Mort d’un homme de Moncton: le manque de places dans les refuges mis en cause

MONCTON, N.-B. — La directrice d’un site de prévention des surdoses de Moncton affirme que l’inaction de plusieurs décennies du Nouveau-Brunswick en matière d’itinérance est responsable de la mort d’un homme qui n’a pas pu accéder à un lit en refuge.

La directrice générale d’Ensemble Moncton, Debby Warren, a expliqué que son personnel avait réanimé un homme après une surdose sur le site lundi soir, puis passé des heures à essayer de lui trouver un endroit chaud où séjourner.

Cependant, tous les lits étaient pleins dans les deux refuges de la ville. Mme Warren soutient que la personne qui a répondu à la ligne d’urgence du ministère provincial du Développement social lui a dit que la province ne couvre plus les séjours d’urgence dans les chambres d’hôtel.

Après que l’homme d’une vingtaine d’années a été réanimé, il a refusé d’aller à l’hôpital et a quitté le centre après avoir dit au personnel d’Ensemble Moncton qu’il essaierait d’entrer dans l’un des refuges déjà pleins.

Selon Mme Warren, l’homme, dont l’identité n’a pas été rendue publique, a été retrouvé mort le lendemain matin dans des toilettes publiques à l’extérieur de l’hôtel de ville de Moncton, qui sont suffisamment chauffées pour empêcher les tuyaux de geler.

Avant que l’homme ne soit retrouvé mort cette semaine à Moncton, le personnel qui venait de l’aider dans un site de prévention des surdoses a envoyé un appel à l’aide à la province.

En effet, ce soir-là, Mme Warren a envoyé un courriel au ministre du Développement social, aux élus locaux et aux responsables de la ville au sujet du manque «criant» de logements d’urgence. Elle a affirmé qu’elle craignait que l’homme qui a survécu à une surdose ne souffre d’hypothermie en dormant dans le froid.

«Nous travaillons si dur pour empêcher les gens de mourir d’une surdose, seulement pour qu’ils soient renvoyés des services. Ils sont à risque d’hypothermie parce qu’ils dorment à l’extérieur», a écrit Mme Warren.

Dans une entrevue vendredi, la ministre du Développement social, Dorothy Shephard, a soutenu qu’elle n’était au courant d’aucun changement dans la politique relative aux abris d’urgence, ajoutant qu’elle assurera le suivi auprès de son ministère sur ce cas particulier.

La victime mal identifiée par la police

«Nous sommes au milieu d’une crise», a souligné Mme Warren, ajoutant que le nombre de personnes en situation d’itinérance chronique est plus élevé qu’elle ne l’a vu au cours de ses 22 ans de carrière.

«Nous avons plus de problèmes que jamais auparavant, et nous ne cessions de le prévoir. C’est le prix à payer quand on ne fait rien», a-t-elle dénoncé au sujet de la mort de l’homme de Moncton.

La ministre Shephard a déclaré que la situation «très triste et difficile» met en évidence le besoin urgent de s’attaquer au logement et à l’itinérance. Des membres de son département ont rencontré des organisations de soutien communautaire vendredi, a-t-elle indiqué, et ils espèrent ajouter 150 nouveaux lits d’hébergement.

Mme Shephard a fait savoir qu’il y avait 224 lits dans des refuges à Moncton. Elle a reconnu que cela ne suffisait pas pour le nombre de personnes en situation d’itinérance chronique, bien qu’elle ne puisse pas dire exactement combien de personnes dans la ville sont sans logement.

Mme Warren a rappelé que fournir un abri est la première étape, mais que cela n’est pas suffisant, car la situation est rendue plus difficile en raison de la crise des opioïdes. Son équipe et elle ont constaté une augmentation de la fréquence des surdoses au cours des dernières années.

D’après ce que le personnel observe à Ensemble Moncton, il semblerait que les drogues contenant du fentanyl soient de plus en plus courantes à Moncton. «Nous sommes dans une situation désespérée. Les gens meurent de surdoses», a réitéré Mme Warren. 

La ministre Shephard a convenu que le problème s’étend au-delà du logement et a assuré que son département et le ministère de la Santé travailleront ensemble pour améliorer les services aux personnes aux prises avec une dépendance.

Dans un autre rebondissement de l’histoire, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a reconnu vendredi qu’elle avait initialement mal identifié l’homme retrouvé mort. La famille d’un homme qui a été identifié à tort comme étant le défunt a annoncé vendredi dans un communiqué qu’elle intenterait une action en justice contre la police pour avoir «traumatisé» la famille en leur disant que leur fils était mort, alors qu’il était en fait vivant.

Un porte-parole de la GRC du Nouveau-Brunswick a mentionné dans un communiqué envoyé par courriel que la GRC était au courant d’un éventuel litige concernant l’identification erronée de cette victime et que la police était en communication avec la famille.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.