Les Alouettes doivent casser leur habitude de niveler par le bas

MONTRÉAL — Les Alouettes ont la fâcheuse habitude de se mettre au niveau de leur adversaire. Le match de lundi, contre le Rouge et Noir d’Ottawa, en est une autre preuve.

Comment expliquer que des quatre victoires de la formation Ottavienne, deux aient été obtenues sur le gazon synthétique — désuet, mais c’est une autre histoire — des Alouettes, un club qui a tenu tête aux puissants Blue Bombers de Winnipeg, allant même les battre chez eux cette saison?

«On se place toujours dans cette situation où on joue au niveau de notre adversaire, a laissé tomber William Stanback lundi soir, des propos qui ont rejoint ceux du garde Kristian Matte. Tout le monde le sait dans ce vestiaire: on n’aurait pas dû perdre ce match. Chaque rencontre, on doit sortir fort et exécuter les jeux. Nous ne l’avons pas fait ce match-ci. Nous n’avons pas respecté le plan de match et nous n’avons pas joué à un niveau suffisant. C’est frustrant.»

«C’est entre les oreilles: que ce soit Ottawa ou n’importe quelle équipe dans la Ligue canadienne, il faut que tu te présentes et que tu joues comme tu devrais jouer, a pour sa part souligné l’entraîneur-chef Danny Maciocia. Je dis toujours qu’il faut jouer à ton niveau. Je ne pense pas que beaucoup de monde a joué à son niveau (lundi).»

Maciocia fait bien attention à ses mots quand vient le temps de parler des équipes plus faibles du circuit Ambrosie, comme les Elks d’Edmonton, battus de peine et de misère la semaine dernière grâce à une interception et un retour de 100 verges pour un touché de Tyrice Beverette, et du Rouge et Noir. Chaque fois que le sujet des différences apparentes de force est abordé, Maciocia rappelle que «jamais, il ne manquera de respect ou ne dénigrera une autre équipe de la Ligue canadienne», rappelant que ce sont «des professionnels, payés pour jouer au football et qui sont aussi bien entraînés» que son équipe.

Soit. Mais la vérité est que lundi, les Alouettes, une équipe qui aurait pu confirmer sa place en éliminatoires et par le fait même confirmer un très important match à domicile pour les goussets du club, aurait dû se défaire d’une équipe comme le Rouge et Noir afin de lancer le message au reste de la LCF que le club est aspirant sérieux cette saison.

Mais non, les Alouettes, une équipe qui se bat pour le premier rang de sa section affrontait chez elle un club pratiquement éliminé des éliminatoires après neuf jours de congé, a plutôt laissé l’adversaire marquer 17 points en deuxième demie pour repartir avec les deux points.

Cette performance des Alouettes a plutôt soulevé de nombreuses questions sur la capacité du club à remporter les gros matchs.

Attaque anémique

L’attaque des Alouettes est l’un des aspects qui inquiète à quelques semaines des matchs éliminatoires. Encore une fois, elle était aux abonnés absents en deuxième demie lundi. Après n’avoir marqué aucun point contre les Elks la semaine dernière, Trevor Harris et sa troupe n’ont inscrit que trois maigres points, sur un placement  de 14 verges de David Côté.

Voilà un autre aspect très inquiétant: l’incapacité à marquer des touchés quand l’équipe se retrouve à la ligne de 20 de l’adversaire. Seulement une présence en six s’est traduite par un majeur lundi, un touché d’Eugene Lewis suivi d’une transformation de deux points ratée. Côté a dû fournir quatre placements — sur 14 verges (deux fois), 16 et 25 —, tandis que la denrière présence du club, à quatre secondes de la fin, s’est conclue sur une passe imprécise vers Lewis.

Harris termine la rencontre avec de très belles statistiques: 30 passes complétées en 38 occasions (79%), 338 verges et un touché, sans aucun revirement. Dans les faits, l’équipe a laissé de 16 à 23 points sur le terrain.

«On se doit d’exécuter, a déclaré Harris, une phrase trop souvent entendues cette saison. Je l’ai dit plutôt: on ne peut se permettre ces placements de courte distance, on doit marquer des touchés. Ça fait une grande différence.»

«Au cours des dernières semaines, les choses ont plutôt bien été, mais (lundi) ce manque d’opportunisme nous a coûté cher», a admis Maciocia.

Et il y l’indiscipline du club qui refait surface à un bien mauvais moment: neuf pour 122 verges, dont huit pour 107 en défense.

«C’est un sujet qu’on va certainement aborder (mardi), a indiqué l’entraîneur. Quand il y a un petit peu de frustration, c’est là où on commence à écoper de punitions. Il faut les éliminer. Les joueurs savent quelle est la recette pour aller chercher des victoires. Il faut bien jouer et être bien disciplinés. Ils le savent: ils l’ont déjà fait. On va en parler en détails.»

Les Alouettes devront rapidement tourner la page sur cette contre-performance, puisqu’ils affronteront de nouveau le Rouge et Noir vendredi, à Ottawa.