Affaire Griner: Le Kremlin affirme être prêt à un éventuel échange

MOSCOU — Le Kremlin a révélé qu’il était prêt à parler d’un éventuel échange de prisonniers impliquant la basketteuse vedette américaine Brittney Griner, mais a fermement mis en garde Washington d’en divulguer les détails publiquement.

Griner, double championne olympique américaine et membre du Mercury de Phoenix de la WNBA, est détenue en Russie depuis le 17 février, jour où la police de l’aéroport de Moscou dit avoir trouvé des cartouches de vapotage contenant de l’huile de cannabis dans ses bagages.

Un juge a reconnu, jeudi, l’athlète de 31 ans coupable de possession et de trafic de drogue et l’a condamnée à neuf ans de prison. Ce dossier sensible survient au milieu de fortes tensions entre Moscou et Washington au sujet de l’action militaire de la Russie en Ukraine.

Dans un geste extraordinaire, le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est entretenu la semaine dernière avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, l’exhortant à accepter un accord en vertu duquel Griner et Paul Whelan, un Américain emprisonné en Russie pour espionnage, seraient libérés.

Lavrov et Blinken étaient tous deux au Cambodge, vendredi, pour une réunion de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. Blinken n’a même pas jeté un coup d’œil à son homologue russe alors qu’ils prenaient place au sommet de l’Asie de l’Est.

Lavrov a déclaré aux journalistes que Blinken n’avait pas essayé de le contacter pendant qu’ils assistaient à la réunion de l’ASEAN.

Lavrov a ajouté que Moscou était «prêt à discuter» d’un échange de prisonniers, mais que le sujet ne devrait être discuté que via un forum russo-américain dédié que le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine ont convenu de créer lors de leur rencontre à Genève en juin 2021.

«Si les Américains essaient à nouveau de s’engager dans la diplomatie publique et font des déclarations tapageuses sur leur intention de prendre certaines mesures, c’est leur affaire, je dirais même leur problème, a dit Lavrov. Les Américains ont souvent du mal à respecter les accords sur le travail calme et professionnel.»

À Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait la même remarque plus durement, affirmant que «les États-Unis ont déjà commis des erreurs en essayant de résoudre de tels problèmes par la ‘diplomatie du microphone’. Ils n’ont rien résolu de cette façon.»

Des personnes familières avec la proposition américaine ont révélé que Moscou envisageait d’échanger Griner et Whelan contre un trafiquant d’armes russe notoire, Viktor Bout. Il purge une peine de 25 ans aux États-Unis après avoir été reconnu coupable de complot en vue de tuer des citoyens américains et d’avoir aidé une organisation terroriste.