Thaïlande: l’élection du gouverneur de Bangkok, un test de courants politiques

BANGKOK — Les électeurs de Bangkok, la capitale de la Thaïlande, se sont rendus aux urnes dimanche pour élire un nouveau gouverneur, lors d’une course dont les résultats seront probablement considérés comme un baromètre de l’humeur du public avant les prochaines élections générales.

Un nombre record de 31 candidats sont entrés dans la course, mais la bataille la plus surveillée est entre deux candidats qui se sont inscrits en tant qu’indépendants. Il s’agit de l’ancien ministre des Transports Chadchart Sittipunt, que les sondages d’opinion ont désigné comme le favori, et Asawin Kwanmuang, qui a servi comme le gouverneur désigné depuis 2016 jusqu’à sa démission en mars de cette année pour participer à la course électorale.

Les candidats ont fait campagne sur des problèmes locaux, notamment la congestion routière, la pollution et les inondations persistantes. Il y a 4,4 millions d’électeurs inscrits à Bangkok, la plus grande ville du pays. La dernière élection au poste de gouverneur remonte à 2013.

Ni le principal parti d’opposition au Parlement, Pheu Thai, ni le parti au pouvoir Palang Pracharath n’ont de candidats en lice.

Le premier ministre Prayuth est au pouvoir depuis huit ans. On s’attend à ce qu’il fasse bientôt face à une motion de censure au Parlement, et on dit depuis longtemps que ses rivaux cherchent à le destituer. Même s’il s’en sort, il doit y avoir des élections générales au début de l’année prochaine.

Prayuth Chan-ocha a pu gouverner par décret en tant que chef d’un gouvernement militaire, mais il a eu du mal à respecter les limites de la démocratie parlementaire. Il a été critiqué en particulier pour sa position sur le programme de vaccination contre le coronavirus et le plan de relance de la Thaïlande.

Le professeur de sciences politiques de l’Université Chulalongkorn de Bangkok, Thitinan Pongsudhirak, a noté qu’il s’agirait de la première élection importante depuis le coup d’État de 2014.

«Les gens ont soif d’avoir leur mot à dire, a-t-il déclaré dans un courriel envoyé à l’Associated Press. Le résultat, s’il va clairement à l’encontre du Palang Pracharat au pouvoir, sera lourd de conséquences pour le parlement, Prayuth et la défiance.»

Bangkok est administrativement une province ainsi qu’une ville, et la seule où les résidents peuvent choisir leur propre gouverneur, qui est nommé ailleurs par le ministère de l’Intérieur du pays.