La voix des athlètes est la clé selon la ministre fédérale des Sports Pascale St-Onge

La ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, a souligné une fois de plus que la voix des athlètes est essentielle pour changer la culture sportive au Canada. 

St-Onge a annoncé dimanche quelques initiatives de sport sécuritaire, dont la création d’un comité consultatif des athlètes au sein de Sport Canada pour amplifier la voix des athlètes. La ministre a également fixé au 1er avril 2023 la date limite pour que les organismes nationaux de sport (ONS) signent des accords de collaboration avec le nouveau Bureau du commissaire à l’intégrité dans le sport (OSIC).

St-Onge prévoit également revoir les ententes de financement de Sport Canada avec les ONS pour «s’assurer que les normes en matière de gouvernance, de responsabilité et de sécurité soient atteintes». 

«Nous travaillons tous pour briser cette culture du silence, a affirmé St-Onge. Assurons-nous que les athlètes peuvent s’exprimer et se sentir libres de le faire. Il n’y a aucune raison de les empêcher de parler de leur situation et de ce qu’ils vivent.» 

St-Onge a pris la parole au point culminant de la séance annuelle du Comité olympique canadien (COC), à Montréal. Le COC a annoncé un jour plus tôt qu’il investirait 10 millions $ dans des initiatives de sport sécuritaire au milieu de ce que St-Onge a appelé une «crise» du sport sécuritaire au Canada. 

Des centaines d’athlètes de gymnastique, de boxe, de bobsleigh et de skeleton ont appelé à des enquêtes indépendantes sur leur sport au cours des dernières semaines.

«Le thème le plus important est que les athlètes se sentent et invisibles et ne se sentent pas écoutés. Comme point de départ, nous demander quelles sont nos expériences, quelles sont nos perspectives, quelles sont nos idées de changement est d’une importance cruciale, a indiqué Rosie MacLennan, double championne olympique de trampoline et présidente de la commission des athlètes du COC. 

«Aucun d’entre nous ne veut voir ce système échouer. Nous sommes tous vraiment passionnés par le système sportif. Nous l’aimons tous vraiment, mais c’était le thème récurrent. Je suis emballée que ça change maintenant.»

Plus tôt cette semaine, les athlètes de bobsleigh et de skeleton ont soulevé la question des clauses de non-dénigrement (NDA) dans les accords des athlètes qu’ils sont tenus de signer. St-Onge avait déclaré à La Presse Canadienne que ces clauses étaient contraires aux principes mêmes du sport sécuritaire. 

St-Onge a mentionné dimanche que les NDA feront partie de la conversation avant le prochain accord de financement avec les ONS, et qu’elles sont «une préoccupation des athlètes que j’ai entendue très clairement». 

Interrogée à propos des athlètes qui sont tenus de signer des NDA d’ici là — les athlètes canadiens de bobsleigh et de skeleton doivent signer des ententes avec les athlètes pour se présenter aux camps d’entraînement au début de juillet — St-Onge a soutenu «qu’il est temps que les athlètes et les ONS aient des conversations à ce sujet et qu’ils puissent purifier l’air. Si certains signent de nouveaux contrats en ce moment, tentons de changer ça».

«Nous ne devrions pas avoir peur de ce que les athlètes ont à dire, a insisté St-Onge. Parce que chaque fois que les athlètes s’expriment, c’est une occasion de faire des changements, d’être meilleurs, d’assurer la sécurité, de ramener la confiance dans le système et de s’assurer que les parents nous font confiance pour envoyer leurs enfants pratiquer un sport. 

«Parce que c’est si important dans le développement d’une personne, que ce soit pour une raison psychologique ou pour la santé physique. Nous avons besoin de sport dans la vie. Nous ne pouvons donc pas échouer.»

Les gymnastes canadiens qui ont demandé une enquête indépendante à la fin du mois de mars — un groupe initial de 70 personnes qui est passé à plus de 400 ces dernières semaines — ont exprimé que les annonces de dimanche ne vont pas assez loin pour répondre à leurs préoccupations. 

«Tout ce qui a été discuté aujourd’hui signifie que des abus auront déjà eu lieu et qu’il incombe aux athlètes de voir une plainte passer par un processus difficile, a fait valoir le groupe, opérant sous le nom de Gymnasts for Change Canada, par voie de communiqué. Nous avons encore plus de 1000 athlètes canadiens qui attendent la résolution de problèmes existants qui ne seront pas et ne pourront pas être résolus par un processus qui ne regarde que vers l’avenir. 

«Si nous n’examinons pas le passé, il n’y a aucune possibilité de faire amende honorable, d’aider à la guérison et d’être très clair sur la façon de reconnaître les signes afin que la culture de la maltraitance, que tant d’entre nous ont subie, ne réapparaisse plus. Jamais.»

Alors que Sport Canada ne supervise que les organisations nationales qui reçoivent du financement fédéral, St-Onge prévoit tenir des discussions sur le sport sécuritaire avec les fédérations provinciales et territoriales lors des Jeux d’été du Canada, en août. 

David Shoemaker, le président-directeur général et secrétaire général du COC, a laissé entendre que le sport canadien n’a jamais été une question de victoire à tout prix. 

«Pour le Comité olympique canadien, il s’agit toujours de gagner de la bonne façon, a-t-il dit. Nous croyons que nous pouvons poursuivre sans relâche la performance olympique et paralympique, amener les athlètes et les équipes canadiennes sur les podiums et, en même temps, poursuivre sans relâche une culture sportive sécuritaire et saine au Canada. 

«Ce qui est en jeu pour nous ici, c’est un pays qui peut être fier des athlètes qui le représentent sur la scène mondiale.» 

Erin Willson, présidente d’AthlètesCAN, l’association représentant les athlètes canadiens, a qualifié les réunions du week-end «d’étape encourageante». 

Elle a reconnu qu’il y avait des inquiétudes concernant l’arriéré de cas que l’OSIC pourrait rencontrer une fois qu’il commencerait à recevoir des plaintes, plus tard ce mois-ci. Elle pense toutefois que la création de la commission des athlètes est une étape positive. 

«Ça signifie vraiment cette idée que les athlètes ont une voix plus formelle dans le système, a-t-elle noté. Je pense que c’est quelque chose que nous avons appris ce week-end. Ça manquait vraiment.»