Le monde aurait vécu sa journée la plus chaude jamais enregistrée mardi

La température de la planète a atteint mardi son niveau le plus élevé depuis au moins 44 ans, et probablement depuis bien plus longtemps. La journée de mercredi pourrait aussi être marquée par un record de température, le dernier en date d’une série d’événements extrêmes liés au changement climatique qui alarment les scientifiques sans les surprendre.

La température moyenne du globe a atteint 17,18 degrés Celsius mardi, selon les scientifiques du projet Climate Reanalyzer de l’Université du Maine. Il s’agit d’un outil basé sur des données satellitaires et des simulations informatiques, qui est utilisé par les climatologues pour avoir un aperçu de l’état de la planète. 

Lundi, la température moyenne était de 17,01 degrés Celsius, établissant un record qui n’aura duré que 24 heures.

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un record officiel de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), «cela nous donne une indication de la situation actuelle», a déclaré Sarah Kapnick, scientifique en chef de la NOAA. 

Même si l’ensemble des données utilisées pour ce record non officiel ne remonte qu’à 1979, elle a mentionné que, compte tenu d’autres données, il s’agit probablement de la journée la plus chaude que nous ayons connue depuis «plusieurs centaines d’années».

La précédente journée la plus chaude remonte à août 2021, a précisé Mme Kapnick.

«Un tel record est une nouvelle preuve de l’idée, désormais largement étayée, selon laquelle le réchauffement climatique nous entraîne vers un avenir plus chaud», a affirmé un climatologue de l’Université de Stanford, Chris Field, qui n’a pas participé aux calculs.

Avec de nombreux endroits où les températures avoisinent les 37,8 degrés Celsius, les nouvelles températures moyennes peuvent ne pas sembler très chaudes. Pourtant, le maximum mondial de mardi était supérieur d’un degré Celsius à la moyenne de la période entre 1979 et 2000, qui dépasse déjà les moyennes des XXe et XIXe siècles.

Des températures plus élevées se traduisent par des conditions brutales pour les populations du monde entier. Lorsque la chaleur monte en flèche, les êtres humains en subissent les effets sur leur santé, en particulier les jeunes et les personnes âgées, qui sont vulnérables à la chaleur même dans des conditions normales.

«Les gens ne sont pas habitués à cela. Leur corps n’y est pas habitué, explique Erinanne Saffell, climatologue de l’État de l’Arizona et spécialiste des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes. Il est important de comprendre qui peut être à risque, de s’assurer que les gens sont hydratés, qu’ils restent au frais, qu’ils ne font pas d’efforts à l’extérieur, et de prendre soin des personnes autour de vous qui peuvent être à risque.»

Selon Jason Furtado, professeur de météorologie à l’université de l’Oklahoma, ces records surviennent après des mois de «statistiques météorologiques et climatiques vraiment irréelles pour l’année», telles qu’une chaleur record dans l’Atlantique Nord, une glace de mer au niveau le plus bas jamais enregistré dans l’Antarctique et un renforcement rapide du phénomène El Niño.

Les scientifiques utilisent généralement des mesures beaucoup plus longues – des mois, des années, des décennies – pour suivre le réchauffement de la Terre. 

Cependant, les nouveaux chiffres indiquent que le changement climatique est en train d’atteindre un territoire inexploré, même si les données ne sont pas tout à fait du même type que celles utilisées par les organismes de référence en matière de mesure du climat, comme la NOAA.

Les chiffres reflètent légitimement le réchauffement à l’échelle mondiale, et la NOAA les prendra en considération pour ses calculs officiels, a déclaré Deke Arndt, directeur du Centre national d’information sur l’environnement, une division de la NOAA.

Des records de température ont été battus cette semaine au Québec et au Pérou. La semaine dernière, Pékin a enregistré neuf jours consécutifs où la température a dépassé 35 degrés Celsius. Des villes américaines, de Medford, en Oregon, à Tampa, en Floride, ont atteint des records de température, a indiqué Zack Taylor, météorologue du Service météorologique national des États-Unis. 

Mercredi, un autre record non officiel pourrait être établi, le Climate Reanalyzer prévoyant à nouveau une chaleur record ou quasi record. La température moyenne prévue pour l’Antarctique mercredi est supérieure de 4,5 degrés Celsius  à la moyenne des années entre 1979 et 2000.

Aux États-Unis, des avis de chaleur sont en vigueur cette semaine pour plus de 30 millions de personnes dans des régions telles que l’ouest de l’Oregon, l’intérieur du nord de la Californie, le centre du Nouveau-Mexique, le Texas, la Floride et la côte des Carolines, selon le Centre de prévision météorologique du Service national de météorologie. Les alertes à la chaleur excessive se poursuivent dans le sud de l’Arizona et de la Californie.