Israël ordonne un siège de la bande de Gaza après lui avoir déclaré la guerre

JÉRUSALEM — L’armée israélienne a ordonné lundi un siège complet de la bande de Gaza, interrompant les livraisons de nourriture, d’eau et de carburant à ses 2,3 millions d’habitants, alors qu’elle pilonnait le territoire dirigé par le Hamas avec des frappes aériennes.

Plus de deux jours après que le Hamas a lancé son attaque-surprise, l’armée israélienne a annoncé qu’elle avait largement pris le contrôle des villes du sud où elle combattait les soldats armés du Hamas.

Des chars et des drones israéliens ont été déployés à la frontière de Gaza afin d’empêcher de nouvelles incursions. Des milliers d’Israéliens ont été évacués de plus d’une dizaine de villes proches de Gaza et l’armée a convoqué 300 000 réservistes – une mobilisation massive.

Ces mesures, ainsi que la déclaration officielle de guerre d’Israël dimanche, ont montré qu’Israël se tourne de plus en plus vers l’offensive contre le Hamas, menaçant de plus grandes destructions dans la bande de Gaza, densément peuplée et pauvre.

Les deux camps ont déjà souffert d’un terrible bilan chez les civils: environ 700 personnes, dont 73 soldats, ont été tuées en Israël, et 493 personnes ont été tuées à Gaza.

Israël affirme que des centaines de combattants du Hamas ont été tués. Des milliers de personnes ont été blessées dans les deux camps. Le Hamas et d’autres militants à Gaza affirment détenir plus de 130 soldats et civils enlevés en Israël.

En réponse aux bombardements israéliens, le porte-parole de la branche armée du Hamas, Abu Obeida, a déclaré dans un message audio diffusé lundi que le groupe tuerait un civil israélien captif chaque fois qu’Israël ciblerait des civils dans leurs maisons à Gaza «sans avertissement préalable».

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a mis en garde le Hamas contre toute atteinte aux otages, soutenant: «Tout crime de guerre ne sera pas pardonné.»

Un assaut au sol?

Une question majeure reste de savoir si Israël lancera une attaque terrestre sur le minuscule territoire côtier de la Méditerranée, une décision qui, dans le passé, a entraîné des pertes encore plus importantes.

Israël et le Hamas ont connu des conflits répétés ces dernières années, souvent déclenchés par des tensions autour d’un lieu saint de Jérusalem. Cette fois, le contexte est devenu potentiellement plus explosif.

Israël a été stupéfait par l’attaque-surprise déclenchée samedi par le Hamas. Cela suscite des appels à vaincre le groupe militaire, quel qu’en soit le prix, plutôt que de continuer à tenter de l’étouffer à Gaza.

Le Hamas, à son tour, se dit prêt à mener une longue bataille pour mettre fin à une occupation israélienne qui, selon lui, n’est plus tolérable. Le désespoir s’est accru parmi les Palestiniens, dont beaucoup ne voient rien à perdre sous le contrôle israélien.

«Je vous demande de rester confinés, car nous allons changer le Moyen-Orient», a affirmé lundi le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, aux autorités du sud.

L’UE réexamine son soutien financier

Plus tôt lundi, l’Union européenne a annoncé qu’elle suspendait «immédiatement tous ses paiements» aux Palestiniens en raison de «l’ampleur de la terreur et de la brutalité» des attaques du Hamas contre Israël. Cette décision a cependant été annulée en soirée, l’UE déclarant qu’elle réexaminerait de toute urgence cette aide à la suite des attaques du Hamas contre Israël.

«Il n’y aura pas de suspension des paiements» pour le moment, a déclaré lundi soir un communiqué laconique de la Commission européenne, cinq heures après que le commissaire européen Oliver Varhelyi eut déclaré que tous les paiements du programme de développement en faveur des Palestiniens seraient «immédiatement suspendus». 

Aucune explication immédiate pour ce revirement n’a été donnée.

Une déclaration complète de la Commission européenne l’emporte toujours sur une déclaration d’un commissaire européen, mais le renversement a couronné une journée embarrassante pour l’exécutif européen à une époque de sensibilités géopolitiques extrêmes.

L’UE affirme être le plus grand donateur au peuple palestinien et défend depuis des années l’approche à deux États qui guide la diplomatie internationale depuis les accords de paix d’Oslo de 1993 entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine.

Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UE doivent se réunir mardi à Mascate, la capitale portuaire du Sultanat d’Oman, pour discuter de la situation et déterminer des mesures à prendre.

«Les fondements de la paix, de la tolérance et de la coexistence doivent désormais être abordés. L’incitation à la haine, à la violence et à la glorification de la terreur a empoisonné l’esprit d’un trop grand nombre de personnes», a écrit le commissaire Varhelyi sur X, anciennement Twitter.

L’UE fournit une aide humanitaire pour répondre aux besoins fondamentaux des Palestiniens depuis 2000 par l’intermédiaire du département d’aide humanitaire de la Commission européenne et du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires.

Depuis 2000, le département d’aide humanitaire de la Commission européenne a fourni 700 millions d’euros (environ un milliard de dollars canadiens) en aide humanitaire aux Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie.

L’Allemagne, le membre le plus peuplé de l’UE, et son voisin autrichien, l’Autriche, ont également annoncé qu’ils suspendaient leur aide au développement des zones palestiniennes.