Gaza: un médecin canadien coincé fait du bénévolat dans un hôpital débordé

Un médecin canadien, le Dr Ehab Bader, qui s’est récemment rendu de London, en Ontario, à la bande de Gaza afin de rendre visite à ses parents vieillissants, est désormais coincé dans le territoire palestinien assiégé.

Il a choisi de faire du bénévolat dans le plus grand hôpital de Gaza, qui est submergé par des personnes ayant un besoin urgent de soins vitaux alors que les fournitures médicales manquent.

«Les gens attendent dehors, gravement blessés et parfois, malheureusement, vous devez choisir qui vous allez soigner», a déclaré le néonatologiste à la Presse Canadienne, s’exprimant depuis le domicile de ses parents à Gaza. «C’est un choix difficile pour ceux qui travaillent aux urgences». 

Le Dr Bader, qui est âgé de 47 ans, est arrivé à Gaza moins de deux semaines avant que les militants du Hamas ne traversent la barrière de séparation hautement fortifiée d’Israël et ne tuent plus de 1200 Israéliens dans un déchaînement brutal. Israël a riposté en bombardant massivement Gaza, qui abrite quelque 2,3 millions de Palestiniens. 

Selon plusieurs observateurs, la guerre, qui a fait au moins 2600 morts des deux côtés, devrait s’intensifier.

Eham Bader a expliqué qu’on lui a demandé de faire du bénévolat à l’hôpital Shifa de la ville de Gaza, où la morgue débordait et où les travailleurs devaient empiler les cadavres à l’extérieur de la chambre froide et en mettre des dizaines d’autres, côte à côte, dans le stationnement.

Israël a déclaré que rien ne serait autorisé à entrer à Gaza jusqu’à la libération d’environ 150 otages capturés par le Hamas.

L’Égypte affirme avoir engagé des négociations intensives avec Israël et les États-Unis pour autoriser l’acheminement d’aide et de carburant à Gaza. Le Dr Bader invite le Canada et la communauté internationale à élever la voix plus fort pour appeler à la création d’un couloir humanitaire qui permettrait à la nourriture, à l’eau et aux médicaments d’entrer à Gaza.

L’hôpital Shifa et d’autres hôpitaux tentent désespérément d’économiser le diesel qui reste dans leurs génératrices de secours, éteignant les lumières dans tous les services hospitaliers, à l’exception des plus essentiels: les soins intensifs, les salles d’opération et les stations d’oxygène.

Selon le médecin canadien, Israël inflige une punition collective aux Palestiniens de Gaza qui n’ont joué aucun rôle dans l’attaque du Hamas, insistant sur le fait que garantir l’accès aux fournitures médicales et autres produits essentiels pour les non-combattants ne devrait pas être un sujet de négociation. « Si nous avons des principes, nous devrions nous demander pourquoi nous ne pouvons pas aider ceux qui sont piégés dans la bande de Gaza. Un gouvernement comme celui du Canada devrait exercer suffisamment de pression supplémentaire pour mettre fin à ce désastre. Ce qui se passe dans la bande de Gaza est un crime parce que nous n’avons pas accès à nos besoins fondamentaux.»

Israël impose un blocus strict de Gaza depuis 2007, année où le Hamas a pris le pouvoir dans l’enclave côtière. L’Égypte contrôle également étroitement le flux de marchandises et de personnes passant par le terminal de Rafah.

Un haut responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a averti que le manque d’électricité pourrait paralyser les hôpitaux, mettre en danger les nouveau-nés dans des incubateurs et les patients âgés sous oxygène, et interrompre la dialyse rénale et les radiographies. «Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues», a déclaré Fabrizio Carboni, directeur régional du CICR.

Ehab Bader a affirmé à la Presse Canadienne qu’il n’était pas certain de ce qu’il ferait s’il avait la possibilité d’évacuer, alors que tant de Gazaouis ont un besoin désespéré d’aide. «Beaucoup de gens comme moi sont déchirés entre notre famille, nos proches, nos collègues, nos amis au Canada et la famille que nous avons laissée derrière nous».