Washington dépensera 6 milliards$US pour réduire les émissions polluantes des usines

WASHINGTON — L’administration du président américain Joe Biden a annoncé lundi un financement de 6 milliards $ US pour des projets visant à réduire les émissions du secteur industriel. Il s’agit de l’investissement le plus important jamais réalisé par les États-Unis pour décarboniser l’industrie nationale dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.

Le secteur industriel est responsable d’environ 25 % de toutes les émissions du pays et s’est révélé difficile à décarboniser en raison de ses activités à grande échelle et gourmandes en énergie.

Les entreprises des secteurs du fer, de l’acier, de l’aluminium, de l’alimentation et des boissons, du béton et du ciment sont quelques-unes de celles qui participent à cette initiative. Les bénéficiaires du financement, qui provient de la loi sur la réduction de l’inflation et de la loi bipartisane sur les infrastructures, comprennent 33 projets de démonstration dans plus de 20 États. 

La secrétaire d’État à l’énergie, Jennifer Granholm, a déclaré lors d’une conférence de presse que les technologies financées sont «reproductibles», «modulables» et qu’elles «constitueront un nouvel étalon-or pour la fabrication propre aux États-Unis et dans le monde entier». Ali Zaidi, conseiller de la Maison-Blanche pour les questions climatiques, a précisé que ce financement visait à éliminer 14 millions de tonnes de pollution chaque année, ce qui équivaut à retirer environ trois millions de voitures de la circulation. 

«Je pense que les États-Unis peuvent jouer un rôle de premier plan dans ce domaine», a estimé Mike Ireland, président-directeur général de la Portland Cement Association, une organisation à but non lucratif qui promeut le ciment et le béton. Selon lui, les technologies innovantes du ciment et du béton mises en œuvre aux États-Unis peuvent être adoptées par les pays en développement du Sud pour construire des autoroutes et des bâtiments de manière plus durable.

Il n’y a pas beaucoup d’usines américaines qui fabriquent de l’acier vierge, et encore moins d’usines qui fabriquent de l’aluminium vierge, de sorte que s’attaquer aux émissions ― ne serait-ce que dans quelques installations ― pourrait contribuer considérablement à la réduction de l’empreinte carbone du pays, a rappelé Todd Tucker de l’Institut Roosevelt, le partenaire à but non lucratif de la Bibliothèque et du Musée présidentiels Franklin D. Roosevelt.

Une fois que les méthodes de décarbonisation auront fait leurs preuves, la technologie pourra être exportée à l’échelle mondiale pour un bénéfice climatique plus dynamique, a ajouté M. Tucker, directeur de la politique industrielle et du commerce au sein du groupe de réflexion.

La décarbonisation des secteurs de l’électricité et des transports a été au centre des discussions sur le climat et il existe de généreuses subventions fédérales pour les solutions, principalement l’utilisation d’énergies renouvelables pour la production d’électricité et l’adoption de véhicules électriques, a indiqué M. Tucker.

Mais il est plus difficile de réduire les émissions dans les industries lourdes qui dépendent des combustibles fossiles pour créer la chaleur élevée et les réactions chimiques nécessaires à leurs activités.

«Le lancement de ces premiers projets sera très utile pour convaincre l’industrie que cette transition est possible et, surtout, pour convaincre Wall Street que cette transition est possible, a dit M. Tucker. La première chose à faire est de montrer que c’est viable dans le cadre d’un seul projet. Une fois que l’on y est parvenu, les secteurs privé et public peuvent élaborer des stratégies pour résoudre le reste du problème.»

La production d’aluminium neuf aux États-Unis a connu un déclin précipité au cours des dernières décennies, en particulier ces dernières années, en grande partie à cause des coûts de l’énergie, a expliqué Annie Sartor, directrice de l’aluminium à l’organisation de défense de l’industrie verte Industrious Labs. Le processus utilise une énorme quantité d’électricité qui représente environ 40 % du coût, a rappelé Mme Sartor. 

«Ces installations ont toujours été situées à proximité d’une énergie fossile bon marché. Aujourd’hui, le charbon du XXIe siècle, ou le charbon et le gaz, ne sont plus les moins chers, a-t-elle déclaré. Ces installations qui dépendent de l’énergie fossile pour fonctionner ne peuvent pas être compétitives sur le marché mondial de l’aluminium. Elles ferment donc leurs portes.»

Le passage à la production d’aluminium neuf à partir d’une énergie 100 % propre pourrait aider le climat, stabiliser l’industrie et créer des emplois, a conclu Mme Sartor.