Le «comité du 6 janvier» se penche sur le rôle du vice-président Mike Pence

WASHINGTON — De proches conseillers de Donald Trump ont considéré ses derniers efforts pour faire pression sur le vice-président Mike Pence afin qu’il rejette le décompte des électeurs de l’État et annule les élections de 2020 comme des gestes «insensés», «fous», et même probablement propices à inciter des émeutes, ont révélé des témoins jeudi au «comité du 6 janvier».

De nouvelles preuves saisissantes ont également détaillé comment la foule qui a pris d’assaut le Capitole ce jour-là s’est approché à moins de 14 mètres de l’endroit où M. Pence et son équipe s’abritaient — soulignant le danger dans lequel le président l’avait plongé.

Avec des témoignages en direct, y compris de l’avocat de M. Pence, et d’autres preuves de l’enquête d’un an, le comité dissèque le plan, qui semble être illégal et inconstitutionnel, de l’avocat conservateur John Eastman pour infirmer la victoire électorale de Joe Biden. La pression exercée par M. Trump sur son vice-président Pence, y compris lors des manifestations du 6 janvier, a conduit directement à l’insurrection au Capitole, soutient le comité.

«Êtes-vous malade?, déclare Eric Herschmann, un avocat conseillant M. Trump, à son collègue Eastman, dans un témoignage enregistré présenté à l’audience. Vous allez provoquer des émeutes dans les rues.»

Un texto de Sean Hannity, de Fox News, au chef de cabinet de M. Trump, Mark Meadows, à propos du plan à l’approche du 6 janvier disait: «Je suis très inquiet pour les prochaines 48 heures». 

Le comité a amorcé sa troisième audience ce mois-ci, démontrant que les fausses allégations de M. Trump concernant une «élection volée» l’avaient poussé à trouver d’autres voies, lorsque les tribunaux ont annulé des dizaines de poursuites contestant le vote.

Le président s’est ainsi accroché au plan très inhabituel de son conseiller Eastman pour défier le précédent historique de la loi sur le décompte électoral, et il a commencé à faire pression sur Mike Pence, en public et en privé, alors que le vice-président devait présider la session conjointe du Congrès du 6 janvier pour certifier l’élection de Joe Biden.

Le comité estime que ce plan était illégal et un juge fédéral a déclaré qu’il était «plus probable qu’improbable» que M. Trump ait commis des crimes dans sa tentative d’arrêter la certification de l’élection présidentielle.

Le président du comité, Bennie Thompson, a ouvert la dernière audience en citant les propres mots de M. Pence selon lesquels il n’y avait «presque aucune idée plus antiaméricaine» que celle qu’on lui demandait d’exécuter: rejeter le vote. «Notre démocratie a frôlé dangereusement la catastrophe», a déclaré M. Thompson. 

En refusant les demandes de son président, M. Pence «a fait son devoir», a déclaré la vice-présidente du comité, la représentante républicaine Liz Cheney.

Le comité a aussi entendu Greg Jacob, l’avocat du vice-président, qui a repoussé les idées de l’avocat Eastman pour que M. Pence mette en œuvre le plan. Il a déclaré qu’il était devenu clair pour M. Pence, dès décembre 2020, que les pères fondateurs n’avaient pas eu l’intention de confier à une seule personne, y compris à une personne candidate aux élections, le pouvoir d’affecter le résultat des élections. M. Pence «n’a jamais bougé» de cette position initiale, a déclaré M. Jacob.

Le comité a aussi entendu le juge fédéral à la retraite Michael Luttig, qui a qualifié le plan d’Eastman, son ancien juriste, d’«incorrect dans tous ses rapports». M. Luttig, un universitaire conservateur très respecté, a estimé que si M. Pence avait obéi aux ordres de M. Trump, manifestement contraires à la loi, la certification «de Donald Trump en tant que prochain président aurait plongé l’Amérique dans ce qui, à mon avis, aurait été l’équivalent d’une révolution au sein d’une crise constitutionnelle».

La session de jeudi a également présenté de nouvelles preuves sur le danger auquel M. Pence était confronté alors que des émeutiers à l’extérieur du Capitole scandaient «La pendaison pour Mike Pence», avec une potence de fortune, et que le vice-président s’enfuyait avec des sénateurs en lieu sûr.  

Dans un autre développement, jeudi, M. Thompson a déclaré que le comité demanderait à Virginia «Ginni» Thomas, l’épouse du juge de la Cour suprême Clarence Thomas, un témoignage au milieu des divulgations des communications de l’activiste conservatrice avec des personnes dans l’entourage de M. Trump avant l’assaut. Il n’a pas précisé de calendrier pour ce témoignage.