Le président polonais appelle l’OTAN à augmenter les dépenses de défense à 3 % du PIB

VARSOVIE, Pologne — Le président polonais a appelé lundi les autres membres de l’alliance de l’OTAN à augmenter leurs dépenses de défense à 3 % de leur produit intérieur brut alors que la Russie met son économie sur le pied de guerre et poursuit son invasion de l’Ukraine. 

Le président Andrzej Duda a lancé cet appel dans des remarques adressées au pays et à l’étranger. Son appel intervient à la veille d’une visite à la Maison-Blanche, où le président américain Joe Biden recevra mardi M. Duda et le premier ministre polonais Donald Tusk.

«Face à la guerre en Ukraine et aux aspirations impériales croissantes de la Russie, les pays membres de l’OTAN doivent agir avec audace et sans compromis», a affirmé M. Duda lundi soir, dans un discours à sa nation.

Cette intervention survient alors que la Pologne célèbre le 25e anniversaire de son adhésion à l’OTAN, aux côtés de la République tchèque et de la Hongrie, le 12 mars 1999.

«La Pologne est fière d’en faire partie depuis 25 ans, a-t-il soutenu. Il n’y a pas eu et il n’y a pas de meilleur garant de la sécurité que l’OTAN.»

«La guerre en Ukraine a clairement montré que les États-Unis sont et doivent rester le leader en matière de sécurité en Europe et dans le monde», a déclaré M. Duda dans son discours à son pays. 

«Toutefois, les autres pays de l’OTAN doivent également assumer une plus grande responsabilité à l’égard de la sécurité de l’ensemble de l’alliance et moderniser et renforcer intensivement leurs troupes.»

Les remarques de M. Duda surviennent le jour même où le drapeau suédois était hissé au siège de l’OTAN à Bruxelles pour consolider sa place de 32e membre de l’alliance transatlantique. La Finlande a rejoint l’OTAN l’année dernière.

«Aujourd’hui, l’OTAN envoie un signal clair et fort en accueillant la Finlande et la Suède dans ses rangs, a-t-il reconnu. C’est un événement historique. Des pays qui ont jusqu’à présent maintenu un statut neutre pendant des années rejoignent l’alliance. L’OTAN est donc considérablement renforcée. Toutefois, d’autres décisions audacieuses sont nécessaires.»

Augmentation des dépenses

Les membres de l’OTAN ont convenu en 2014 d’augmenter leurs dépenses de défense à 2 % du PIB après l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014, mais la plupart des membres, y compris l’Allemagne, ne parviennent toujours pas à atteindre cet objectif.

Cependant, la Pologne consacre désormais 4 % de son PIB à la défense, ce qui en fait le pays qui dépense le plus en matière de pourcentage pour moderniser son armée, tandis que les États-Unis dépassent largement les 3 %.

«Les ambitions impérialistes et le révisionnisme agressif de la Russie poussent Moscou vers une confrontation directe avec l’OTAN, avec l’Occident et, en fin de compte, avec l’ensemble du monde libre», a déclaré M. Duda dans un article d’opinion publié dans le Washington Post.

M. Duda a déclaré que cela place les États-Unis et la Pologne en mesure de «montrer l’exemple et de servir d’inspiration aux autres».

«La Fédération de Russie a mis son économie en mode guerre. Le pays consacre près de 30 % de son budget annuel à l’armement, a argué M. Duda dans l’éditorial du journal. Ce chiffre et d’autres données provenant de Russie sont alarmants. Le régime de Vladimir Poutine constitue la plus grande menace à la paix mondiale depuis la fin de la guerre froide.»

L’administration Biden a suggéré que l’appel de M. Duda à relever l’objectif de dépenses de défense des pays de l’OTAN pourrait être, du moins pour le moment, trop ambitieux.

«Je pense que la première étape consiste à amener chaque pays à atteindre le seuil de 2%, et nous avons constaté une amélioration dans ce domaine, a affirmé le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller. Mais je pense que c’est la première étape avant de commencer à parler d’une proposition supplémentaire.»

M. Duda se rendra à Bruxelles pour une réunion avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, après sa visite aux États-Unis.

Aamer Madhani a contribué à ce reportage depuis Washington.