Le ministre Bill Blair ne s’inquiète pas trop de la menace d’annexion aux États-Unis
BRUXELLES — Le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, ne voit pas de «menace réelle» dans les déclarations du président Donald Trump sur une éventuelle annexion du Canada comme 51e État américain, alors que le premier ministre Justin Trudeau a réitéré qu’il n’y avait «pas la moindre chance que cela se produise».
Les deux hommes étaient à Bruxelles mercredi pour rencontrer les alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et le Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine. Ils ont eu mercredi matin un petit-déjeuner de travail avec le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte.
S’adressant aux journalistes après cette rencontre, M. Blair a déclaré que, même si les commentaires du président Trump étaient «irrespectueux et préoccupants», il ne les considérait pas comme une menace sérieuse.
«Nous sommes certainement préoccupés par ces remarques, et je pense que, dans l’ensemble, ces remarques sont pour tous les Canadiens offensantes. Nous sommes fiers de notre pays», a-t-il estimé.
«Nous avons assuré tous nos alliés que nous étions prêts à défendre notre pays. Je ne crois pas que cela représente une menace réelle pour nous.»
Lors d’une conférence de presse plus tard mercredi, M. Trudeau est allé encore plus loin. «Comme je l’ai dit sans équivoque depuis le début, il n’y a aucune chance que le Canada devienne un jour le 51e État», a déclaré le premier ministre.
«En même temps, après avoir travaillé avec le président Trump pendant plus de huit ans maintenant, je peux vous dire que nous devons prendre au sérieux ce qu’il dit.»
La semaine dernière, M. Trudeau avait déclaré à huis clos à des dirigeants d’entreprises canadiens que la menace de M. Trump était «une réalité», citant le désir de son administration d’accéder aux minéraux critiques du Canada.
Le quotidien «Toronto Star» a été le premier à rapporter les propos de M. Trudeau, qui ont été diffusés sur un haut-parleur après que les journalistes ont été priés de quitter la salle.
Les minéraux critiques sont des matériaux essentiels à l’économie ou à la sécurité nationale d’un pays. Le Canada est un fournisseur clé de 13 des 35 minéraux figurant sur la liste critique des États-Unis, notamment le tellure, le niobium et l’uranium.
Le Canada a exporté pour 29,8 milliards $ de minéraux critiques aux États-Unis en 2023, soit plus que tout autre pays, selon les chiffres du gouvernement fédéral. Les exportations vers les États-Unis ont représenté 59 % de toutes les exportations canadiennes de minéraux critiques.
L’Ukraine et la Russie
Le ministre Blair devait par ailleurs rencontrer pour la première fois mercredi le nouveau secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, alors que les deux hommes se trouvent à Bruxelles.
M. Hegseth s’est également entretenu avec le groupe de contact sur la défense de l’Ukraine, où il a discuté de l’approche de l’administration Trump à l’égard de la guerre en Ukraine.
Il a déclaré que le président Trump était déterminé à mettre fin à la guerre par la diplomatie et à faire en sorte que l’Europe assume la majeure partie de la responsabilité financière et militaire de la défense de l’Ukraine — y compris le coût d’une éventuelle force de maintien de la paix qui n’inclurait pas de troupes américaines.
M. Hegseth a déclaré que ces troupes ne devraient pas faire partie d’une mission de l’OTAN ou être couvertes par l’article 5 de l’alliance, qui prévoit une défense collective de ses membres.
«Les États-Unis ne croient pas que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit un résultat réaliste d’un règlement négocié», a-t-il par ailleurs ajouté.
Les alliés de l’OTAN ont signé un accord en 2023 pour accélérer l’adhésion de l’Ukraine à cette alliance lorsque les conditions seront remplies. M. Trudeau a déjà déclaré que l’Ukraine ne pouvait pas rejoindre l’Alliance atlantique tant qu’elle était en guerre avec la Russie.
Budgets militaires
M. Trump a récemment appelé les pays membres de l’OTAN à consacrer 5 % de leur PIB à la défense, ce qu’aucun pays de l’OTAN n’a accompli. Un tiers des alliés de l’OTAN, y compris le Canada, ont du mal à atteindre l’objectif de 2 %.
Alors que les États-Unis dépensent environ 3,3 % de leur PIB pour la défense, M. Hegseth a déclaré mercredi au Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine qu’il était d’accord avec le président Trump. «Les membres de ce groupe de contact doivent se rencontrer», a-t-il déclaré, exhortant les dirigeants à commencer à «parler franchement avec leur peuple» sur la nécessité de dépenser plus pour la défense.
Le ministre Blair a indiqué aux journalistes mercredi que l’OTAN tiendrait une discussion sur «le niveau approprié de dépenses militaires».
«Pour l’instant, je me concentre sur le respect de l’engagement que nous avons déjà pris. Nous travaillons très dur pour accélérer nos dépenses afin d’atteindre le seuil de 2 % auquel le Canada s’est engagé. Je crois que c’est réalisable.»
Quant à savoir si le Canada envisagerait un jour d’augmenter sa cible à 5 %, M. Blair n’a pas voulu s’engager. «Même les États-Unis ne dépensent pas 5 % de leur PIB pour la défense. Les États-Unis sont une superpuissance et ils sont capables de projeter leur puissance et leur autorité dans le monde entier pour de nombreux alliés de l’OTAN, y compris le Canada», a-t-il déclaré.
«Notre responsabilité consiste, d’abord et avant tout, à défendre notre pays et notre continent, mais aussi à honorer nos obligations envers l’OTAN, le NORAD et notre alliance dans la région indopacifique.»
— Avec des informations de Nick Murray et Craig Wong, à Ottawa, et de l’Associated Press