Ottawa: l’une des organisatrices du convoi, Tamara Lich, demeurera détenue

OTTAWA — Tamara Lich, l’une des principales organisatrices de la manifestation contre les restrictions liées à la COVID-19 à Ottawa, s’est vu refuser une mise en liberté sous caution.

Une juge de la cour de l’Ontario a rendu la décision à Ottawa, mardi matin, affirmant qu’elle n’était pas convaincue que Tamara Lich ne récidiverait pas.

Patrick King, une autre personnalité importante liée aux manifestations, a également comparu mardi à Ottawa. Une femme qui a admis n’avoir rencontré M. King qu’il y a quatre semaines a offert de se porter responsable de sa bonne conduite en proposant à la juge de mettre la moitié de la valeur de sa résidence en Alberta en garantie.

La Couronne a plaidé pour le maintien en détention de M. King et la cour a pris sa décision en délibéré jusqu’à vendredi.

Dans le cas de Mme Lich, la juge Julie Bourgeois a affirmé que l’impact du convoi de camionneurs sur la ville d’Ottawa avait été immense et elle a dit sentir que l’accusée était obstinée et peu sincère dans ses réponses au cours de l’audience qui a eu lieu samedi.

«Votre détention est nécessaire pour la protection et la sécurité du public», a tranché la juge.

Tamara Lich avait été arrêtée jeudi dernier et accusée d’avoir conseillé de commettre un méfait. Au cours de son audience, samedi, elle avait promis de renoncer à être une porte-parole de la manifestation et de retourner en Alberta. 

En plus de demeurer détenue, Mme Lich s’est fait ordonner par la juge Bourgeois de ne pas communiquer avec Pat King ou tout autre membre organisateurs du convoi, dont Benjamin Dichter, Christopher Barber et Daniel Bulford.

Pendant que les audiences se déroulaient, l’opération nettoyage se poursuivait à l’extérieur dans le centre-ville d’Ottawa à la suite des trois semaines de blocage des rues par des manifestants et d’imposants camions, ce que plusieurs ont qualifié d’«occupation».

Le Service de police d’Ottawa a réduit la zone sécurisée de plusieurs pâtés de maisons supplémentaires, mardi, en se concentrant majoritairement sur le secteur connu sous la désignation d’enceinte parlementaire, ce qui inclut la colline du Parlement.

Des clôtures demeuraient érigées autour de l’enceinte et la présence policière est toujours bien visible dans le secteur, mais beaucoup moins de restrictions de circulation étaient appliquées au centre-ville.

La Loi sur les mesures d’urgence était toujours en vigueur à la suite du vote favorable tenu par la Chambre des communes lundi soir. Le Sénat a commencé à son tour à étudier le détail des dispositions de la loi, mardi matin.

Mais depuis la fin du blocage, un responsable du ministère fédéral des Finances a fait savoir que les comptes bancaires gelés par le gouvernement sont maintenant dégelés.

La sous-ministre adjointe Isabelle Jacques a indiqué que la Gendarmerie royale du Canada avait transmis aux banques une liste de comptes bancaires pouvant être libérés de toute contrainte. La grande majorité des comptes gelés seraient en voie d’être libérés.

Au total, ce sont 206 comptes bancaires qui ont été gelés, représentant une somme de 7,8 millions de dollars.

Comparution de King

Pat King, 44 ans, a été arrêté vendredi et fait face à des accusations de méfait, d’avoir conseillé à autrui de commettre un méfait, d’avoir désobéi à un ordre de la cour et d’avoir conseillé d’entraver le travail de la police.

Il s’est présenté en personne devant la juge pour son enquête sur remise en liberté. Il a dû être rappelé à l’ordre de porter son masque durant les procédures en raison de la pandémie de COVID-19.

Connu pour promouvoir des conspirations racistes sur Internet, Pat King est demeuré assis dans le box des accusés portant un chandail gris à capuchon avec l’inscription «Odin».

À un certain moment, son avocat lui a sèchement intimé de se taire en disant que ce n’était pas le moment de débattre de la preuve. Une résidente de l’Alberta, Kerry Komix, s’est offerte pour se porter responsable de la conduite de M. King, qui vient de Red Deer. Elle propose d’accueillir M. King chez elle, dans une chambre séparée et que ce dernier porte un bracelet électronique.

Mme Komix a promis de s’assurer que M. King respecte toutes ses conditions et se présente à ses futures comparutions devant le tribunal. Elle a proposé d’offrir en garantie 50 000 $.

«Dès qu’il sera libéré, il sera sous ma garde 24 heures par jour», a-t-elle dit en se décrivant comme quelqu’un ayant le sommeil léger et possédant un chien très alerte.

En contre-interrogatoire, Mme Komix a admis qu’elle ne connaissait M. King que depuis quatre semaines, ayant voyagé seule jusqu’à Ottawa pour participer au convoi de camionneurs.

Cette déclaration a entraîné une nouvelle série de questions du procureur de la Couronne Moiz Karimjee afin de déterminer si Mme Komix connaissait réellement bien M. King ainsi que pour en savoir plus sur ses propres convictions.

La Couronne a fait entendre des vidéos où Pat King fait des déclarations racistes et d’autres où il semble satisfait d’apprendre qu’une injonction de la cour a été accordée pour faire taire les klaxons des camionneurs.

Mme Komix a répondu que l’homme qu’elle connaissait aimait les gens de toutes origines.

Me Karimjee a dépeint Pat King comme un égocentrique et a soutenu qu’il y avait de fortes probabilités qu’il commette des infractions s’il est libéré sous caution.

«Il était en guerre contre la Ville d’Ottawa», a affirmé Me Karimjee en ajoutant qu’il pourrait faire face à une longue peine d’emprisonnement.

«Cette personne n’est pas contrôlable par des ordres de la cour», a-t-il renchéri.

En défense, l’avocat de M. King, Cal Rosemond, a rejeté la menace d’une longue peine d’emprisonnement, plaidant que la Couronne n’avait partagé aucune preuve que son client avait participé à bloquer des routes ou à klaxonner.

Selon Me Rosemond, Mme Komix représenterait «une très solide caution».

Pendant une pause, M. King s’est fait signifier par un avocat de la firme d’Ottawa responsable d’une action collective contre les manifestants qu’il faisait face à une poursuite civile lancée par les résidents du centre-ville.

La police d’Ottawa a déclaré lundi dans un communiqué que les agents avaient procédé à 196 arrestations, dont 110 personnes qui font face à diverses accusations.

La police d’Ottawa a également déclaré que 115 véhicules liés à la manifestation avaient été remorqués.