La Canadienne Sue Johanson, «gourou du sexe» dans les médias, est décédée à 93 ans

TORONTO — Avec ses lunettes à monture métallique et sa bouille de mamie bienveillante, Sue Johanson semblait une candidate bien improbable pour devenir la principale «gourou du sexe» de la télévision canadienne et américaine.

Mais son langage direct sur le sexe anal, oral ou solitaire a attiré vers sa tribune téléphonique un public fidèle, d’abord à la radio puis plus tard à la télévision canadienne et américaine.

La réalisatrice Lisa Rideout, qui lui a consacré un documentaire l’année dernière, a confirmé jeudi que Sue Johanson était morte à l’âge de 93 ans.

Les gens prenaient un malin plaisir à appeler au «Sunday Night Sex Show» et à son pendant américain, «Talk Sex with Sue Johanson», avec des questions à la limite du grivois sur d’obscurs actes sexuels et fétichismes divers, dans l’espoir de choquer cette vieille infirmière, rappelait sa fille Jane en entrevue avant le lancement du documentaire «Sex with Sue».

Mais sa grande ouverture était au service d’une plus grande mission encore: «décoincer le sexe». Mme Johanson était d’avis qu’être éduqué sur les rapports sexuels était plus sécuritaire. Elle a largement diffusé ce message en écrivant trois livres sur la sexualité et en faisant le tour du Canada pour donner des conférences dans les écoles.

Sue Johanson avait fait ses débuts en fondant une clinique de régulation des naissances dans une école secondaire de Toronto en 1970. Quatre ans plus tard, elle a commencé à visiter les écoles en Ontario pour offrir des cours d’éducation à la sexualité. Une décennie plus tard, elle faisait son entrée à la radio à Toronto.

Après le début de la diffusion de la version américaine de son émission, elle est devenue rapidement une chouchou du circuit américain des «talk-shows» de fin de soirée.

«Ce que les gens ne réalisent pas, c’est que la taille du pénis n’a pas d’importance, car les deux tiers supérieurs du vagin n’ont pas de terminaisons nerveuses — il n’y a personne à la maison là-haut», a-t-elle déjà déclaré chez David Letterman, provoquant un tonnerre d’applaudissements en studio.