Ukraine: le ministre des Finances Eric Girard parle de volatilité et d’incertitude

QUÉBEC — La guerre entre la Russie et l’Ukraine risque de toucher les Québécois de plus d’une façon, selon le ministre des Finances, Eric Girard, qui prévient que le prix de l’essence pourrait encore augmenter. 

«Les développements dans les dernières heures sont préoccupants, ça crée de l’incertitude», a-t-il affirmé jeudi en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

«Étant donné que la Russie est un producteur important d’énergie, ça augmente les prix de l’énergie, ça crée de l’inflation et ça pourrait ralentir l’économie mondiale», a-t-il ajouté.

Eric Girard prévoira donc dans le budget qu’il présentera le 22 mars une réserve peut-être plus importante, afin de contrer les possibles effets économiques de la guerre en Ukraine.

Le porte-parole libéral en matière de finances, Carlos Leitao, venait justement d’inviter le ministre à réécrire une partie de son budget et à mettre de côté une provision de «quelques milliards de dollars».

M. Leitao, un économiste de renom, a mis en garde contre la hausse de l’inflation. À son avis, dans quelques mois, les Québécois se souviendront de l’époque où l’inflation n’était qu’à 5 % comme étant «le bon vieux temps».

«Ça va aller beaucoup plus que ça dans les mois à venir. L’effet de l’inflation est cumulatif: les prix augmentent, augmentent, augmentent et c’est très rare qu’ils baissent», a-t-il averti.

De l’aide pour les entreprises québécoises

À son arrivée, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a exprimé une évidence: «ce n’est pas une bonne nouvelle». Il a annoncé qu’il soutiendra les entreprises qui seront touchées par un éventuel embargo. 

«Les entreprises québécoises qui auraient une dépendance envers l’Ukraine ou la Russie, parce qu’il peut y en avoir, on va les aider. On l’a fait dans le bois d’oeuvre, on l’a fait dans tous les conflits», a déclaré M. Fitzgibbon.

«Je veux rassurer toutes les entreprises québécoises, si elles ont des difficultés financières suite au manque de relations internationales qu’il va y avoir, on va être là», a-t-il ajouté.

Le premier ministre François Legault s’est montré encore plus rassurant. D’après lui, le conflit ne devrait pas trop nuire à la reprise économique. Il note que le président américain Joe Biden a exclu une intervention militaire.

«Le conflit (…) vient créer de l’incertitude, a-t-il dit en marge d’une annonce à Maniwaki. Par contre, (…) si ça se limite aux sanctions (économiques), je ne pense pas qu’il va y avoir un impact majeur sur l’économie mondiale.»  

Le Québec condamne l’invasion, ouvre sa porte aux réfugiés

En matinée, des élus de tous les partis politiques ont condamné l’invasion russe, à commencer par M. Legault, qui a gazouillé que «(s)es pensées accompagnent le peuple ukrainien».  

«On souhaite de tout cœur voir un cessez-le-feu rapidement. Le gouvernement fédéral peut compter sur notre entière collaboration dans les efforts qu’il va entreprendre en ce sens.»

Sa ministre des Relations internationales, Nadine Girault, a qualifié la situation d’«absolument épouvantable». Le Québec offrira du «support matériel», de l’aide humanitaire et accueillera sa part de réfugiés, a-t-elle déclaré.

Pour Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, les scènes auxquelles on assiste en Europe sont «extrêmement inquiétantes» et «inédites pour ma génération».

«C’est inadmissible», a-t-il déclaré, disant être de tout coeur avec la communauté ukrainienne du Québec, qui vit des moments «extrêmement difficiles».

Le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, déplore quant à lui un «jour sombre pour la démocratie de l’Occident».