L’Alberta ne souhaite plus se doter d’un corps policier provincial

EDMONTON — Le gouvernement de l’Alberta ne souhaite plus se débarrasser de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en faveur d’un nouveau corps de police provincial.

Cependant, le ministre de la Justice Mickey Amery a déclaré mardi que l’idée n’était pas morte et que son ministère continuera de consulter les Albertains sur la direction qu’ils souhaitent prendre en matière de maintien de l’ordre.

Plus tôt mardi, la première ministre Danielle Smith a remis sa lettre de mandat à M. Amery, décrivant ses objectifs et ses priorités en tant que nouveau ministre de la Justice.

La veille, elle avait envoyé une lettre de mandat à l’autre ministre responsable des questions d’ordre public, le ministre de la Sécurité publique Mike Ellis.

Aucune des deux lettres ne leur ordonnait de créer une force de police provinciale, une décision qui remplacerait la GRC dans les communautés qui n’ont pas déjà leurs propres agents.

Les deux grandes villes de l’Alberta – Edmonton et Calgary – et d’autres municipalités ont déjà leurs propres forces de police.

Au lieu de cela, Mme Smith a ordonné à M. Ellis de poursuivre son travail «avec les communautés locales pour les soutenir avec les options de police communautaire qui, selon eux, serviront le mieux leurs populations».

L’option d’un corps policier provincial en Alberta a été étudiée et vantée par le gouvernement du Parti conservateur uni pendant des années, mais elle s’est heurtée à l’opposition officielle et à plusieurs municipalités en raison de préoccupations concernant les coûts, la mise en œuvre et la dotation en personnel. Les sondages d’opinion publique ont constamment suggéré qu’une majorité d’Albertains n’appuient pas une nouvelle force provinciale.

Pas plus tard qu’en novembre dernier, ce plan était cependant une priorité lorsque Mme Smith a envoyé des lettres de mandat à son premier cabinet.

Le 9 novembre 2022, Danielle Smith a ordonné au ministre de la Justice de l’époque, Tyler Shandro, de travailler avec M. Ellis pour «finaliser une décision sur la création d’un service de police de l’Alberta».

Le même jour, elle est allée plus loin dans une lettre de mandat à M. Ellis, lui ordonnant de travailler avec le ministère de la Justice pour «lancer un service de police de l’Alberta».

Mais en mai, Mme Smith a refusé de faire de la création d’une police provinciale une promesse électorale, affirmant que la question serait réexaminée après le jour du scrutin tout en ajoutant: «Nos shérifs, par exemple, font un excellent travail.»

M. Amery a été invité deux fois mardi, lors d’une entrevue, à clarifier le statut de la police provinciale, à expliquer pourquoi le projet ne figurait plus dans les lettres de mandat et à indiquer s’il était raisonnable de conclure que le plan était mis de côté.

«Je vous dirais simplement que nous allons continuer à écouter les Albertains, à connaître leurs besoins, leurs défis et leurs préoccupations, puis à ramener cela au (cabinet) et au caucus pour une réflexion plus approfondie», a-t-il répondu.

Cependant, les nouvelles lettres de mandat mettent un accent renouvelé sur davantage de ressources de première ligne pour interdire les activités des gangs, lutter contre la contrebande à la frontière et réduire les taux de criminalité.

La lettre de M. Amery lui ordonne de «mettre en œuvre une stratégie pour s’assurer que les criminels violents et les membres de gangs sont détenus et poursuivis».

Son bureau doit également travailler avec celui de M. Ellis pour créer «une unité de poursuite spécialisée pour faire face à la détérioration de la sécurité dans les grands centres urbains de l’Alberta».

La lettre de mandat de lundi adressée à M. Ellis lui ordonnait pour sa part d’ajouter 100 agents de patrouille supplémentaires à Edmonton et à Calgary et de créer des équipes spécialisées dirigées par des shérifs pour lutter contre la contrebande de drogue et d’armes à feu, en particulier le long de la frontière avec les États-Unis.

Mme Smith demande également à M. Ellis d’étendre l’utilisation des shérifs dans l’application de la loi, de développer plus d’unités pour lutter contre la criminalité des gangs et de mettre en œuvre un programme de surveillance des bracelets de cheville et une surveillance 24 heures sur 24 des cautions des délinquants violents et sexuels.

Les symptômes, mais pas le problème sous-jacent

L’opposition néo-démocrate a déclaré que le gouvernement conservateur uni combat les symptômes de la criminalité, mais ne fait pas assez pour lutter contre le problème sous-jacent, notamment le manque de logements, la réduction des méfaits, le soutien en santé mentale et le traitement de la toxicomanie.

Une autre partie de la lettre de mandat du ministre Amery découle d’une demande antérieure de Mme Smith pour qu’il lui fournisse des conseils sur la façon de traiter avec le système judiciaire.

Cette demande est intervenue après que le commissaire à l’éthique ait statué en mai que Mme Smith avait enfreint les règles d’éthique lorsqu’en janvier, elle a contacté son ancien ministre de la Justice pour lui demander d’abandonner les poursuites contre un manifestant.

Mme Smith n’a pas eu gain de cause et le procès s’est poursuivi. Depuis, elle s’est excusée publiquement pour ses actes.

Sa lettre de mandat à M. Amery élargit sa direction initiale pour inclure désormais des conseils sur la manière dont tous les ministres du cabinet – pas seulement Mme Smith – devraient interagir avec le ministère de la Justice.

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il était étendu à tous les ministres du cabinet, M. Amery a répondu: «Parce que je pense qu’il est important que tous les ministres du cabinet et les membres du caucus du gouvernement comprennent que la transparence et la responsabilité sont d’une importance fondamentale pour ce gouvernement et pour moi-même.»