LES DOUZE COUPS DE MINUIT
La chronique historique de ce mois-ci est inspirée de la restauration de l’église Saint-James, qui rencontre quelques obstacles. Traçons d’abord l’histoire de ce magnifique bâtiment.
L’église Saint-James, située au 148, rue Jacques-Cartier Nord, est construite à l’emplacement d’une caserne militaire rattachée au fort Saint-Jean en 1816. Quelques travaux sont réalisés dans les années suivant son ouverture dont l’ajout de galeries et la rénovation du toit et du clocher après qu’ils aient été frappés par la foudre.
Les années 1850 marquent une phase d’agrandissement pour l’église. C’est à ce moment que le portique à colonnes est ajouté. Durant la décennie 1910, l’église Saint-James reçoit un orgue Casavant de la part d’Henderson Black, maire entre 1917 et 1919. C’est durant cette même période que le chœur polygonal est ajouté au bâtiment.
Photographe inconnu, archives du journal Le Canada Français
L’usage religieux de l’église Saint-James diminue à partir de la seconde moitié du 20e siècle. Depuis 1956, une chapelle est construite au collège militaire royal de Saint-Jean, ce qui fait que l’église Saint-James ne dessert plus la garnison. Quelques services religieux ont encore lieu dans l’église, jusqu’à sa vente à des intérêts privés en 2012.
C’est en juin 2019 que le Groupe Guy Samson en fait l’acquisition. L’état des lieux est déplorable. Il décide alors de restaurer l’endroit pour y installer ses bureaux administratifs. Les vitraux datant de 1865 sont restaurés et réinstallés. L’objectif du Groupe Guy Samson, qui a mené le projet des Cours Singer, est de conserver le cachet historique du lieu. Le clocher a d’ailleurs été retiré en 2019 pour une restauration en profondeur. Guy Samson promettait, lors d’une entrevue accordée au journal Le Canada Français en août 2019, que le clocher serait de retour au sommet du bâtiment d’ici l’hiver.
Il a été annoncé récemment que, à la suite de la non-obtention d’une subvention, le portique et le clocher ne seront peut-être jamais remis en place. La possibilité de vendre ou de démolir le clocher a même été évoquée.
Il s’agit, rappelons-le, de la plus vieille église anglicane du Québec, et de la plus vieille faite de briques au Canada. Elle porte la trace du passage de grands personnages dans l’histoire de cette ville. Peut-on vraiment utiliser le patrimoine comme argument de négociation? Le patrimoine bâti, d’ici et d’ailleurs, témoigne de toute la richesse de l’histoire d’un peuple. Il est dommage qu’il se retrouve si souvent menacé et trop rarement protégé par les décideurs et gens d’affaires.