Cindy Woodhouse, du Manitoba, devient cheffe de l’Assemblée des Premières Nations

OTTAWA — Cindy Woodhouse est devenue jeudi la nouvelle cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, en demandant aux Canadiens de soutenir les personnes qu’elle représente – et d’y prêter une oreille attentive.

«Il faut travailler de la bonne façon avec les membres des Premières Nations», a déclaré Mme Woodhouse dans son discours de remerciement, soulignant que ses parents lui avaient enseigné à travailler avec tout le monde. Mais elle a aussi prévenu les Canadiens: «Si vous ne nous écoutez pas, si vous n’écoutez pas nos chefs, si vous ne leur répondez pas, alors il y a des problèmes.» 

Mme Woodhouse était jusqu’ici cheffe régionale au Manitoba de l’Assemblée des Premières Nations (APN), qui représente plus de 600 nations autochtones à travers tout le Canada — excluant les Inuits et les Métis.

Elle est devenue cheffe nationale jeudi matin après que son plus proche rival, David Pratt, de la Saskatchewan, a concédé sa défaite après six tours de scrutin, qui se sont prolongés jusqu’à tard dans la soirée mercredi.  

«Je sais que nous avons beaucoup de travail à faire», a déclaré Mme Woodhouse jeudi. Elle a également remercié l’ancienne cheffe nationale, RoseAnne Archibald, soulignant qu’elle «avait brisé les plafonds de verre pour nous toutes».

Mme Archibald avait été évincée en juin à la suite des conclusions d’une enquête indépendante sur des plaintes déposées par cinq membres du personnel concernant sa conduite à la tête de l’APN. L’intérim était assuré depuis par la cheffe régionale de l’APN au Nouveau-Brunswick, Joanna Bernard, une Malécite de Madawaska.

Après six tours de scrutin, Mme Woodhouse avait recueilli mercredi soir 50,8 % des voix exprimées, en deçà du seuil de 60 % nécessaire à la victoire. 

Les dirigeants des Premières Nations, réunis à Ottawa en assemblée extraordinaire, étaient de plus en plus impatients, mercredi soir, alors qu’aucun des deux favoris ne réussissait à atteindre cette barre des 60 %.

Jeudi matin, alors que les chefs s’apprêtaient à voter lors d’un septième tour, à 11 h, l’autre candidat toujours dans la course, David Pratt, s’est finalement désisté. 

Le vice-chef de la Fédération des nations autochtones souveraines, en Saskatchewan, n’avait pas concédé comme prévu sa défaite après le quatrième tour de scrutin, mercredi, ce qui a conduit à une discussion animée avec Mme Woodhouse dans le palais des congrès du centre-ville d’Ottawa. Encouragé par ses partisans, il n’a pas non plus concédé sa défaite après le cinquième ou le sixième tour — surtout après avoir obtenu le soutien d’une candidate exclue, Sheila North.

M. Pratt s’est finalement désisté juste avant le début d’un septième tour de scrutin, jeudi matin. «Nous partons d’ici unis. Nous partons d’ici unis derrière notre cheffe nationale. Nous sommes de retour — et l’avenir appartient aux peuples des Premières Nations», a déclaré M. Pratt aux délégués en annonçant qu’il jetait l’éponge. «Son succès est notre succès à tous. Alors, mettons de côté l’animosité.»

Deux femmes et quatre hommes

Un examen indépendant du comportement de Mme Archibald à la chefferie de l’APN avait conclu que certains de ses gestes constituaient du harcèlement, qu’elle avait enfreint les règles de confidentialité et violé les politiques internes en exerçant des représailles contre les plaignants.

Mme Archibald a nié les allégations. Ses partisans affirment qu’elle a été écartée pour avoir tenté d’ébranler le statu quo au sein de l’organisation. Sur les 231 chefs qui avaient participé à une assemblée extraordinaire en juin, 71 % ont voté en faveur de sa destitution.

Six personnes — deux femmes et quatre hommes — étaient en lice pour la remplacer, dont Reginald Bellerose, président de la Régie du jeu en Saskatchewan, Dean Sayers, vétéran chef de la première nation ojibwée de Batchewana, dans le nord de l’Ontario, et Craig Makinaw, ancien chef régional de l’APN en Alberta. 

En apportant son soutien à M. Pratt avant de se retirer de la course, mercredi soir, Sheila North, ancienne cheffe au Manitoba et défenseure de longue date des femmes autochtones disparues et assassinées, a lancé une pique contre Mme Woodhouse, qui faisait partie des instances de l’APN lorsque Mme Archibald a été exclue.

«Elle ne méritait pas ça, a déclaré Mme North. Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec tout ce qu’elle a fait ou comment elle l’a fait. Mais elle aurait dû recevoir le respect minimal de pouvoir terminer son mandat.»

Mme North, qui s’était présentée sans succès pour le même poste en 2018, a également déclaré mercredi qu’elle espérait que l’APN continuerait de faire pression pour de meilleures protections pour les femmes et les filles autochtones, et pour lutter contre la violence fondée sur le genre. «Vous pouvez le faire, chefs, a-t-elle déclaré aux délégués. Nos proches attendent que nous fassions mieux.»