Mode de travail hybride: des impacts économiques sur le centre-ville de Montréal

MONTRÉAL — L’adoption d’un modèle de travail hybride chez de nombreuses entreprises aurait pour effet de réduire, par rapport au niveau prépandémie, l’achalandage de 19 à 25 % et les dépenses de consommation d’un maximum de 14 % au centre-ville de Montréal, du moins à court terme, entrevoit une analyse de la firme PwC Canada. 

«C’est énorme», a réagi au regard de la perte d’achalandage, le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, en conférence de presse. 

L’analyse réalisée pour le compte de la CCMM a été dévoilée vendredi, à l’approche de la fin du télétravail obligatoire au Québec, prévue le 28 février.

Elle estime que la baisse du nombre de travailleurs fréquentant quotidiennement ce pôle financier d’importance au pays sera progressivement compensée «par la création de nouveaux emplois générés par le momentum économique et la croissance des entreprises». 

Tandis que la diminution des dépenses pourrait être atténuée «si les travailleurs maintiennent leur niveau de dépenses en les concentrant sur les quelques jours de présences au centre-ville». La réduction de la consommation prend aussi en compte une baisse du nombre de résidants, d’étudiants et de touristes. 

Les estimations avancées se basent notamment sur un sondage mené par la firme Léger auprès de 1079 dirigeants et employés dont le lieu de travail est sur l’île de Montréal. Il montre une nette préférence pour une présence de un à trois jours par semaine au bureau. Seulement 19 % des travailleurs du centre-ville désirent retourner dans leur milieu de travail à temps plein. 

L’analyse propose des actions pour limiter le «choc» de cette perte d’achalandage au coeur de la métropole québécoise et éviter que celui-ci tombe «dans une spirale de dévitalisation». 

Il est notamment suggéré de bonifier les offres culturelles et de divertissement et d’accroître la mixité des usages en favorisant la construction d’unités d’habitation et une diversification du type d’entreprises. 

Selon M. Leblanc, les décideurs doivent favoriser la perception d’un centre-ville où il est agréable de passer du temps même après le travail. La venue d’employés quelques jours par semaine s’apparente à des voyages d’affaires qui conjuguent rencontres et activités, a-t-il illustré. 

«Ce ne sera pas toutes les semaines, tous les jours. Mais si on est dans cet état esprit que le centre-ville de Montréal est une destination de travail, mais agréable sur toutes les autres facettes, on va à ce moment-là accroître l’intérêt d’y venir et réduire le 25 %. Et on va augmenter la dépense, donc le 14 % va peut-être devenir un 10 % de baisse», a soutenu M. Leblanc. 

Un «mini plan Marshall»

L’étude intitulée «Relancer le centre-ville de Montréal dans un environnement en profonde mutation» aborde aussi l’enjeu du commerce en ligne. 

M. Leblanc souhaite une initiative facilitant la vie des entrepreneurs et des commerçants qui veulent relancer des projets d’affaires. 

Il a appelé à mettre en oeuvre un «mini plan Marshall», faisant référence au programme d’aide américain pour la reconstruction et la relance des villes européennes dévastées par la Seconde Guerre mondiale. 

«Le centre-ville de Montréal n’a pas été bombardé, mais quand on regarde la trame commerciale, il y a beaucoup de trous. On aura besoin dans la prochaine année d’un mini plan Marshall pour aider à la reprise de projets d’entreprise. (…) Ça nous prend une stratégie pour que cet espace du centre-ville qui est présentement extrêmement fragilisé ne garde pas des devantures barricadées pendant très longtemps», a-t-il déclaré, interpellant Québec et Ottawa pour qu’ils interviennent. 

M. Leblanc demande aux différents paliers du gouvernement de soutenir davantage financièrement la tenue d’événements d’envergure attirant des touristes de l’étranger. 

À ses côtés, la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau, a indiqué que le financement pour les grands festivals sera maintenu, sans prendre d’engagement pour une aide supplémentaire. 

L’étude de PwC avance également des recommandations sur les plans de la gestion des chantiers et l’accessibilité des transports en commun afin de rehausser l’expérience du centre-ville. 

Des propositions visent aussi les employeurs pour faciliter la transition vers le modèle de travail hybride. 

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.