Des ministres pressent les grands épiciers d’adhérer au code de conduite volontaire
OTTAWA — Le ministre fédéral de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire n’exclut pas la possibilité d’une intervention d’Ottawa ou des gouvernements provinciaux si toutes les grandes chaînes d’épiciers n’adhèrent pas à un code de conduite volontaire.
Lawrence MacAulay a déclaré en entrevue qu’il rencontrerait la semaine prochaine son collègue de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et les ministres provinciaux pour discuter des options proposées aux gouvernements provincial et fédéral si les grands épiciers ne signaient pas le Code de conduite du secteur des produits de l’épicerie.
Plus tôt jeudi, le ministre MacAulay et son homologue du Québec, André Lamontagne, ont exhorté tous les grands épiciers à adopter et à adhérer au code de conduite des épiceries.
Dans un communiqué commun, les deux ministres se disent déçus de constater que le code de conduite volontaire n’est toujours pas en vigueur, «après des années de consultations et de travail rigoureux et diligent». Ils se disent également déçus que «des partenaires de la chaîne d’approvisionnement hésitent à s’engager».
Lors d’une réunion du Comité de l’agriculture et de l’agroalimentaire des Communes, jeudi matin à Ottawa, des députés ont demandé au PDG de Walmart Canada, Gonzalo Gebara, et au président du conseil de Loblaw, Galen Weston, pourquoi leur entreprise n’avait pas encore adhéré au code de conduite.
Le député du Bloc québécois Yves Perron a accusé les deux entreprises de «saboter» l’élaboration de ce code de conduite volontaire.
M. Gebara a précisé que Walmart Canada avait participé à l’élaboration du code, mais qu’elle n’était «pas en mesure pour le moment de s’y engager».
M. Weston a assuré que Loblaw signerait le code, mais pas sous sa forme actuelle. Il a exhorté le comité à en examiner les détails du document, qui, selon lui, tel qu’il est rédigé, pourrait augmenter les prix et vider les rayons.
«Nous avons toujours dit que nous signerions le code. Nous devons simplement signer un code qui n’augmente pas le risque de hausse des prix des aliments pour les Canadiens», a-t-il soutenu. M. Weston a expliqué aux députés que Loblaw craignait que le code, tel qu’il est actuellement rédigé, puisse augmenter les prix pour les consommateurs.
M. Weston a expliqué jeudi aux députés qu’il craignait que le code donne trop de pouvoir aux grands fabricants multinationaux. De nombreux fabricants, a-t-il déclaré, «signalent ou soumettent déjà des augmentations de coûts plus élevées que prévu pour l’année prochaine».
«Il s’agit de grands fabricants multinationaux de grande consommation, et le code de conduite contient un ensemble de clauses qui réduisent la capacité des épiciers à négocier ferme contre ces vendeurs», a-t-il déclaré.
«Nous avons réussi à contrer 18 % de ce que nous estimions (…) être des augmentations de coûts injustifiées dans l’ensemble de l’industrie l’année dernière, a-t-il soutenu. Compte tenu de la manière dont le code est rédigé aujourd’hui, notre capacité à le faire sera sévèrement limitée.»
Loblaw «neutraliserait le code»
Michael Graydon, PDG de l’association Produits alimentaires et de consommation du Canada, et président intérimaire du conseil du code de conduite des épiceries, a déclaré que le groupe de travail avait répondu à Loblaw avec ce qu’il considère comme «des réponses très fermes quant aux raisons pour lesquelles les dispositions qu’ils souhaitent modifier ne peuvent fondamentalement pas être modifiées».
Il a déclaré que les changements réclamés par Loblaw «neutraliseraient fondamentalement la capacité du code» à améliorer la façon dont les affaires se déroulent dans le secteur de l’épicerie. «Ils veulent continuer à avoir un pouvoir de décision unilatéral. Eh bien, c’est fondamentalement pour cela que nous avons besoin d’un code.»
M. Graydon, qui était coprésident du comité directeur chargé d’élaborer le code de conduite, a déclaré qu’il n’était pas encore clair si Loblaw, Walmart ou Costco signeraient le code.
Costco n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
En novembre, M. Graydon avait repoussé les affirmations selon lesquelles le code augmenterait les prix pour les consommateurs: «Nous ne croyons tout simplement pas que ce soit vrai».
Les épiciers ont également subi des pressions de la part d’Ottawa pour qu’ils proposent des plans visant à stabiliser les prix des aliments dans leurs magasins. Le gouvernement fédéral a convoqué plus tôt cet automne les dirigeants de Loblaw, Métro, Empire, Walmart Canada et Costco pour présenter leurs plans.
Le ministre fédéral de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a déclaré que les plans de ces entreprises prévoyaient des réductions, des gels de prix et des «prix alignés».
M. Weston a déclaré que la réunion avec le ministre Champagne avait conduit à «des prix sensiblement plus bas» pour 35 articles et catégories souvent achetés par les consommateurs, comme le lait, le beurre, les œufs et le poulet.
«Nous réalisons ces économies grâce à des programmes de tarification et de promotion que les clients comprennent et auxquels ils réagissent le mieux. Ils font une différence», a-t-il déclaré.
M. Gebara a déclaré de son côté que pendant les périodes de forte inflation, Walmart continuait de maintenir ou de baisser les prix lorsque cela était possible, absorbant ou contrant parfois les augmentations de coûts des fournisseurs. Il a déclaré que Walmart avait lancé plusieurs programmes qui ont entraîné une baisse des prix, comme des repas de l’Action de grâces à des prix inférieurs à ceux de l’année dernière.
Lundi, le PDG d’Empire, Michael Medline, a déclaré que son entreprise, propriétaire de Sobeys, avait étendu son gel annuel des prix de novembre à janvier.
«Nous avons également des projets et des développements significatifs pour aider à stabiliser les prix des denrées alimentaires après janvier, mais nous n’en discuterons pas publiquement, car ils restent sensibles sur le plan commercial et concurrentiel jusqu’à leur lancement dans nos magasins», a déclaré M. Medline au comité de l’agriculture.