Retour des élus fédéraux au Parlement lundi: le gouvernement libéral plus fragile

OTTAWA — Les élus fédéraux retournent sur la Colline du Parlement, lundi, et ils vont constater que le paysage politique a considérablement changé.

La dernière fois qu’ils se sont réunis dans la capitale du pays, les libéraux savaient que leurs perspectives étaient médiocres après avoir langui pendant plus d’un an dans les sondages, mais ils étaient certains que les néo-démocrates les empêcheraient de faire tomber leur gouvernement minoritaire avant le prochain budget, du moins.

Plusieurs changements importants sont survenus durant l’été et le gouvernement, fragilisé, fonctionnera maintenant comme une véritable minorité et le pays pourrait être plongé en élection à n’importe quel moment.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a déchiré un pacte politique avec le gouvernement libéral et fait déjà face au défi lancé par le chef conservateur, Pierre Poilievre, de voter en faveur d’une motion de censure envers le premier ministre Justin Trudeau et son parti au pouvoir.

Les enjeux sont élevés pour le NPD, dont la popularité électorale ne semble pas s’être améliorée de façon drastique à la suite de certaines lois et programmes qu’il a réussi à obtenir des libéraux dans le cadre de l’entente, y compris un plan de soins dentaires et un projet de loi sur l’assurance-médicaments qui est en cours d’examen au Sénat.

La nouvelle dynamique à Ottawa ouvre aussi de nouvelles possibilités pour le Bloc québécois (BQ), dont le chef Yves-François Blanchet a déjà indiqué qu’il était prêt à faire affaire avec les libéraux en échange de sa propre liste de revendications qui profitent au Québec.

Les dispositions du Bloc comprennent le fait que les libéraux ont donné le feu vert au projet de loi d’initiative parlementaire C-319, qui porterait les pensions aux personnes âgées de 65 à 74 ans au même niveau que celles versées aux personnes âgées de 75 ans et plus.

Les libéraux ont entre-temps dit qu’ils évitent les machinations politiques que les partis de l’opposition sont en train d’élaborer et se concentrent plutôt sur «livrer (la marchandise) aux Canadiens».

Les libéraux auraient préféré sans doute que leurs projets de loi clés soient adoptés par la Chambre des Communes, y compris leur projet de loi sur l’assurance-médicaments et la controversée Loi sur les préjudices en ligne, mais les autres partis pourraient faire obstacle à cette avancée.

M. Singh a commencé à formuler des critiques beaucoup plus sévères à l’endroit du premier ministre et de son gouvernement depuis qu’il a rompu son entente avec les libéraux, qui leur assurait de rester au pouvoir jusqu’en juin 2025. Des néo-démocrates ont cependant laissé entendre que leur chef n’est pas plus enclin à une élection que M. Trudeau en ce moment.

Tous les partis seront testés lundi après le départ des députés pour la soirée, alors qu’ils attendront avec impatience les résultats de deux élections partielles cruciales. Les résultats donneront le ton au Parlement pour le reste de la session.

Le NPD tente de repousser les conservateurs de Poilievre dans la circonscription d’Elmwood à Winnipeg — Transcona et les libéraux font une course à trois contre le NPD et le Bloc à LaSalle—Émard—Verdun, à Montréal.

«Je suis impatient de discuter avec vous ce week-end à LaSalle — Émard — Verdun, mais aussi d’accueillir Laura Palestini à Ottawa dès lundi», a déclaré vendredi M. Trudeau en projetant une attitude positive quant aux perspectives de sa candidate libérale dans ce bastion libéral qui semble fragilisé.

La pression s’accentue à nouveau sur Justin Trudeau, qui a déjà reçu des appels de la part de membres du Parti libéral du Canada (PLC) pour lui demander de se retirer comme chef après la défaite du PLC lors d’une autre élection partielle à Toronto — St. Paul’s en juin. Ces voix se sont faites plus discrètes au cours de l’été.

Les députés libéraux ont vite nié que l’élection complémentaire à Montréal était un test sur le leadership de M. Trudeau lorsqu’ils se sont retirés à Nanaimo, en Colombie-Britannique, la semaine dernière, pour discuter de stratégie avant la rentrée parlementaire.

Jagmeet Singh pourrait faire l’objet d’un examen semblable s’il perd le siège du NPD à Winnipeg, qu’il détient depuis longtemps, et si son candidat ne parvient pas à ravir la circonscription de LaSalle — Émard — Verdun aux libéraux.

Quant aux conservateurs, ils devraient se réunir à Ottawa ce week-end pour discuter de leur plan pour la séance d’automne et de la façon dont ils peuvent inciter leurs adversaires à écourter la prochaine session parlementaire.