Des scientifiques analysent les données de l’astromobile lunaire indien

NEW DELHI — L’astromobile lunaire indienne a terminé sa marche sur la surface lunaire et a été mise en veille, moins de deux semaines après son atterrissage historique près du pôle Sud de la Lune, a annoncé la mission spatiale indienne.

«L’astromobile termine ses missions. Il est maintenant garé en toute sécurité et mis en mode veille», avec la fin de la lumière du jour sur cette partie de la lune, a déclaré l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO) dans un communiqué, samedi soir.

Les charges utiles de l’astromobile sont éteintes, et les données qu’il a collectées ont été transmises à la Terre au moyen de l’atterrisseur, indique le même document.

L’atterrisseur et l’astromobile Chandrayaan-3 ne devaient fonctionner que pendant un seul jour lunaire, ce qui équivaut à 14 jours sur Terre.

«Actuellement, la batterie est complètement chargée. Le panneau solaire est orienté pour recevoir la lumière au prochain lever de soleil prévu le 22 septembre 2023. Le récepteur reste allumé. En espérant un réveil réussi pour une autre série de missions», peut-on aussi lire dans le communiqué.

Il ne transmet toutefois aucun détail sur les résultats des recherches de l’astromobile sur les signes d’eau gelée sur la surface lunaire, qui pourraient aider les futures missions des astronautes comme source potentielle d’eau potable, ou pour fabriquer du carburant pour les fusées.

La semaine dernière, l’agence spatiale a déclaré que l’astromobile lunaire avait confirmé la présence de soufre et détecté plusieurs autres éléments.  L’instrument de spectroscopie induite par laser du véhicule a également détecté de l’aluminium, du fer, du calcium, du chrome, du titane, du manganèse, de l’oxygène et du silicium à la surface, avait-elle précisé. 

Le journal The Indian Express a dévoilé que les équipements électroniques à bord de la mission lunaire indienne n’étaient pas conçus pour résister à des températures très basses, inférieures à -120 degrés Celsius, pendant la nuit sur la Lune. La nuit lunaire s’étend également sur 14 jours sur Terre.

Pallava Bagla, écrivain scientifique et co-auteur de livres sur l’exploration spatiale indienne, a déclaré que la batterie de l’astromobile était limitée.

Les données sont de retour sur Terre et seront analysées dans un premier temps par des scientifiques indiens, puis par la communauté internationale, a-t-il expliqué.

Au lever du soleil sur la lune, l’astromobile peut se réveiller, ou non, parce que l’équipement électronique meurt à des températures aussi froides, a précisé M. Bagla.

« Fabriquer des circuits et des composants électroniques capables de survivre aux températures extrêmement froides de la lune, cette technologie n’existe pas en Inde », a-t-il déclaré.

Après une tentative ratée d’alunir en 2019, l’Inde a rejoint la semaine dernière les États-Unis, la Russie et la Chine pour devenir le quatrième pays à franchir cette étape.

La mission réussie met en valeur la position croissante de l’Inde en tant que puissance technologique et spatiale. Elle concorde aussi avec le désir du premier ministre indien, Narendra Modi, de projeter l’image d’un pays ascendant, affirmant sa place parmi l’élite mondiale.

La mission a débuté il y a plus d’un mois, pour un coût estimé à 75 millions $.

Le succès de l’Inde est survenu quelques jours seulement après que le Luna-25 russe, qui visait la même région lunaire, se soit mis en orbite de manière incontrôlée et s’est écrasé. Il s’agissait du premier alunissage russe réussi après 47 ans.

Le chef de la société spatiale russe Roscosmos a attribué cet échec au manque d’expertise dû à la longue interruption des recherches lunaires qui a suivi la dernière mission soviétique sur la Lune en 1976.

Active depuis les années 1960, l’Inde a lancé des satellites pour elle-même et pour d’autres pays, et en a mis un en orbite autour de Mars en 2014. L’Inde prévoit sa première mission vers la Station spatiale internationale l’année prochaine, en collaboration avec les États-Unis.