Un revêtement bioactif augmenterait l’efficacité des masques
MONTRÉAL — Un revêtement bioactif développé par une équipe québéco-brésilienne permettrait aux masques chirurgicaux non seulement de bloquer les virus, mais aussi de les détruire.
Les chercheurs ont testé trois revêtements différents, dont un qui a anéanti en moins d’une minute la quasi-totalité des virus déposés à la surface du masque.
«On dépose une couche très mince de quelques dizaines de couches d’atomes, a expliqué en primeur à La Presse Canadienne le professeur Diego Mantovani, qui dirige le Laboratoire de biomatériaux et de bio-ingénierie de l’Université Laval. On change la façon dont le matériau interagit avec l’environnement.»
En ce moment, a-t-il précisé, les masques chirurgicaux agissent comme une barrière qui emprisonne la plupart des bactéries et les virus, mais pas la totalité.
De plus, certains virus, comme celui de la COVID-19, peuvent survivre plusieurs heures à la surface du masque. Et le fait de tousser, de parler, d’éternuer ou d’avoir des écoulements nasaux peut réduire la capacité de filtration des masques, d’où l’importance de les remplacer après quelques heures.
L’équipe de recherche québéco-brésilienne a donc testé en laboratoire trois molécules reconnues pour leurs propriétés bioactives. Ces molécules ont été fixées, par technologie plasma, à des échantillons de tissus de masques chirurgicaux contaminés avec un coronavirus.
Les chercheurs ont mis à l’essai un revêtement de polyéthylèneimine (PEI), un polymère que l’on trouve notamment dans les détergents; un revêtement de PEI et d’acide laurique, un acide gras présent dans la noix de coco; et un revêtement de PEI et de sulfate de cuivre.
L’abondance des virus déposés sur les deux premiers revêtements avait fondu de 99 % après deux heures. Mais dans le cas du troisième revêtement, ce sont 99,99 % des virus qui avaient été détruits après moins d’une minute, possiblement parce que le cuivre avait percé la membrane du virus et permis au PEI d’entrer à l’intérieur.
Le revêtement bioactif avait été ajouté à la surface externe des masques, pour intercepter les virus au moment de l’inspiration. Il pourrait en théorie aussi être ajouté à la surface interne du masque, pour empêcher le porteur de contaminer son environnement, mais d’autres tests seront nécessaires avant d’en arriver là, a dit le professeur Mantovani.
«Comme ce sont des matériaux naturels, probablement que ça n’aurait pas une très longue durée de vie, on ne pourrait pas utiliser le masque pendant plusieurs jours, a-t-il dit. Mais pour une interaction de quelques heures, je pense que c’est un produit qui pourrait être considéré.»
Le chercheur estime que de tels masques pourraient être particulièrement utiles dans les environnements où le risque de contamination est élevé, comme dans la salle d’urgence d’un hôpital, lors d’un concert dans un amphithéâtre bondé ou à l’occasion d’un voyage en avion.
Dans le cadre d’une production à grande échelle, l’ajout du revêtement n’augmenterait le coût de chaque masque que d’environ dix sous, estiment les chercheurs.
Les résultats de cette étude ont été publiés par la revue Applied Surface Science.