Le personnel temporaire sera retenu pour traiter les demandes de vétérans
OTTAWA — Les libéraux ont cédé à la colère et à la frustration croissantes de la communauté des anciens combattants du Canada, promettant plus de 140 millions $ pour retenir des centaines d’employés temporaires embauchés pour traiter un arriéré de demandes d’invalidité d’anciens soldats blessés.
Le ministre des Anciens Combattants, Lawrence MacAulay, a annoncé cet engagement dans un communiqué de presse mercredi, quelques semaines après avoir déclaré à un comité parlementaire qu’une telle décision devrait attendre le prochain budget fédéral.
«La priorité absolue en ce moment est de veiller à ce que les vétérans reçoivent leurs prestations d’invalidité en temps opportun. Nous restons engagés à réduire les délais de traitement pour les demandes de prestations d’invalidité, a déclaré le ministre MacAulay dans le communiqué. Bien que nous accomplissions des progrès concrets, il reste encore du travail à faire. Grâce à cet investissement, le personnel d’ACC peut continuer à rendre des décisions plus rapidement et à garder l’arriéré sous contrôle.»
Bien que la déclaration ne précise pas combien d’arbitres temporaires seraient retenus après la fin mars, le porte-parole de M. MacAulay, John Embury, a déclaré que le financement soutiendrait 595 postes temporaires au cours des deux prochaines années.
La Légion royale canadienne, dont le président national avait écrit une lettre au premier ministre Justin Trudeau à ce sujet à la suite d’un reportage de La Presse Canadienne plus tôt ce mois-ci, a néanmoins salué la nouvelle.
« La Légion est rassurée par un nouvel investissement important pour éliminer l’arriéré canadien de demandes d’invalidité des vétérans, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Nous remercions le gouvernement d’avoir fourni à Anciens Combattants Canada le soutien financier nécessaire pour conserver du personnel temporaire supplémentaire, et nous nous réjouissons de voir cet arriéré important diminuer rapidement au cours des prochains mois.»
L’arriéré est devenu l’une des principales sources de frustration, de colère et de difficultés pour la communauté des anciens combattants du Canada, les personnes malades et blessées étant obligées d’attendre des mois — et souvent des années — pour avoir accès à un soutien financier ou médical pour leurs problèmes de santé.
La Presse Canadienne a rapporté plus tôt ce mois-ci que les contrats de seulement 168 des plus de 500 employés temporaires embauchés depuis 2018 avaient été prolongés d’un an, même si Anciens Combattants Canada (ACC) avait encore près de 34 000 demandes non traitées sur son bureau.
Ajoutant à l’inquiétude, les responsables du ministère ont averti que le nombre de demandes d’invalidité non traitées, qui étaient finalement en baisse, recommencerait à augmenter par milliers si davantage de travailleurs temporaires n’étaient pas retenus.
M. MacAulay avait à l’époque déclaré que le gouvernement laissait la porte ouverte à la prolongation des contrats de plus de personnel temporaire pour limiter l’arriéré, mais a insisté sur le fait que tout nouvel investissement devrait attendre le prochain budget fédéral au printemps.
«Je ne peux pas indiquer ce qui figurerait dans le budget, car ce n’est pas approprié, avait déclaré M. MacAulay lors de sa comparution devant le Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes, le 1er février. Mais le fait est que j’ai indiqué assez clairement que nous chercherons des fonds supplémentaires pour nous assurer que nous continuons sur la même voie que celle sur laquelle nous sommes pour réduire l’arriéré. »
Dans sa lettre ouverte au premier ministre, le président national de la Légion royale canadienne, Bruce Julian, a demandé au gouvernement de prendre des mesures immédiates et de remédier à l’arriéré.
«Nous demandons que les fonds soient ouvertement garantis pour permettre à ces arbitres de continuer à travailler et d’apporter encore plus d’aide, a écrit M. Julian à M. Trudeau, le 16 février, ajoutant que les anciens combattants attendaient beaucoup trop longtemps que leurs demandes soient traitées. Pendant qu’ils attendent ces décisions, aucun traitement n’est accessible par le biais des prestations d’ACC et leur santé continue de se détériorer. C’est indéfendable et ne peut pas continuer en toute bonne conscience.»
La Presse Canadienne, qui a été la première à signaler l’existence de l’arriéré en 2017, a détaillé dans une série d’articles l’an dernier le stress et les difficultés supplémentaires que vivent les vétérans en attente que leurs demandes soient traitées.
Le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, a indiqué en septembre 2020 que le gouvernement devrait garder la plupart de ces employés temporaires au-delà de leur contrat actuel, qui doit se terminer en mars 2022, pendant encore trois ans pour traiter correctement l’arriéré.
M. Giroux a également précisé que le gouvernement aurait pu éliminer tout l’arriéré d’ici la fin de 2021 en embauchant 400 employés supplémentaires, en plus de ceux déjà sous contrat, en ajoutant 159 millions $ au budget. Les libéraux ont ignoré cette recommandation.