Une clinique plus «conviviale» pour les patients en crise de santé mentale

REGINA — À Regina, en Saskatchewan, un nouveau centre de santé a prévu un espace réservé aux personnes nécessitant une aide psychologique urgente, accessible de l’extérieur par une porte spécifique.

C’est ce qu’espérait depuis longtemps Rebecca Rackow, directrice de la recherche et de la défense des droits des patients à la section provinciale de l’Association canadienne pour la santé mentale.

Citant ses propres recherches, Mme Rackow a déclaré que l’établissement de santé de Regina pourrait être le premier au Canada à offrir une entrée particulière aux patients en santé mentale. Une telle installation existe en Australie et elle fonctionne très bien, selon la chercheuse.

Le nouveau centre de soins d’urgence à Regina, qui doit ouvrir ses portes au début de l’année prochaine, devrait fonctionner 24 heures sur 24, sept jours sur sept, avec une équipe de travailleurs de la santé aidant les personnes souffrant de maladies physiques mais aussi de problèmes de santé mentale.

Colleen Quinlan, directrice de la santé mentale et des dépendances à la Régie de la santé de la Saskatchewan, précisait en juin que le nouveau centre disposera de deux salles d’attente et de deux entrées distinctes. Elle expliquait que les gens qui traversent une crise de santé mentale ne sont pas toujours au calme dans la salle d’urgence d’un hôpital, avec tout le bruit et l’activité. 

Selon Mme Rackow, la recherche montre qu’une salle d’urgence trépidante peut entraîner de l’agitation, de la frustration et parfois de la violence, voire le départ des patients de l’hôpital. Ces situations sont particulièrement aiguës la nuit, lorsque les services sont limités mais particulièrement nécessaires, a-t-elle déclaré.

Le gouvernement de la Saskatchewan envisage de construire un centre similaire à Saskatoon, mais Mme Quinlan a refusé de dire s’il aura une entrée séparée pour la santé mentale.

Mme Rackow a expliqué qu’elle et ses collègues avaient commencé à rechercher les meilleures pratiques en matière de soins de santé mentale d’urgence après le décès de Samwel Uko, il y a plus de trois ans, à Regina. L’homme s’était noyé dans le parc Wascana après avoir demandé de l’aide en santé mentale à l’hôpital. Lors de sa deuxième visite à l’hôpital, la sécurité l’avait escorté hors de la salle d’urgence avant même qu’il ne puisse recevoir des soins. 

Une enquête sur son décès a recommandé à la Régie de la santé de mettre en place une formation sur la santé mentale et la diversité culturelle, ainsi que de veiller à ce qu’une infirmière psychiatrique soit en poste en tout temps. 

La Régie, qui a versé 81 000 $ à la famille de M. Uko pour ne pas avoir fourni de soins, a indiqué que l’équipe du nouveau centre de soins d’urgence devait suivre une formation appropriée. Mme Quinlan a aussi précisé que le centre devait prévoir des infirmières psychiatriques ou du personnel formé au travail social pour apporter immédiatement une aide aux patients en santé mentale.

Mme Rackow estime qu’il en faudra plus pour s’assurer que l’aide en santé mentale est la meilleure possible. Elle croit ainsi que l’«escouade de crise» à Regina, composée de policiers en civil et de travailleurs sociaux, devrait fonctionner en tout temps. Elle croit également que le personnel devait évaluer plus rapidement les patients en santé mentale lorsqu’ils se présentent à la réception, et devrait aussi s’assurer que les patients sont mis en contact avec des soutiens communautaires lorsqu’ils repartent.