1775 : LORSQUE SAINT-JEAN A CHANGÉ LE COURS DE L’HISTOIRE
Plusieurs connaissent les faits majeurs qui mènent à l’indépendance des Treize colonies et, peu après, à la création des États-Unis. Saviez-vous que ce conflit a également touché le Haut-Richelieu et plus particulièrement Saint-Jean, qui y a joué un rôle déterminant?
L’objectif des rebelles américains est de chasser l’occupant britannique de l’Amérique du Nord, incluant le Québec. Au début de l’année 1775, les troupes de l’Américain Richard Montgomery prennent l’Île-aux-Noix et s’en servent comme base d’opération pour la conquête de Montréal.
Cependant, le fort Saint-Jean se dresse comme un obstacle sur leur chemin. À la mi-septembre 1775, les hommes de Montgomery établissent progressivement un siège autour du fort. Près de 500 Britanniques y sont installés avec femmes et enfants réfugiés du village. Ces derniers offrent une résistance exemplaire, malgré les nombreuses attaques de l’ennemi. Les troupes américaines n’ont pas prévu être ainsi ralenties à Saint-Jean. Le 18 octobre, les rebelles réussissent à prendre le fort Chambly. Ce dernier approvisionne le fort Saint-Jean en munitions et en nourriture. La famine guette les assiégés.
Le siège se termine avec la reddition des Britanniques le 2 novembre 1775. Les Américains poursuivent leur route jusqu’à Montréal, qui capitule le 13 novembre. La bataille de Québec a lieu le 31 décembre 1775 alors que les effectifs sont déjà réduits à cause d’un ennemi invisible: la petite vérole. Les Américains essuient une cuisante défaite et sont repoussés vers la mi-juin.
Après le départ des troupes américaines, les Britanniques restaurent le fort Saint-Jean et augmentent sa flotte. Les fortifications sont reconstruites sur l’Île-aux-Noix, dans la crainte d’une nouvelle attaque. La décision est prise de construire un blockhaus près de la rivière Lacolle pour réagir plus rapidement en cas d’invasion.
Le siège du fort Saint-Jean, d’une durée de 45 jours, a considérablement ralenti les troupes américaines en route vers Québec. C’est donc dire que la résistance de nos ancêtres a contribué à sauver Québec d’une conquête américaine. Un événement souvent négligé, ou même complètement passé sous silence, mais dont les Johannais peuvent être fiers!
Un merci tout spécial à Vincent O’Neil, coordonnateur au Musée du Fort Saint-Jean, pour sa collaboration et sa relecture de cette chronique.
Plan des redoutes érigées à Saint-Jean lors de l’été 1775. Bibliothèque et Archives Canada, NMC-2771