Troisième lien: François Legault tente de calmer la grogne

QUÉBEC — Le gouvernement est sous le feu des critiques depuis plusieurs jours après son recul sur le troisième lien autoroutier. Mardi, le premier ministre François Legault a tenté de calmer la grogne autant au sein de son caucus que dans la population. Il fait d’ailleurs miroiter le début des travaux du tunnel dédié au transport en commun avant la fin du présent mandat.

«Ma volonté, c’est d’aller le plus vite possible tout en le faisant correctement. Il faut d’abord établir quel sera le mode de transport en commun, mais il me semble qu’on devrait être capable d’en faire un bout en trois ans et demi», a-t-il déclaré mardi. 

Il réagissait aux propos de son ministre Bernard Drainville, un peu plus tôt la même journée. «J’ose croire qu’on est capable d’arriver en 2026 et d’avoir quelque chose qui montre qu’on a vraiment avancé et que la réalisation est en court. C’est ça mon objectif», a lancé le député de Lévis au sortir d’une rencontre avec le premier ministre et les autres élus de la grande région de Québec.

«Je souhaite être capable de dire: “regardez, vous voyez qu’on est en train de le réaliser. Ça prend forme. Voyez à quoi ça ressemble”», a-t-il ajouté.

Selon M. Drainville, cela permettrait de convaincre les citoyens qui sont sceptiques sur la nouvelle mouture du troisième lien. 

Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, est du nombre. La semaine passée, il a vertement critiqué la décision du gouvernement. «Ça ne m’intéresse même plus de mettre de l’énergie dans ce projet-là. Le gouvernement a perdu toute crédibilité», avait-il affirmé alors. 

Le chef de la CAQ avait affirmé en 2018 que la construction du troisième lien autoroutier aurait pu débuter dans le premier mandat de son gouvernement. 

«C’est moi qui ai pris cette décision»

Le premier ministre a fait le point sur la volte-face de son gouvernement sur le troisième lien mardi après-midi. «C’est moi qui ai pris la décision et je l’assume», a-t-il dit. 

«Je ne m’excuserai pas de prendre la meilleure décision pour les Québécois, même si c’est une décision difficile», a ajouté le premier ministre. 

François Legault a aussi réitéré sa confiance envers Éric Caire, qui avait mis son siège en jeu sur la question du troisième lien. «Je donne mon appui total à Éric Caire», a-t-il dit. 

M. Caire dit ne pas être ébranlé par la pétition lancée lundi par le Parti conservateur d’Éric Duhaime qui demande sa démission. Il a réitéré qu’il n’allait pas démissionner et qu’il allait plutôt expliquer le changement de cap à ses électeurs. 

Questionné à savoir s’il leur devait des excuses, il a répondu qu’il leur devait plutôt des «explications».

«Je comprends bien la décision»

Les élus caquistes de la région de Québec sont allés exprimer à leur chef François Legault le mécontentement et la colère de leurs citoyens mardi matin, à la suite de l’abandon par le gouvernement du projet de tunnel autoroutier Québec-Lévis. 

La ministre et députée de la région, Martine Biron, affirme que cette rencontre a permis d’unifier les troupes. «Toute l’équipe de Québec et Chaudière-Appalaches sort soudée ensemble et les gens veulent vraiment avancer et faire des choses pour nos citoyens. Le mot grogne est mauvais. On peut parler de déception», a-t-elle soutenu.

«Je comprends bien la décision, mais ça n’enlève pas la déception. (…) On est une famille. Je ne vais pas sortir de la famille parce qu’on a eu une chicane», a affirmé la députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa. 

«C’était une excellente rencontre. On est tissé serré. C’est la force de notre caucus», a dit le ministre Jonatan Julien. 

Des députés ont toutefois reconnu qu’il y a eu des problèmes de communications. 

«Je pense que l’ascenseur doit remonter»

Avant la rencontre, la ministre Biron soutenait que les citoyens de Chaudière-Appalaches devaient recevoir une compensation pour l’abandon du troisième lien.

«C’est ce qu’on fait généralement quand on ne tient pas nos promesses. On dit aux gens: “je vais te le rendre. Je t’en dois une”. (…) Je pense que l’ascenseur doit remonter», avait-elle affirmé. 

Mme Biron ne s’est pas avancée sur ce qui pourrait concrètement calmer la grogne de ses commettants. «Il y a plein de projets», a-t-elle simplement dit. 

Évoquant la baisse de l’achalandage post-pandémie, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a annoncé jeudi dernier que Québec proposerait plutôt un projet de tunnel consacré uniquement au transport en commun.

Mme Guilbault, elle-même une élue de la région de Québec, a reconnu que cette décision avait provoqué de vives réactions au sein du caucus de la CAQ de la grande région de la capitale.

La semaine dernière, Bernard Drainville a dû retenir ses larmes lorsqu’il a présenté ses excuses à ses commettants. La même journée, Martine Biron s’était dite «blessée».