Sondage contre l’indemnisation des pétrolières: Jonatan Julien pas surpris

QUÉBEC — Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, est nullement surpris que l’opinion publique soit contre son projet d’indemniser les pétrolières et gazières, mais il n’a pas l’intention de reculer. 

M. Julien réagissait au sondage Léger commandé par des groupes écologistes et publié jeudi matin. Les 1000 répondants étaient appelés à se prononcer sur l’indemnisation de 100 millions $ proposée par le gouvernement caquiste.

Pas moins de 54 % des personnes interrogées estimeraient que 100 millions $ seraient trop élevés, tandis qu’un répondant sur cinq est d’avis que cette somme est juste assez élevée.

«Honnêtement, j’aurais été tellement surpris que le résultat soit autrement que ça», a-t-il commenté jeudi. 

«Quand on dit qu’on va indemniser une industrie, j’aurais trouvé très particulier que les gens disent: « on fait la vague, pis on trouve ça bien »», a-t-il poursuivi en commission parlementaire sur le projet de loi 21.

C’est par ce texte législatif que le gouvernement prévoit de mettre fin aux activités de recherche et d’exploitation des hydrocarbures au Québec en indemnisant les entreprises à hauteur estimée à 100 millions $.

«On espère que cette fois, le gouvernement va écouter la population», a plaidé en commission parlementaire Alice-Anne Simard, de Nature Québec, en appui au sondage.  

Comme d’autres organismes écologistes, Nature Québec et Greenpeace soutiennent au contraire que le Québec ne doit pas indemniser les entreprises, en citant notamment l’avis du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE).

M. Julien a répété à plusieurs reprises que le Québec a une responsabilité parce qu’il a cautionné les activités des entreprises en vendant des permis et en mettant en place une législation pour les encadrer.

Or le Québec a été floué, selon Patrick Bonin, de Greenpeace.

«Des entreprises ont vendu quelque chose au gouvernement qui ne correspond pas à la réalité de son impact environnemental et de son acceptabilité sociale», a-t-il dit en commission parlementaire.

«Ce sont ces entreprises qui ont une dette envers la société, et non le Québec qui a une dette envers elle», a soutenu le porte-parole de Greenpeace, en arguant qu’elles ont causé des dommages à l’environnement.

Mardi, l’association qui représente les pétrolières et gazières du Québec a estimé à environ 500 millions $ l’indemnisation qu’elles réclamaient pour les dépenses encourues et à plusieurs milliards pour les profits auxquels elles devraient renoncer.

M. Julien a réitéré qu’il allait discuter avec ses collègues des autres partis des modalités du calcul de l’indemnisation.

Dans sa forme actuelle, le projet de loi couvre, dans un premier volet, les dépenses engagées depuis 2015 par cinq entreprises (66 millions $ sur les 100 millions $) et couvre, dans un deuxième temps, les trois quarts des frais de fermeture des puits et de restauration des sites (33 millions $ sur les 100 millions $). 

Le gouvernement fait le pari que les entreprises veilleront à payer leur part de la réhabilitation de leurs puits, environ 11 millions $, plutôt que de simplement déclarer faillite et laisser la facture à l’État.

Dans l’enquête d’opinion, plus des deux tiers des répondants (70 %) seraient d’avis que les entreprises doivent être tenues responsables financièrement des dégâts causés par les 960 puits forés au Québec. Seulement 4 % des personnes sondées jugent que les contribuables devraient payer.

Le sondage web a été réalisé du 18 au 20 février auprès de 1007 Québécois. Il s’agit d’un échantillon non probabiliste. S’il s’agissait d’un échantillon probabiliste, la marge d’erreur serait de plus ou moins 3,1 %, 19 fois sur 20.   

Le sondage a été notamment commandé par les organismes Équiterre, Nature Québec, l’Association des médecins pour l’environnement, Greenpeace, la Fondation David Suzuki, le Front commun pour la transition énergétique.