UNESCO: dévoilement du dépôt de la candidature d’Anticosti

MONTRÉAL — Plusieurs élus ont participé virtuellement au dévoilement du dépôt de la candidature d’Anticosti au Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, vendredi, une semaine après qu’Ottawa a transmis officiellement la demande de l’île.

La mairesse de la Municipalité de L’Île-d’Anticosti, Hélène Boulanger, a affirmé qu’il s’agissait «d’une étape charnière franchie grâce à des années de travail et un effort de concertation sans précédent».

La mairesse fait valoir que «le site d’Anticosti offrira un regard exceptionnel sur une période cruciale, la première extinction massive du vivant, à la fin de la période géologique de l’Ordovicien, il y a environ 445 millions d’années».

Le critère de sélection de sites du patrimoine mondial qui soutient le mieux la candidature de l’île d’Anticosti est la présence de fossiles, précise-t-on sur le site internet de Parcs Canada.

André Desrochers, directeur scientifique du comité de pilotage pour la candidature d’Anticosti, a indiqué que l’île «est vraiment le meilleur laboratoire naturel sur la planète pour étudier les fossiles et les couches sédimentaires de la première extinction de masse sur Terre».

À l’abri de l’exploitation d’hydrocarbure

Présent à la conférence de presse virtuelle, le ministre de l’Environnement du Canada Steven Guilbeault a salué la décision de l’ancien premier ministre Philippe Couillard «qui a eu l’intelligence de mettre fin aux projets d’exploitation d’hydrocarbure sur l’île, un pas décisif pour la mise en candidature d’Anticosti au patrimoine mondial de l’UNESCO».

Rappelons qu’au cours de la dernière décennie, cette immense île au beau milieu du Saint-Laurent, reconnue comme un paradis de la chasse, a fait l’objet de convoitise et de controverse. Des entreprises pétrolières et gazières ont voulu exploiter ses ressources en hydrocarbures, avec la bénédiction du gouvernement Marois de l’époque.

Le gouvernement Couillard a ensuite imposé un moratoire en 2017 sur l’exploration en vue de trouver des hydrocarbures et de les exploiter. L’État québécois a dû par la suite indemniser les entreprises pour environ 62 millions de dollars au total.

Au cours de la conférence de presse virtuelle, plusieurs intervenants ont tenu à souligner l’importance du travail de l’ancien maire d’Anticosti John Pinault, qui a joué un rôle de premier plan dans la préparation de la candidature de l’île.

Pour John Pinault, soumettre la candidature d’Anticosti à l’UNESCO était non seulement une façon de valoriser le patrimoine de l’île, mais aussi d’interdire l’activité industrielle comme l’exploration gazière.

Préserver les richesses de l’île pour les générations futures

Le premier ministre François Legault s’est dit «très fier d’appuyer la candidature d’Anticosti», dans une vidéo diffusée lors de la conférence de presse.

«On a le devoir de préserver les richesses de l’île pour les générations futures», a ajouté le premier ministre.

«La valeur de l’île est indéniable pour les Québécois», a souligné pour sa part le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette. 

Des représentants de communautés des Premières Nations étaient également présents, dont Jean-Charles Piétacho, qui est à la tête de la communauté innue d’Ekuanitshit, en Minganie.

«Dans la façon dont ce dossier a été traité, ce que nous avons beaucoup apprécié, c’est d’avoir été consultés en amont, du début jusqu’à la fin», a indiqué le chef Piétacho.

Une décision attendue en 2023

Au cours des 18 prochains mois, la candidature sera évaluée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La décision du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO est attendue en 2023.

Actuellement, seulement deux sites québécois figurent sur la liste de l’UNESCO: le parc national de Miguasha, en Gaspésie, ainsi que l’arrondissement historique du Vieux-Québec.