Des joueurs jettent un nouvel éclairage sur la Série du siècle dans un autre livre

À chaque anniversaire de la Série du siècle, les amateurs de hockey se souviennent de l’excitante victoire du Canada contre l’Union soviétique et du but de Paul Henderson lors du huitième et décisif match.

Aussi précieux que soient les souvenirs de cette confrontation en 1972 pour certains, ils restent pénibles pour d’autres.

Alexander Yakushev, le chef de file de l’Union soviétique avec sept buts dans la série, possède une vidéocassette des huit matchs qui est demeurée sur une étagère chez lui pendant des années. Il ne l’a jamais regardée et n’a pas l’intention de le faire.

«La douleur de ce dernier match est si grande que je n’arrive toujours pas à tout digérer», a-t-il confié dans le livre de Scott Morrison, «1972: la série qui a changé le hockey pour toujours».

Ce livre, publié dans la foulée du 50e anniversaire de la série ce mois-ci, revient sur les quatre matchs au Canada et les quatre autres en Union soviétique tout en partageant de nouveaux récits de plusieurs des personnes impliquées.

«C’était tout simplement incroyable d’avoir ces conversations et de (découvrir) à quel point leurs souvenirs étaient vifs et à quel point ils étaient nets, a relaté Morrison de Toronto. Les détails dont ils pouvaient se souvenir m’ont époustouflé à bien des égards.»

Dans le contexte de la guerre froide, Morrison la qualifie de la plus importante série de hockey jamais jouée, un événement déterminant dans l’histoire de ce pays et un point de bascule pour le hockey lui-même.

Contrairement aux tournois internationaux précédents, le Canada pouvait recourir à plusieurs de ses meilleurs joueurs professionnels contre de soi-disant amateurs de l’Union soviétique. Les attentes étaient élevées compte tenu de la participation des vedettes de la LNH.

Une victoire soviétique de 7-3 lors du premier match à Montréal a eu l’effet d’une sonnette d’alarme pour le Canada. Les Soviétiques sont rentrés chez eux avec un avantage de 2-1-1 après avoir perdu le 2e match à Toronto, soutiré un verdict nul à Winnipeg et remporté la victoire à Vancouver.

Une fois à Moscou, une victoire des Soviétiques lors du 5e match leur a apparemment offert la mainmise sur la série. Mais les résilients canadiens ont répliqué avec trois victoires consécutives, couronnées par le but gagnant d’Henderson avec 34 secondes à jouer lors du 8e match.

«Au début, nous étions fous de joie, mentionne l’attaquant canadien Ron Ellis dans le livre. Mais ensuite l’émotion a commencé à nous envahir. Nous nous sommes assis sur nos chaises (dans la chambre) et nous nous sommes regardés, sous le choc.

«Il y a une superbe photo de Paul penché en arrière, épuisé. Plus épuisé émotionnellement que physiquement.»

Si la défaite finale a été un coup dur pour les Soviétiques, ils ont néanmoins remporté de plus petites victoires. Ils ont passé tout un message lors de cette superbe victoire dans le premier match au Forum de Montréal et ont tenu tête aux puissants Canadiens tout au long de la série.

«Ils étaient également très fiers de ce qu’ils ont pu accomplir et réaliser, a ajouté Morrison. Ils ont montré au monde qu’ils pouvaient jouer au plus haut niveau, ce qui a grandement contribué à faire de cet événement ce qu’il est devenu.»

Aussi intéressants que soient les hauts et les bas ainsi que les obstacles inattendus de la série, il y a d’autres récits savoureux — en 1972 et lors des années qui ont suivi — parsemés tout au long des pages du livre que les lecteurs devraient apprécier.

Il y a des histoires au sujet des mésaventures des amateurs canadiens qui ont fait le long voyage jusqu’à Moscou. Certains joueurs pensaient que leurs chambres d’hôtel étaient sur écoute.

Brad Park partage les détails de son interaction avec Viktor Tikhonov alors que l’entraîneur soviétique était mécontent que le défenseur Valeri Vasiliev ait partagé une bière avec le Canadien lors d’une minisérie en 1987.

Il y a eu un périple inattendu après un match lors de cet événement — quelques Canadiens ont sauté dans l’autobus des Soviétiques après avoir pris des dispositions avec les interprètes — et les ont emmenés dans un club avant de payer la facture.

«Ils se sont en quelque sorte liés d’amitié et sont sortis boire à l’ancienne, a raconté Morrison. C’était une sorte de hockey à l’ancienne, alors que ces gars-là se sont assis et ont vraiment commencé à se comprendre et à s’apprécier.»

L’animosité et la tension d’il y a un demi-siècle se sont refroidies au fil des ans. Compte tenu de la dynamique sociale, politique et sportive en jeu à l’époque, il n’y aura jamais plus d’autre série comme celle-là.

«(Ils) ont beaucoup appris les uns des autres du point de vue du sport et de l’entraînement, a conclu Morrison. Et puis, tout d’un coup, le monde du hockey est devenu beaucoup plus important et inclusif.»