La Corée du Nord annonce avoir réussi à lancer son satellite-espion

TOKYO — La Corée du Nord aurait finalement réussi à placer en orbite un satellite-espion, selon ses dires, lors de sa troisième tentative de lancement cette année.

L’agence spatiale nord-coréenne, l’Administration nationale du développement aérospatial, a annoncé que sa nouvelle fusée Chollima-1 avait placé avec précision le satellite Malligyong-1 en orbite mardi soir, heure locale, environ 12 minutes après son décollage du principal centre de lancement du pays.

L’Associated Press n’a pas réussi à confirmer de manière indépendante que le lancement du satellite a bel et bien fonctionné, comme le prétend Pyongyang.

Quoi qu’il en soit, le lancement a suscité une forte condamnation de la part des États-Unis et de leurs partenaires, car l’Organisation des Nations unies (ONU) interdit à la Corée du Nord de procéder à des lancements de satellites, les qualifiant de couvertures pour les tests de technologie de missile.

De son côté, l’Administration nationale du développement aérospatial a défendu son lancement, faisant valoir le droit légitime de la Corée du Nord à renforcer ses capacités d’autodéfense.

L’agence a soutenu que ce nouveau satellite-espion permettra à la Corée du Nord de se préparer à une éventuelle guerre en réponse aux «mouvements militaires dangereux de l’ennemi», faisant notamment référence aux opérations militaires de son voisin, la Corée du Sud, avec les États-Unis.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un aurait lui-même supervisé en personne le lancement du satellite, selon l’agence. Sur place, il aurait félicité les scientifiques et les autres personnes impliquées, affirmant que la Corée du Nord lancera plusieurs autres satellites pour mieux surveiller la Corée du Sud et d’autres régions du monde.

Un satellite-espion fait partie des principaux atouts militaires convoités par Kim Jong-un, qui souhaite moderniser les systèmes d’armements de son pays pour faire face à ce qu’il appelle «l’escalade des menaces» dirigées par les États-Unis.

Les deux tentatives de lancement précédentes de la Corée du Nord, en mai et en août, avaient échoué en raison de problèmes techniques.

La Corée du Nord avait promis qu’un troisième lancement aurait lieu en octobre, mais rien ne s’était produit pendant ce mois. Des responsables sud-coréens ont estimé que le retard était probablement dû au fait que la Corée du Nord recevait une aide technologique de la part de la Russie pour son programme spatial.

La Corée du Nord et la Russie, deux adversaires des États-Unis de plus en plus isolés à l’échelle mondiale, ont déployé d’importants efforts pour élargir leurs relations ces derniers mois. En septembre, Kim Jong-un s’est rendu en Russie pour rencontrer le président Vladimir Poutine et visiter des sites militaires, ce qui a enflammé la machine à rumeurs concernant une possible entente de partenariat.

En vertu de cet accord présumé, la Corée du Nord fournirait des armes conventionnelles à la Russie pour lui permettre de renflouer ses réserves, qui semblent s’épuiser en raison de sa guerre qui s’étire en Ukraine.

En échange, des gouvernements et des experts étrangers croient que la Corée du Nord sollicite l’aide de la Russie pour renforcer ses programmes nucléaire et militaire.

La Russie et la Corée du Nord ont réfuté ces allégations. Un tel accord violerait les interdictions mises en place par l’ONU qui empêchent tout commerce d’armes impliquant la Corée du Nord.

Les États-Unis et la Corée du Sud réagissent

La porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, Adrienne Watson, a déclaré que Washington condamnait fermement ce lancement de la Corée du Nord, estimant que celui-ci «soulève des tensions et risque de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région et ailleurs».

Elle a rappelé que le lancement impliquait des technologies directement liées au programme de missiles balistiques intercontinentaux de la Corée du Nord.

L’armée sud-coréenne, quant à elle, a mentionné qu’elle resterait prête à repousser toute provocation de la Corée du Nord si celle-ci décidait de passer à l’offensive pour s’opposer aux liens de la Corée du Sud avec les États-Unis.

Au Japon, le premier ministre Fumio Kishida a qualifié le lancement de «menace sérieuse qui affecte la sécurité de la population».

Il a révélé qu’il avait condamné «dans les termes les plus fermes» ce lancement directement auprès de la Corée du Nord.