Tous les gouvernements doivent tenir le Stampede responsable, croit un député fédéral

CALGARY — Tous les ordres de gouvernement doivent tenir la direction du Stampede de Calgary responsable de la façon dont elle a géré des années d’abus sexuels dans une école de spectacle qu’elle dirige, a déclaré l’un des dix députés de la ville.

«Tous les niveaux de gouvernement ont un rôle à jouer pour s’assurer que si l’argent des contribuables est (accordé), nous nous assurons que des garanties soient en place», a affirmé le député libéral de Calgary Skyview, George Chahal, lundi en entrevue avec La Presse Canadienne.

La semaine dernière, un règlement partiel a été conclu dans le cadre d’un recours collectif alléguant que le Stampede avait permis à un membre du personnel de l’École des arts de la scène pour les jeunes du Stampede d’abuser des garçons. Philip Heerema purge actuellement une peine de 10 ans de prison pour avoir attiré six garçons dans des relations sexuelles alors qu’il travaillait pour l’école.

Les abus remontent au moins à 1992. Joel Cowley, directeur général du Stampede de Calgary, a reconnu que l’organisation aurait dû être informée des allégations et y donner suite beaucoup plus tôt qu’elle ne l’a fait.

En entrevue, M. Chahal a estimé que les remords du Stampede, bien qu’ils puissent être sincères, ne sont pas assez. Le public mérite de savoir ce qui s’est passé et quelqu’un doit être tenu responsable, estime-t-il.

«Je vais continuer à faire en sorte que le public ait droit d’avoir l’heure juste et à ce que l’organisation soit forcée d’être transparente avec la population et surtout les victimes», a avancé le député.

La poursuite qui a donné lieu au règlement partiel est toujours devant les tribunaux. Les dommages-intérêts doivent être déterminés plus tard cet été, en attendant l’approbation du règlement par un juge lors d’une prochaine audience qui se tiendra le 25 septembre.

M. Chahal est jusqu’à présent le seul politicien albertain qui réclame directement des conséquences financières pour le Stampede.

Ron Liepert, le seul des neuf députés conservateurs de Calgary qui a répondu aux questions de La Presse Canadienne lundi, a soutenu que M. Chahal cherche avant tout à gagner des points dans la joute politique.

«Il sait à quel point les libéraux de Justin Trudeau sont impopulaires en Alberta. Il ne peut pas défendre leur bilan, alors il cherche d’autres problèmes pour essayer de se faire remarquer», a-t-il fait valoir.

M. Liepert a ajouté qu’il n’y a aucune preuve que le conseil d’administration du Stampede a perdu la confiance du public.

Vendredi, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a confirmé que le financement octroyé au Stampede par le gouvernement conservateur uni de la province sera maintenu. La ministre des Arts, de la Culture et de la Condition féminine de la province, Tanya Fir, a indiqué qu’elle rencontrera l’organisation du Stampede pour discuter de la sécurité des jeunes impliqués dans le festival.

Le gouvernement albertain accorde au Stampede environ 6 millions $ par an.

«Le Stampede de Calgary profite d’un soutien considérable de la part de plusieurs niveaux de gouvernement et de tous les Calgariens, a noté la cheffe de l’opposition néo-démocrate provinciale, Rachel Notley, dans un communiqué. Une responsabilité complète et claire du rôle du Stampede dans cet abus et le traumatisme qui en résulte est nécessaire.»

Vendredi, la mairesse de Calgary, Jyoti Gondek, a déclaré que le fait que le conseil n’ait pas agi dès qu’il a eu connaissance du problème est une «tragédie».

«Je suis heureuse que la responsabilité ait été acceptée par le Stampede de Calgary», a-t-elle déclaré aux journalistes.

Elle a mentionné que le conseil municipal examinerait «très attentivement» toutes les mesures que le Stampede mettra en place pour s’assurer que de tels abus ne se reproduisent plus.