L’homme arrêté au Québec pour complot terroriste à NY reviendra en cour le 6 décembre

MONTRÉAL — L’homme de 20 ans arrêté la semaine dernière au Québec pour un présumé complot terroriste de l’État islamique visant à tuer des Juifs à New York a brièvement comparu vendredi à Montréal, et l’affaire reviendra devant le tribunal le 6 décembre.

Muhammad Shahzeb Khan, un ressortissant pakistanais résidant en Ontario, avait été arrêté le 4 septembre à Ormstown, en Montérégie, alors qu’il s’apprêtait à traverser la frontière vers l’État de New York voisin, selon les autorités.

Il est maintenant accusé aux États-Unis d’avoir tenté de fournir un soutien matériel et des ressources à une organisation terroriste, et les autorités américaines demandent son extradition pour qu’il subisse son procès.

Les autorités américaines allèguent que Khan, également connu sous le nom de «Shahzeb Jadoon», avait l’intention d’utiliser des «armes automatiques et semi-automatiques» lors d’une tuerie dans un centre juif de Brooklyn autour du 7 octobre, date du premier anniversaire de l’attaque du Hamas contre Israël l’automne dernier.

Les autorités américaines affirment qu’il avait commencé à planifier son attentat dès novembre 2023, au même moment où il aurait commencé à publier sur les réseaux sociaux et à communiquer avec d’autres personnes sur une application de messagerie cryptée au sujet de son soutien à l’État islamique. Il aurait également distribué de la propagande et de la documentation sur cette organisation terroriste.

Khan aurait ensuite commencé à communiquer avec deux agents secrets qui se faisaient passer pour des personnes prêtes à l’aider à mettre en œuvre son plan d’attaque présumée. L’accusé aurait imploré les deux agents infiltrés d’acheter des armes pour le complot.

Au cours d’une de ces communications, Khan aurait déclaré: «Si notre plan réussit, ce serait la plus importante attaque en sol américain depuis le 11 septembre [2001]». Les responsables américains ont déclaré qu’il avait pris trois véhicules distincts pour se rendre jusqu’à la frontière américaine.

En annonçant son arrestation, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a assuré «qu’alors qu’il échafaudait son plan, Khan n’a jamais représenté une menace immédiate».

Il n’était pas présent à l’audience vendredi en Cour supérieure du Québec à Montréal, où les avocats ont déclaré qu’ils attendaient les documents d’extradition et l’autorisation des autorités canadiennes avant de poursuivre l’affaire, qui sera de nouveau entendue le 6 décembre.

Son avocat, Gaétan Bourassa, a déclaré que les autorités américaines avaient 60 jours pour déposer les documents nécessaires et que les autorités canadiennes avaient ensuite 30 jours pour autoriser le processus d’extradition.

«Le procureur général devrait nous avoir remis [le 6 décembre] la preuve que les États-Unis ont en leur possession pour faire leur demande d’extradition», a indiqué Me Bourassa vendredi à sa sortie de l’audience, au palais de justice de Montréal. Une date sera alors fixée pour la prochaine audience.

Me Bourassa a déclaré qu’il avait parlé à son client, qui «réagit très bien». Il a qualifié les preuves dans l’affaire de «complexes», notant qu’il y avait des témoins aux États-Unis dont on ne connaît pas l’identité.

Accusé aussi au Canada ?

Plus tôt cette semaine, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a déclaré que Khan était arrivé au Canada en juin 2023 avec un visa étudiant qui lui avait été accordé le mois précédent.

Le premier ministre Justin Trudeau a été interrogé vendredi sur les mesures prises pour garantir que d’autres partisans de l’État islamique ne soient pas entrés au pays sous de faux motifs.

«Tout d’abord, il s’agit d’une situation extrêmement grave et elle montre à quel point nos services et nos institutions de sécurité sont efficaces pour avoir pu interdire ces situations potentiellement très, très dévastatrices», a déclaré M. Trudeau aux journalistes à Sainte-Anne-de-Bellevue.

«Nous travaillons avec des partenaires du monde entier (…) en partageant des renseignements et il existe de nombreuses situations dans lesquelles les renseignements canadiens ont été importants pour nos partenaires du monde entier.»

La GRC avait indiqué dans son communiqué la semaine dernière que Khan faisait face à trois chefs d’accusation au Canada: tentative de quitter le pays en vue de commettre une infraction pour un groupe terroriste, participation à une activité d’un groupe terroriste, et complot en vue de commettre une infraction en enfreignant les lois en matière d’immigration des États-Unis – en entrant ou en tentant d’entrer illégalement aux États-Unis.

Il a ensuite été arrêté de nouveau en vertu d’un mandat provisoire concernant la demande d’extradition des Américains.

Me Bourassa a déclaré vendredi qu’il n’était au courant d’aucune accusation portée contre Khan au Canada, et un avocat du ministère de la Justice présent au tribunal vendredi a renvoyé les questions à un porte-parole à Ottawa.

«Il a été surpris, il a été arrêté à la frontière dans des circonstances particulières», a déclaré Me Bourassa.

Khan est toujours détenu à la prison de Bordeaux, à Montréal.