Pierre Poilievre pourfend les objectifs d’immigration des libéraux

OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre a beau pourfendre le système d’immigration du Canada, il est incapable de dire s’il en modifierait les objectifs actuels.

Devant des journalistes sur la colline du Parlement, mardi, M. Poilievre a critiqué les récents commentaires du premier ministre Justin Trudeau sur le logement. Il s’est aussi engagé à accélérer l’entrée des immigrants qualifiés dans les métiers de la construction.

Le gouvernement fédéral s’est fixé pour objectif d’accueillir 500 000 immigrants par an d’ici 2025, malgré des inquiétudes à propos du fait que cela pourrait aggraver la crise du logement dans le pays.

Ottawa a défendu son objectif ambitieux et l’a qualifié de nécessaire compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre et des milliers de postes vacants que les employeurs continuent de connaître depuis la pandémie de COVID-19.

M. Poilievre dénonce l’objectif libéral, qu’il dit motivé par «l’idéologie» de M. Trudeau, mais n’a pas répondu aux questions répétées quant à savoir s’il envisagerait de réduire le nombre.

Il dit qu’un gouvernement conservateur fonderait plutôt sa politique d’immigration sur les besoins des employeurs du secteur privé, mais aussi en fonction de la capacité des organismes de bienfaisance à soutenir les réfugiés et le désir de réunification familiale d’immigrants déjà installés au pays.

«Je veillerai à ce que nous ayons un logement et des soins de santé afin que lorsque les gens arrivent ici, ils aient un toit au-dessus de leur tête et des soins quand ils en auront besoin», a-t-il annoncé, mardi.

«Je veillerai à ce qu’il soit plus facile pour les employeurs de pourvoir de véritables postes vacants qu’ils ne peuvent pas combler actuellement», a-t-il ajouté.

Statistique Canada a rapporté le mois dernier que le pays faisait face à un peu plus de 781 000 postes vacants.

En quête d’appuis

Les commentaires de M. Poilievre interviennent alors que les conservateurs tentent d’accroître leurs appuis au sein des communautés de nouveaux arrivants dans certaines des plus grandes villes et banlieues du pays, vendant le parti comme étant pro-immigration.

Les conservateurs ont du mal à regagner un tel soutien depuis qu’ils ne forment plus le gouvernement, après l’élection de 2015, alors qu’ils avaient fait campagne pour s’engager à mettre en place une ligne de dénonciation pour les soi-disant «pratiques culturelles barbares».

Un examen de la défaite électorale du parti en 2021 a appelé au recrutement de candidats plus diversifiés et à une meilleure sensibilisation des communautés culturelles.

En plus de participer à de nombreuses tables rondes organisées par des médias de diverses communautés culturelles, d’assister à différents événements culturels et de rencontrer divers groupes d’affaires, M. Poilievre a abordé dans ses discours le coût de la vie, le manque de logements abordables et le prix élevé des denrées alimentaires.

Plutôt que de discuter des cibles d’immigration, le chef conservateur a mis l’accent sur les lacunes du système.

Ses adversaires, cependant, surveillent attentivement sa position. Le NPD a attaqué M. Poilievre en mai pour avoir soutenu une motion du Bloc québécois qui condamnait les objectifs en immigration du gouvernement, qui, selon le parti d’Yves-François Blanchet, n’avaient pas tenu compte de leur impact sur la langue française au Québec, ainsi que sur le logement, les écoles et les soins de santé.

Dans ses allocutions, M. Poilievre insiste beaucoup sur les inquiétudes concernant le nombre d’étudiants internationaux décédés par suicide depuis la pandémie, davantage s’appuyant sur les banques alimentaires.

Il a promis d’accélérer les processus d’octroi de licences pour les médecins et les infirmières qui viennent s’établir au Canada, affirmant mardi que les conservateurs s’assureraient «que les immigrants qui viennent ici en tant que professionnels aient la chance de travailler dans leur profession».

Il s’en est aussi pris au nouveau ministre du Logement, Sean Fraser, qui occupait le portefeuille de l’immigration avant le récent remaniement ministériel.

Qualifiant M. Fraser de «pire ministre de l’Immigration de l’histoire du Canada», M. Poilievre lui a reproché, ainsi qu’à Justin Trudeau, de laisser des demandeurs d’asile dormir dans les rues de Toronto en raison d’un manque de places dans le système de refuges de la ville.

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé qu’il donnerait à la Ville près de 100 millions de dollars pour l’aider dans le secteur du logement.