Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Ukraine et la menace russe

Le Conseil de sécurité de l’ONU a convoqué une réunion d’urgence sur l’Ukraine mercredi soir, quelques heures après que des diplomates de dizaines de pays ont pris la parole à l’Assemblée générale pour déplorer les actions de la Russie alors que les craintes d’une guerre s’accentuent.

Invoquant la « menace imminente d’une offensive russe », l’Ukraine a demandé la tenue de cette session après la déclaration de la Russie voulant que des « rebelles » dans l’est de l’Ukraine aient demandé de l’aide militaire à Moscou.

La Russie assure la présidence tournante ce mois-ci du Conseil de sécurité de l’ONU et la réunion extraordinaire survient deux jours après une autre session d’urgence où il n’y a eu aucun appui à la décision de la Russie de reconnaître deux régions de l’Ukraine comme indépendantes et d’y envoyer des troupes russes pour le « maintien de la paix », selon le gouvernement de Vladimir Poutine.

Les diplomates du Conseil de sécurité sont en train de finaliser un projet de résolution qui déclarerait que la Russie viole la Charte des Nations Unies, le droit international et une résolution du Conseil de 2015 sur l’Ukraine, a indiqué un diplomate, qui a parlé sous le couvert de l’anonymat parce que les discussions étaient privées. La résolution exhorterait la Russie à se conformer immédiatement, selon ce diplomate.

Lors de l’Assemblée générale tenue quelques heures plus tôt mercredi, la Russie et son allié la Syrie ont défendu les mesures de Moscou. Toutefois, la Chine, qui prend habituellement le parti de la Russie à l’ONU, a défendu le principe de longue date de l’organisme mondial du respect de la souveraineté des pays et des frontières internationalement reconnues, sans mentionner la Russie par son nom.

Réunie un jour après que les puissances occidentales et d’autres pays ont imposé de nouvelles sanctions à la Russie, l’Assemblée générale de 193 membres n’a pris aucune mesure collective. Cependant, les commentaires de près de 70 pays ont semblé dégager un sentiment mondial plus unanime depuis que la crise a escaladé cette semaine.

La Turquie, le Japon et le Guatemala ont condamné l’adhésion de la Russie aux revendications d’indépendance des régions séparatistes ou ont exprimé leur soutien à l’Ukraine.

« L’Ukraine, vous n’êtes pas seuls », a déclaré l’ambassadeur bulgare Lachezara Stoeva.

L’ambassadrice des États-Unis, Linda Thomas-Greenfield, a exhorté les pays à « se tenir à l’écart ».

« Il n’y a pas de terrain d’entente ici. Appeler les deux parties à la désescalade ne fait que laisser passer la Russie. La Russie est l’agresseur ici », a-t-elle martelé.

Mme Thomas-Greenfield a averti que la confrontation pourrait entraîner une crise des réfugiés, estimant que cinq millions de personnes pourraient être déplacées. Elle a prévenu aussi d’une possible montée des prix des aliments dans les pays en développement où l’Ukraine fournit du blé.

Dans un message diffusé aux Russes, l’ambassadeur de Russie Vassily Nebenzia a dépeint son pays comme agissant au sort des personnes assiégées dans les zones en question. La Russie affirme que l’Ukraine se livre à la violence et à l’oppression, ce que nie l’Ukraine.

« Nous vous exhortons aujourd’hui à vous concentrer sur Kiev », a déclaré M. Nebenzia.

La Syrie a accusé l’Occident d’utiliser l’assemblée pour faire pression sur Moscou.

« La crise ukrainienne a été créée par les États occidentaux, dirigés par les États-Unis, pour diviser la population et saper la sécurité russe », a déclaré l’ambassadeur Bassam al-Sabbagh.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a imploré les pays de recourir à des sanctions économiques sévères, à des messages forts et à une « diplomatie active » pour faire reculer la Russie. Une réponse terne compromettrait non seulement l’Ukraine, mais aussi le concept de droit international et de sécurité mondiale, a-t-il averti.

« Nous devons utiliser cette dernière chance pour agir et arrêter la Russie là où elle est », a déclaré M. Kuleba.

La Russie s’est emparée de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 et les rebelles pro-russes combattent depuis les forces ukrainiennes dans les régions orientales de Donetsk et de Lougansk. Plus de 14 000 personnes ont été tuées dans le conflit.

Après des semaines de tensions croissantes alors que Moscou rassemblait plus de 150 000 soldats aux frontières de l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a reconnu lundi l’indépendance des deux régions et a ordonné aux forces russes d’y envoyer ce qu’il a appelé des « gardiens de la paix ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a contesté cela, affirmant que ce sont des troupes qui entrent dans un autre pays sans son consentement.

« Notre monde est en danger », a déclaré M. Guterres à l’assemblée.