Cinq questions avec la buteuse en or d’Équipe Canada, Marie-Philip Poulin

La capitaine de l’équipe féminine canadienne de hockey, Marie-Philip Poulin, est la seule joueuse au monde, autant chez les hommes que chez les femmes, à avoir marqué un but lors de quatre finales olympiques consécutives.

La Beauceronne de 31 ans a consolidé sa réputation de buteuse en or en marquant deux fois, dont l’éventuel but gagnant, de la finale des Jeux de Pékin en février dernier, alors que le Canada a défait les États-Unis 3-2.

Poulin mènera la délégation canadienne au Championnat du monde qui sera lancé jeudi, à Herning et Frederikshavn, au Danemark. Le Canada commencera son tournoi contre la Finlande, à Herning.

La Québécoise a marqué sept buts en quatre finales olympiques, dont le but égalisateur tard en troisième et le but gagnant en prolongation lors de la finale de 2014, à Sotchi, un autre triomphe de 3-2 face aux Américaines. En 2010, à Vancouver, elle avait marqué les deux buts des siennes dans un gain de 2-0 aux dépens des États-Unis.

Elle avait aussi marqué en temps réglementaire lors de la défaite subie en tirs de barrage par le Canada, toujours contre les Américaines, à Pyeongchang en 2018.

Ses exploits ne sont pas limités aux Jeux olympiques. Son but en prolongation lors de la finale contre les États-Unis au Mondial de l’an dernier, à Calgary, a procuré un premier succès en près de 10 ans aux Canadiennes.

Poulin elle au sommet des marqueuses parmi les Canadiennes toujours actives avec 88 buts et 96 aides en 153 rencontres. Elle pointe au cinquième rang de tous les temps, derrière Hayley Wickenheiser, Jayna Hefford, Caroline Ouellette et Danielle Goyette. 

Wickenheiser, Hefford, et Goyette sont membres du Temple de la renommée.

Quand le pape Francis a parlé de travail d’équipe devant une foule d’Iqaluit, au Nunavut, lors de sa visite au Canada, il a fait référence à Poulin et sa coéquipière Sarah Nurse par leur nom.

«J’ai entendu ça, a dit Poulin. Ma grand-mère m’a envoyé un message. Je pense qu’elle en est très heureuse.»

La Presse Canadienne avait quelques questions pour Poulin à l’aube du Mondial. L’interview a été révisée et condensée pour sauver de l’espace.

Presse Canadienne (PC): Les JO ont eu lieu il y a six mois. Il s’agit du troisième championnat majeur en un an. Vous avez subi quelques blessures au genou au cours de votre carrière et avez participé à plusieurs rencontres internationales. Qu’est-ce qui vous a motivée à participer à ce tournoi au lieu de profiter d’un peu de repos?

Marie-Philip Poulin (MPP): «L’équipe. Les deux dernières années ont été si spéciales. Nous avons cette culture au sein d’Hockey Canada qui se transpose à l’équipe féminine et c’est vraiment bien. C’est donc difficile pour moi de m’éloigner de cette équipe. Nous avons connu beaucoup de succès au cours de la dernière année, mais nous ne prenons rien pour acquis. Nous retirons tellement de fierté de porter l’uniforme canadien. C’est un honneur chaque fois et c’est amusant. Mais ça a été un court été, je ne vais pas vous mentir.»

PC: Qu’est-ce que ça représenterait de mener le Canada à un troisième titre majeur comme capitaine en un an?

MPP: «Je n’ai pas pensé aussi loin, mais le groupe que nous avons est spécial. Il y a beaucoup de talent au sein de la relève également et, bien évidemment, ce serait un honneur. De remporter ces deux tournois majeurs en un an a été très bon pour notre confiance. Mais c’est maintenant du passé et nous regardons vers l’avenir.»

PC: Quelles sont vos fonctions avec le Canadien de Montréal et comment jumelez-vous cela à votre carrière sur la glace?

MPP: «Ils savaient quand je me suis assise avec eux que ma priorité était toujours de jouer. Il s’agit donc d’un rôle à temps partiel au sein du département du développement des joueurs. Avec le camp des recrues, en juillet, j’ai été en mesure de m’impliquer pendant trois jours et de voir ce qui s’y passait. C’était vraiment intéressant pour la joueuse que je suis. Vous voyez le sport d’une façon différente quand vous faites partie du personnel d’entraîneurs. J’ai tenté de voir ce qu’il y avait à apprendre pour les joueurs afin de pouvoir l’appliquer à mon jeu. J’ai hâte de pouvoir m’investir davantage dans ce rôle.»

PC: Plusieurs rapports font état qu’une ligue impliquant l’Association des hockeyeuses professionnelles (PWHPA) verrait le jour, appuyée par Billie Jean King Enterprises et le Mark Walter Group. À quel point êtes-vous près d’avoir la ligue féminine professionnelle que vous souhaitez?

MPP: «Ça s’en vient. je crois que nous avons maintenant un investisseur, mais le processus est plus lent que nous l’avions anticipé. Nous voulons tous une ligue dès demain, nous le savons tous. Je pense que nous avons les bonnes personnes en place. Nous leur faisons confiance. Nous avons cette association depuis plusieurs années maintenant et nous allons continuer d’espérer et de croire en ceux qui travaillent en coulisses afin que ça arrive bientôt.»

PCP: Pendant combien de temps encore souhaitez-vous jouer pour l’équipe nationale?

MPP: «Aussi longtemps que je pourrai suivre les jeunes. Elles ont beaucoup de talent. J’aime encore cela. Quand je n’aurai plus le sourire, quand je n’aurai plus de plaisir à me rendre à l’aréna, je saurai que c’est terminé. Mais ce n’est pas le cas.»