Une panne au premier matin d’heure de pointe du Réseau express métropolitain

MONTRÉAL — Malgré une interruption de service ayant immobilisé les trains pendant 1 h 15, lundi matin, le maître d’œuvre du Réseau express métropolitain (REM), CDPQ Infra, se dit satisfait de cette première journée d’opération officielle.

«Ce matin, un accroc est venu teinter notre première journée, reconnaît le porte-parole de l’organisation, Jean-Vincent Lacroix. Mais comme n’importe où dans le monde, l’implantation d’un nouveau système de métro comporte une période de rodage.»

Un arrêt partiel du service, causé par un problème d’aiguillage, a été signalé vers 8 h. Les trains se sont ensuite complètement interrompus 30 minutes plus tard.

Entre temps, de nombreux passagers ont dû emprunter l’autobus pour faire la liaison entre Montréal et Brossard.

Le métro léger automatisé a pu reprendre la route vers 9 h 15.

Le reste de la journée, y compris l’heure de pointe de l’après-midi, s’est déroulé sans anicroche, s’est réjoui le directeur des communications de CDPQ Infra. «Depuis 9 h 15 ce matin, le REM roule, ça se passe bien, il n’y a pas eu d’autre interruption de service et beaucoup de gens sont venus par curiosité. La journée finit bien.»

Comme le REM sera en opération jusqu’à 1 h dans la nuit de lundi à mardi, les premiers chiffres concernant l’achalandage devraient être rendus publics mardi, a fait savoir M. Lacroix, qui a tout de même précisé que la journée de lundi n’avait pas suscité autant d’engouement que les journées portes ouvertes de samedi et dimanche.

D’autres incidents possibles

Le REM a été inauguré en grande pompe vendredi dernier, et samedi et dimanche, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont utilisé le nouveau système de train léger qui était ouvert au public gratuitement.

CDPQ Infra, qui est une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, affirme que le trajet entre Montréal et Brossard prend 18 minutes, soit 20 à 30 minutes de moins que le trajet en voiture aux heures de pointe.

M. Lacroix a commenté que des situations similaires à celle vécue au premier jour de la mise en service officielle du REM pourraient se reproduire, bien que l’organisation espère qu’elles seront limitées.

«On n’est pas immunisé totalement contre ce type d’incidents. (…) C’est le lot de tout système de transport de type métro. Quand on les lance, il y a évidemment ces ajustements-là qu’il faut traverser», a-t-il dit.

«Ce sont des situations qui peuvent arriver, on s’en souhaite très peu, mais on sait que ça va arriver encore. Il faut agir rapidement pour rétablir le service rapidement. On veut être prêt pour la rentrée scolaire», a également affirmé M. Lacroix.

Le porte-parole espère que les usagers seront compréhensifs et qu’ils n’hésiteront pas à adopter le nouveau mode de transport à la suite de ce faux départ. Il se rassure en mentionnant que le REM a laissé une bonne première impression le week-end dernier quand 120 000 personnes en ont fait l’essai.

«Je n’ai entendu que des commentaires élogieux. (…) Ce matin, on souhaite qu’on puisse passer à travers, qu’on ne s’arrête pas à cet élément. Qu’au contraire, on se rappelle qu’on a eu un beau week-end, que c’est un projet de longue haleine. On est dans du rodage, on est dans les premiers jours. C’est un marathon le REM», a soutenu M. Lacroix.

Apporter «un peu de modestie»

Selon Gérard Beaudet, professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, les usagers tourneront rapidement la page sur le pépin survenu lundi matin, pour autant qu’il ne se répète pas.

L’impact aurait été plus considérable vendredi dernier à la suite des «discours dithyrambiques», ou encore à la rentrée des classes, une période critique en matière de circulation, estime M. Beaudet.

«Jusqu’à nouvel ordre, on n’est pas dans la situation du transport collectif d’Ottawa (avec l’arrêt du train léger) où on a un sérieux problème qu’on semble incapable de résoudre. Si on réussit à corriger le tir et qu’il n’y a pas de pépins majeurs, les gens vont comprendre que ce sont des choses qui peuvent arriver», affirme-t-il en entrevue.

«Mais il ne faudrait pas que ça se reproduise et que ce soit des événements qui touchent différentes composantes les unes après les autres», poursuit M. Beaudet.

Il espère que cet épisode «aura inculqué un peu de modestie à CDPQ Infra et à ses dirigeants» qui se sont lancés dans le projet du REM sans avoir d’expertise sur les plans logistique et technologique dans le domaine du transport collectif.

Le spécialiste estime que l’organisme a été «très arrogant» et a adopté une attitude «extrêmement hautaine» sur la place publique envers tous ceux qui osaient avoir des réserves ou des critiques sur le projet, comme sur la question du bruit au passage des trains dans certains quartiers résidentiels.

«Ça pourrait leur retomber sur le nez s’il fallait que les choses ne s’arrangent pas rapidement», avance M. Beaudet.

Il est prévu que les voitures du REM soient en service tous les jours, 20 heures par jour, et qu’elles seront connectées aux trois principales lignes du métro de Montréal.

Trois autres tracés du REM sont toujours en construction, dont des lignes vers les municipalités de banlieue de l’ouest et du nord de Montréal, qui devraient être inaugurées vers la fin de 2024, et une liaison aéroportuaire, à Dorval, qui ne sera opérationnelle qu’en 2027.

À terme, le réseau comptera 26 stations qui s’étendront sur 67 kilomètres. Il s’agit du plus grand développement du transport en commun à Montréal depuis la construction du métro, dans les années 1960.