Le syndicat du personnel enseignant de l’élémentaire tiendra un vote de grève

TORONTO — Les enseignants des écoles primaires et secondaires publiques de l’Ontario font un pas de plus vers une grève, alors que leurs syndicats ont annoncé lundi qu’ils demanderont à leurs membres de se prononcer en faveur d’un débrayage.

La présidente de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario, Karen Brown, a pris la parole devant ses membres lundi lors de l’assemblée générale annuelle du syndicat.

Elle a soutenu que le syndicat s’était présenté aux tables de négociation avec des propositions concrètes concernant l’éducation spécialisée, la taille des classes, la violence dans les écoles et les salaires dans un contexte inflationniste.

En réponse, a-t-elle déploré, le gouvernement a «refusé de s’engager de manière significative» et a plutôt présenté des propositions qui équivalent à des réductions de salaires, d’avantages sociaux et de conditions de travail.

«Nous avons atteint un point de non-retour», a martelé Mme Brown.

«Notre patience est épuisée. Nos membres sont à bout. Nous devons maintenant faire pression sur ce gouvernement pour qu’il vienne à la table et commence à négocier sérieusement avec nous», a-t-elle lancé devant ses membres.

Mme Brown a ainsi annoncé que le syndicat tiendra des réunions à partir de la mi-septembre pour que ses membres se prononcent sur des mandats de grève. L’exécutif syndical recommandera aux membres de voter en faveur des moyens de pression.

«D’après ce que j’ai entendu récemment de la part des membres de partout dans la province, il est très clair dans mon esprit que les délégués présents à cette assemblée annuelle et nos 83 000 membres veulent envoyer à ce gouvernement un message fort et uni. Ça suffit», a tranché la présidente syndicale.

Un autre syndicat emboîte le pas

La Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario a aussi annoncé qu’elle organiserait des votes de grève cet automne.

Dans une note interne obtenue lundi par La Presse Canadienne, le syndicat a indiqué à ses membres que le gouvernement a montré «peu d’intérêt à s’engager dans des négociations de fond» et que peu de progrès ont été réalisés.

«Il est plus que temps que ce gouvernement se présente à la table pour conclure une entente afin que les élèves de l’Ontario puissent apprendre et grandir dans un système d’éducation publique de renommée mondiale», a écrit le syndicat dans son message aux membres.

«Un mandat de grève fort démontrera notre unité et notre détermination à obtenir des conditions équitables et favorables pour nos membres et nos étudiants.»

Le syndicat qui représente les enseignants du système public francophone a quant à lui fait savoir qu’il se concentrait d’abord sur les négociations pour obtenir le meilleur accord possible, mais a également exprimé sa frustration face au processus.

«Comme nos collègues d’autres syndicats d’enseignants, nous trouvons inacceptable que le rythme des négociations soit si lent et que nos membres commencent la rentrée sans contrat de travail», a souligné la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), Anne Vinet-Roy.

«Nous évaluons donc constamment toutes les options possibles pour faire avancer les négociations plus rapidement. Les membres de l’AEFO et nos communautés scolaires ne méritent pas moins.»

Le ministre déçu

Le ministre de l’Éducation de l’Ontario, Stephen Lecce, a critiqué les mesures prises par les syndicats, plaidant qu’ils rejettent la médiation pour parvenir à des accords.

«Brandir la menace d’une autre grève et créer de l’anxiété chez les parents et les élèves à quelques semaines du début de l’année scolaire est inutile et injuste», a-t-il écrit dans un communiqué.

Les quatre principaux syndicats d’enseignants de l’Ontario négocient avec le gouvernement et les conseils scolaires depuis l’été dernier. Quelques semaines seulement avant le début d’une nouvelle année scolaire, aucun d’eux n’a indiqué être près d’en arriver à un accord.

Selon la présidente de la Fédération des enseignantes-enseignantsdes écoles secondaires de l’Ontario, Karen Littlewood, il semble que le ministre Lecce souhaite simplement que les enseignants acceptent le même accord que les travailleurs de l’éducation représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) ont ratifié l’année dernière.

Le SCFP a indiqué que l’accord s’accompagnait d’une augmentation de 1 $ l’heure chaque année, soit environ 3,59 % par an, pour le travailleur moyen.

L’offre initiale du gouvernement au SCFP prévoyait des augmentations de 2 % par année pour les travailleurs gagnant moins de 40 000 $ et de 1,25 % pour tous les autres.

Il s’agira du premier contrat de travail pour les enseignants depuis qu’ils ont été soumis à une loi de restriction salariale connue sous le nom de projet de loi 124.

Cette loi a plafonné les augmentations de salaire des enseignants et des autres travailleurs du secteur public à 1 % par année pendant trois ans.

La loi a été jugée inconstitutionnelle par un tribunal ontarien, mais le gouvernement a fait appel de cette décision.