Français (photographe inconnu)
Changer l’heure
Le premier à suggérer ce procédé est Benjamin Franklin, en 1784. Cependant, ce n’est qu’au courant de la Première Guerre mondiale (1914‑1918), dans le but d’économiser de l’énergie, que les pays d’Europe adoptent l’heure avancée. L’Allemagne en est la grande pionnière, suivie par le Royaume-Uni puis par la France. Les États-Unis et le Canada emboîtent le pas en 1918. Une mesure semblable est instaurée durant la Deuxième Guerre mondiale et permet ainsi aux ouvriers de profiter plus longtemps de la clarté dans les usines.
Lacolle
La municipalité de Lacolle vit alors une situation étrange. Celle-ci adopte l’heure avancée le 2 avril 1946. Elle est suivie, en 1949, par le village de Saint-Bernard, tout juste son voisin. C’est ainsi dire que, pendant trois ans, durant la saison estivale, il y avait un décalage d’une heure entre les deux municipalités.
Pour éviter ce type de situations, l’heure est réglementée par le gouvernement québécois depuis 1951. Quelques provinces ont décidé de ne pas changer d’heure durant l’année, comme la Saskatchewan et une partie de la Colombie-Britannique. Depuis 2020, le territoire du Yukon reste aussi en permanence à l’heure avancée.
Le changement d’heure est une mesure plutôt marginale quand on voit qu’environ 70 pays la pratique, représentant seulement 20 % de la population mondiale. Il s’agit d’une mesure qui avait son utilité pour l’effort de guerre mais qui, aujourd’hui, divise la population à cause des conséquences sur la santé mentale qu’elle semble provoquer. Est-ce que le jeu en vaut encore la chandelle ?