Conflit en Ukraine: la lutte de l’OTAN contre la propagande russe

CALGARY — Un responsable militaire canadien affirme que la guerre contre l’Ukraine se déroule sur deux fronts : le conflit armé et la désinformation.

Et plus de travail doit être fait pour faire taire la machine de propagande russe, dit le lieutenant-colonel Yves Desbiens.

M. Desbiens, qui est en poste avec 500 soldats canadiens en Lettonie depuis quatre ans, dit qu’il étudie les moyens de contrer la «guerre informationnelle» que la Russie utilise avec succès depuis plusieurs années.

La Russie affine ses tactiques en matière de désinformation, a déclaré le lieutenant-colonel Desbiens dans une entrevue avec La Presse Canadienne alors qu’il était à Calgary, mardi.

«Nous devons nous améliorer (…), nous devons suivre cela beaucoup plus rapidement et nous adapter à leurs façons de faire. Une fois que nous nous serons adaptés, nous pourrons prendre les mesures appropriées pour minimiser les dommages que cela causera.»

Il a ajouté qu’il était surpris que la machine de désinformation russe n’ait pas fonctionné en Ukraine.

«Ils pensaient qu’ils allaient semer la division au sein de l’OTAN et il est clair que le résultat est que l’OTAN s’est unie à un niveau que nous n’avions pas vu depuis des années.»

M. Desbiens, qui a également travaillé avec le Centre d’excellence pour la communication stratégique de l’OTAN, a déclaré qu’il n’avait pas vu venir l’invasion de l’Ukraine, car le pays était en conflit depuis des années.

La Russie suit traditionnellement un modèle de «guerre hybride», y compris l’utilisation de robots Internet et d’usines de trolls pour influencer l’économie, la politique et la culture, a-t-il ajouté.

«Elle réécrit l’histoire», a-t-il dit.

«Si nous revenons au conflit actuel, toutes les leçons que nous avons apprises et toutes les conclusions clés que nous avons tirées au cours des dernières années nous aident à comprendre comment ils allaient opérer en Ukraine, comment ils allaient mettre en place leur campagne d’information.»

Le Canada dirige le groupement tactique de l’OTAN en Lettonie, dans le cadre de ses efforts de dissuasion de longue date contre la Russie — une mission qui a pris une nouvelle importance à la lumière de l’invasion de l’Ukraine.

C’est l’un des quatre efforts de ce type dans les pays baltes et en Pologne visant à démontrer la force de l’alliance de l’OTAN dans la région contre la Russie.

Le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu mardi à la base militaire d’Ādaži au nord-est de Riga, en Lettonie, et a annoncé un renouvellement immédiat et pluriannuel de la mission canadienne en Lettonie, baptisée Opération Réassurance.

Le lieutenant-colonel Desbiens a déclaré que les Russes visaient la population russophone de Lettonie, de Pologne et des autres États baltes dans l’espoir d’obtenir du soutien. Cela devient de plus en plus difficile, a-t-il dit, car de nombreux pays prennent des mesures pour limiter la propagation de la désinformation.

L’Ukraine a appris de 2014 lorsque la Russie a annexé la péninsule de Crimée et du renversement de l’administration soutenue par le Kremlin à Kiev, a-t-il ajouté.

«Sur le plan de l’information, je pense que les Ukrainiens étaient bien mieux préparés que la Russie ne le pensait. Ils communiquent activement, rapportent sur tous les fronts et la Russie n’avait certainement pas vu cela en 2014», a-t-il affirmé.