Enrique Tarrio, membre des Proud Boys, écope d’une peine record de 22 ans de prison

WASHINGTON — L’ancien leader des Proud Boys, Enrique Tarrio, a été condamné mardi à 22 ans de prison pour avoir orchestré un complot raté visant à maintenir Donald Trump au pouvoir après que le républicain a perdu l’élection présidentielle de 2020, couronnant l’affaire par la peine la plus sévère jamais prononcée pour l’attaque du Capitole.

Enrique Tarrio, âgé de 39 ans, a demandé la clémence du juge avant qu’il n’impose la peine de prison, qui vient s’ajouter aux peines de 18 ans prononcées à l’encontre de Stewart Rhodes, fondateur des Oath Keepers, et d’Ethan Nordean, ancien leader des Proud Boys, pour conspiration séditieuse et autres condamnations liées à l’émeute du 6 janvier 2021. 

Tarrio, qui a dirigé le groupe néofasciste qui est devenu une force dans les cercles républicains traditionnels, a baissé la tête après l’imposition de la peine, puis a redressé les épaules. Il a levé la main et fait un geste en forme de «V» avec ses doigts alors qu’il était conduit hors de la salle d’audience, vêtu d’une tenue de prison orange. 

Sa condamnation intervient alors que le ministère de la Justice s’apprête à juger Donald Trump dans le même tribunal de Washington, accusé d’avoir illégalement comploté pour s’accrocher au pouvoir alors qu’il savait qu’il n’était pas le choix des électeurs.

Prenant la parole avant que la sentence ne soit prononcée, Tarrio a qualifié le 6 janvier 2021 de «honte nationale» et s’est excusé auprès des policiers qui ont défendu le Capitole et des législateurs qui ont fui par peur. Sa voix s’est brisée lorsqu’il a dit qu’il avait laissé tomber sa famille et qu’il avait juré d’en finir avec la politique.

«Je ne suis pas un zélateur politique. Infliger des dommages ou changer les résultats de l’élection n’était pas mon but», a déclaré Tarrio.

«S’il vous plaît, montrez-moi de la pitié, a-t-il ajouté. Je vous demande de ne pas me prendre ma quarantaine.»

Peine sévère «nécessaire»

Le juge de district Timothy Kelly, qui a été nommé par le président Trump, a déclaré que Tarrio était motivé par un «zèle révolutionnaire» pour diriger la conspiration qui a abouti à ce que «200 hommes, prêts à se battre, encerclent le Capitole». Notant que Tarrio n’avait jamais manifesté publiquement de remords pour ses crimes, le juge a déclaré qu’une peine sévère était nécessaire pour dissuader toute violence politique à l’avenir. 

«Cela ne doit pas se reproduire. Cela ne doit pas se reproduire», a répété le juge.

Tarrio et trois lieutenants ont été reconnus coupables en mai de conspiration séditieuse et d’autres crimes à l’issue d’un procès qui a duré des mois et qui a rappelé de manière frappante le chaos violent alimenté par les mensonges de Donald Trump au sujet de l’élection, qui a contribué à inspirer des extrémistes de droite tels que les Proud Boys et les Oath Keepers. 

Les procureurs avaient requis 33 ans derrière les barreaux pour Tarrio, le décrivant comme le meneur d’un complot visant à utiliser la violence pour briser la pierre angulaire de la démocratie américaine et renverser la victoire électorale de Joe Biden, un démocrate, sur Donald Trump, le républicain sortant. 

Le procureur Conor Mulroe a déclaré au juge que les Proud Boys sont passés dangereusement près de réussir leur complot — et a noté qu’«il n’y avait pas besoin de fusils ou d’explosifs».

«Il y avait une réelle possibilité que nous nous réveillions le 7 janvier dans une crise constitutionnelle totale», a déclaré M. Mulroe, avec «300 millions d’Américains n’ayant aucune idée de l’identité du prochain président ou de la manière dont il serait décidé».

Une organisation à distance

Tarrio n’était pas à Washington lorsque les membres des Proud Boys se sont joints aux milliers de partisans du président Trump qui ont brisé des vitrines, frappé des policiers et envahi les pièces de la Chambre des représentants et du Sénat alors que les législateurs se réunissaient pour certifier la victoire de M. Biden. Mais les procureurs affirment que le résident de Miami a organisé et dirigé l’assaut des Proud Boys à distance, inspirant les adeptes par son charisme et son penchant pour la propagande.

Les avocats de Tarrio ont nié que les Proud Boys aient eu l’intention d’attaquer le Capitole ou d’empêcher la certification de la victoire de M. Biden. Ils ont soutenu que les procureurs avaient utilisé Tarrio comme bouc émissaire pour Trump, qui a pris la parole lors du rassemblement «Stop the Steal» près de la Maison-Blanche le 6 janvier et a exhorté ses partisans à «se battre comme l’enfer».

La jeune sœur de Tarrio, son fiancé et sa mère ont, en larmes, exhorté le juge à faire preuve de clémence avant que la sentence ne soit prononcée. Tarrio a enlevé ses lunettes et s’est essuyé les yeux en écoutant sa mère parler. 

La défense a demandé un maximum de 15 ans de prison, arguant que leur client ne devrait pas être puni aussi sévèrement que Rhodes, des Oath Keepers, qui était présent dans l’enceinte du Capitole le 6 janvier.

L’avocat de la défense, Nayib Hassan, a déclaré aux journalistes après l’audience qu’ils feraient appel.