Les manifestations propalestiniennes seront sous haute surveillance

BROMONT, Qc — Ni Ottawa ni Québec n’ont l’intention d’interdire les manifestations propalestiniennes comme l’a fait la France, mais les corps policiers seront sur le qui-vive pour s’assurer qu’elles ne franchissent pas la ligne du discours haineux ou de l’incitation à la violence.

À l’issue de leur réunion de trois jours à Bromont, en Estrie, les ministres fédéraux et provinciaux de la Justice et de la Sécurité publique ont réaffirmé, vendredi, l’importance de la liberté d’expression garantie par la Charte, qui protège le droit de manifester. 

Ils prennent tous au sérieux, toutefois, l’appel à la violence contre les Juifs lancé par le Hamas et promettent à la fois de protéger les lieux de culte et de rassemblements juifs et d’avoir les manifestants à l’œil.

«Nous avons, comme ministres de la Sécurité publique – et là je parle, je pense, au nom de mes collègues des provinces et des territoires – discuté de l’importance de protéger les communautés au Canada face à la menace que le Hamas avait avancée plus tôt cette semaine», a lancé le ministre fédéral de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc.

Aucune place pour la haine et la violence

«La haine et la violence avancées par le Hamas n’ont aucune place au Canada et nous avons discuté de l’importance que les corps policiers à travers le pays soient vraiment préparés pour les événements potentiels tout au courant de la semaine», a-t-il poursuivi.

À ses côtés, son homologue québécois, François Bonnardel, a repris ces propos presque mot pour mot: «Le droit de manifester est protégé par nos lois, mais comme mes collègues l’ont mentionné, nous n’allons pas tolérer aucune incitation à la violence ou à la haine pendant ces manifestations.»

«Rien ne nous laisse croire qu’il peut arriver quoi que ce soit comme tel pendant ces manifestations», a toutefois fait valoir M. Bonnardel, mais «on n’est pas à l’abri de rien», a-t-il reconnu.

Drapeau du Hamas

Interrogés quant à savoir si le fait de brandir un drapeau du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par le gouvernement canadien, serait toléré lors de manifestations, les deux ministres ont hésité avant de répondre, s’en remettant au jugement des policiers qui seront sur le terrain.

«Vous savez, il y a toutes sortes de symboles qui apparaissent pendant les manifestations. C’est aux corps policiers et ultimement aux procureurs de décider à quel (moment) la liberté d’expression devient de l’incitation ou de l’encouragement envers des actes violents ou la haine, a dit M. LeBlanc. Moi, j’ai tout à fait confiance dans la préparation de la Sûreté du Québec.» 

«Vous savez, a aussi commencé M. Bonnardel, c’est difficile d’empêcher un citoyen québécois, canadien, de porter un drapeau. Mais je le répète, nous n’allons tolérer aucun incident violent ou incitation à la haine pendant ces marches. Ces marches sont protégées par nos lois, nous sommes tous d’accord avec ça. Les policiers et policières seront aux aguets et rien ne nous laisse croire présentement qu’il peut arriver un incident malheureux.»

«Manifester est un droit fondamental au Québec, mais évidemment sans l’incitation à la haine et à la violence», a renchéri la ministre de l’Éducation supérieure, Pascale Déry, lors d’une conférence de presse sur les droits de scolarité à l’université, à Montréal.

Mme Déry a vigoureusement dénoncé le Hamas, «une organisation terroriste qui est sans aucune pitié, sans aucune considération pour la vie humaine», a-t-elle dit, invoquant les images d’horreur qui circulent, montrant «une barbarie et une sauvagerie sans nom».

«Peines Netflix» pour agresseurs sexuels

La réunion des ministres de la Sécurité publique et de la Justice, à Bromont, a permis d’aborder plusieurs autres sujets, notamment la lutte contre la violence armée, le trafic de drogues illégales, le crime organisé, l’augmentation des crimes haineux et du vol de véhicules, particulièrement au Québec et en Ontario.

Le ministre québécois de la Justice, Simon Jolin-Barette, en a profité également pour réitérer la demande du Québec de modifier la loi afin d’empêcher à nouveau les agresseurs sexuels de purger leur peine dans la communauté. «Auparavant, il n’était pas possible de purger la peine dans la collectivité. Il y a eu une modification législative avec le projet de loi C-5 qui a fait en sorte de venir changer cet état de fait. Alors nous demandons de revenir antérieurement et d’exclure les agressions sexuelles comme étant des peines Netflix qui peuvent être purgées à la maison.» 

Selon le ministre, il est essentiel «que les peines soient en conséquence en lien avec la gravité de l’infraction criminelle» afin d’assurer la confiance des victimes dans le système de justice.