Ducharme savait que sont temps était compté à l’arrivée de la nouvelle direction

JOLIETTE, Qc — Dominique Ducharme se doutait bien que son temps était compté à la tête du Canadien de Montréal quand le directeur général qui l’avait mis en poste, Marc Bergevin, a été congédié.

C’est ce qu’a indiqué l’ex-entraîneur-chef mercredi, lors du tournoi de golf annuel de la Fondation Dominique-Ducharme, au club de golf de Joliette, alors qu’il s’entretenait pour la première fois avec les médias montréalais depuis son congédiement.

Ducharme n’en veut cependant pas à la nouvelle direction, qui l’a congédié en février dernier.

«J’aurais aimé ça avoir cette rencontre-là avec Kent (Hughes), pour lui dire comment moi je voyais les choses, comment j’entrevoyais le futur. Mais c’est correct: c’est leur décision et je crois qu’elle était déjà prise quand ils ont fait le changement, quand Marc est parti. On le voit ailleurs aussi: quand il y a un changement de direction, les nouvelles personnes qui arrivent veulent tourner la page sur l’ancienne direction et mettre leur empreinte, amener leurs personnes.

«Ce que j’ai compris, c’est que le changement était pour être fait d’une manière ou d’une autre, a-t-il plus tard ajouté. C’était une question de temps, aussi bien le faire tout de suite.»

Il assure aussi ne pas en vouloir aux joueurs, dont Jeff Petry, qui ont exprimé à mots couverts que le changement d’entraîneur arrivait à point, en février dernier.

«J’avais une bonne relation avec les joueurs. J’ai parlé avec plusieurs d’entre eux par la suite. Pour Jeff, c’était une situation difficile, avec le début de saison, sa situation familiale. Ce n’était pas évident pour lui. Il y a peut-être une façon de faire, qui arrive peut-être deux ou trois fois fois par match, sur lesquelles il se sentait peut-être moins à l’aise, mais pourtant nous l’avions utilisée contre Toronto et ça nous avait permis de neutraliser leur offensive et nous l’avions gardée dans les séries par la suite. J’ai toujours tenté de communiquer le mieux possible avec tout le monde et il n’y a jamais eu rien de personnel avec lui.»

Depuis son congédiement, Ducharme a eu quelques discussions avec d’autres organisations, mais il désire prendre son temps afin d’accepter l’offre qui lui conviendra le mieux. Après tout, il lui reste encore deux ans à écouler au contrat qu’il avait paraphé avec le CH.

«C’est certain que la piqûre est encore là: j’ai fait ça toute ma vie et je veux retourner comme entraîneur-chef dans la Ligue nationale, c’est sûr. L’an dernier, on est venu ici à trois victoires de gagner la coupe Stanley. Mon but c’est d’obtenir ces trois victoires manquantes. Je suis passé par un long chemin. Ça, c’est une épreuve. J’en ai rencontré plein dans ma carrière, et ça va continuer de me faire grandir comme entraîneur», a-t-il ajouté.

Il ne ferme pas la porte à toute offre éventuelle au niveau professionnel, mais on le sent réticent à retourner dans le hockey junior.

«Il y a des discussions. Je suis dans une situation où il me reste deux ans de contrat. J’ai encore envie, j’ai toujours fait ça, mais je veux le faire dans de bonnes conditions. Je me permets d’attendre la bonne opportunité, le bon endroit où revenir. (…) Je suis ouvert à tout, mais c’est certain que du côté du junior, j’ai fait ce que j’avais à faire. Que ce soit la LNH ou le hockey professionnel, toutes les portes sont ouvertes», a-t-il évoqué. 

Ducharme n’a dirigé le Tricolore que pendant 83 rencontres, réparties sur deux saisons. Sous ses ordres, l’équipe a gagné 23 matchs, perdu 46 autres et subi la défaite en bris d’égalité 14 fois. Elle a atteint la finale de la Coupe Stanley à l’été 2021, s’inclinant en cinq rencontres devant le Lightning de Tampa Bay.

«Je suis fier d’avoir été l’entraîneur du Canadien. Dans les 40 dernières années, il y a quatre équipes qui sont allées en finale. Je suis fier d’avoir été l’entraîneur de l’une de ces équipes, a-t-il noté. J’ai été investi du début à la fin. De mon arrivée comme adjoint en 2018 jusqu’à la dernière journée où je suis parti, j’ai mis tout mon cœur là-dedans. (…) Peu importe les hauts et les bas, ça a été un honneur», a-t-il résumé. 

Le Québécois ne croit d’ailleurs pas que son court séjour à Montréal pourrait l’empêcher de recevoir des offres dans l’avenir.

«Les gens sont capables de voir la situation. On regarde les quatre équipes en demi-finales l’an dernier, il n’y a que Tampa qui a fait les séries cette année. Les trois autres équipes, on a connu des difficultés en début de saison. C’est sûr qu’avec l’été court qu’on a eu, ç’a joué contre nous, encore plus que les Islanders et Vegas, car on a fini deux semaines plus tard. Les gens sont au courant des bonnes choses qu’on a faites et des difficultés qu’on a connues. J’ai un parcours aussi avant (le Canadien). Ils sont capables de mettre tout ça ensemble et de faire eux-mêmes leur évaluation», a-t-il conclu.

Avant de se joindre au groupe d’adjoints de Claude Julien à l’été 2018, Ducharme a connu une brillante carrière au niveau junior. Il a mené les Mooseheads d’Halifax à la conquête de la coupe Memorial en 2013, en plus de gagner la médaille d’or à la tête d’Équipe Canada junior au Mondial de 2018, un an après s’être incliné en finale du tournoi.