Trudeau et Blanchet nient avoir discuté d’une coalition, comme le prétend Poilievre

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau et le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, ont tour à tour nié mardi avoir eu une conversation téléphonique pour discuter de former une éventuelle coalition, comme l’a prétendu à maintes reprises le chef conservateur Pierre Poilievre.

«J’ai régulièrement des conversations avec le chef du Bloc, mais je (n’en) ai pas eu récemment, ni sur ce sujet-là. La dernière fois qu’on s’est parlé, c’était sur l’Israël et le Proche-Orient», a d’abord répondu M. Trudeau lors de la période des questions.

M. Poilievre venait tour à tour d’affirmer avoir appris dans «La Presse» que «le Bloc veut garder les libéraux au pouvoir pendant deux ans» et qu’«il y a eu un appel entre le chef du Bloc et le premier ministre pour sauvegarder l’agenda de ce gouvernement libéral».

«Est-ce que le premier ministre va révéler aux Canadiens, dans l’intérêt de transparence, toutes les conditions de cette nouvelle coalition coûteuse», a-t-il poursuivi en français.

Or, l’article auquel fait référence M. Poilievre ne fait jamais mention d’un appel téléphonique ou de la formation d’une coalition entre le gouvernement libéral minoritaire et le Bloc québécois.

Il souligne cependant que les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes ne souhaitent pas se lancer en campagne électorale pour le moment compte tenu de l’importante avance des conservateurs dans les intentions de vote.

Le texte révèle aussi que des élus du Bloc auraient confié à des ministres libéraux qu’ils «feront preuve de patience» avant de déclencher des élections. Il mentionne que leur chef avait déclaré ne pas être dérangé à l’idée que les libéraux terminent leur mandat. Ces deux années, mentionnait-il, lui permettraient de «bien identifier, définir et faire connaître» ses adversaires.

Dans ses questions suivantes, toutes en anglais, M. Poilievre a utilisé le terme «les séparatistes» pour référer aux députés du Bloc en plus de répéter encore et encore qu’une coalition est née.

Dès qu’il en a eu l’occasion, le chef bloquiste a rectifié le tir. «L’appel dont parle le chef de l’opposition n’a jamais existé, mais la seule affaire que le chef de l’opposition dit de vrai, c’est qu’on est des séparatistes», a envoyé M. Blanchet avant de poursuivre sur d’autres sujets.

Lundi, les libéraux ont battu, grâce à l’appui du Bloc québécois, une motion conservatrice qui visait à élargir la suspension de la tarification fédérale sur le carbone à toutes les formes de chauffage résidentiel, et pas seulement pour le mazout.

M. Poilievre est immédiatement sorti de la Chambre des communes pour déclarer que le gouvernement Trudeau a été «sauvé par des séparatistes». C’était aussi la première fois qu’il prétendait que Justin Trudeau est «entré dans une coalition coûteuse» non sans réitérer son slogan voulant que «ça coûte cher voter Bloc».

Lorsque questionné par une journaliste de La Presse Canadienne sur ce qui lui faisait croire qu’il y a une coalition entre le Bloc et les libéraux, M. Poilievre avait demandé à la journaliste: «est-ce que vous questionnez La Presse?».

«Je ne vais pas accepter les attaques contre les médias. C’était dans les médias. Ça doit être vrai, non», a renchéri celui qui, lors de cette rare fois où il s’est pointé devant les journalistes, n’a répondu à des questions que pendant quatre minutes.

Le Bloc avait dévoilé ses couleurs peu avant le vote en expliquant que bien que «la taxe carbone ne s’applique pas au Québec», l’environnement, lui, concerne la province, et que les changements climatiques coûtent «extrêmement chers», quoi qu’en disent les slogans «démagogiques» des conservateurs.

Les néo-démocrates ont pour leur part appuyé la motion, estimant que l’exemption temporaire sur le mazout résidentiel de la tarification du carbone annoncée il y a près de deux semaines par M. Trudeau favorise injustement certaines provinces où ce combustible est davantage utilisé. 

Ils ont présenté mardi leur «plan» qui consiste à enlever la taxe de vente fédérale sur toutes les formes de chauffage domestique. Un vote par appel nominal sur leur motion est prévu mercredi après-midi.

Malgré cet appui surprenant du NPD à une motion conservatrice, la formation politique affirme que l’entente «de soutien et de confiance» conclue avec les libéraux en mars 2022 afin de maintenir ces derniers au pouvoir en échange de certaines conditions reste en vigueur.