Sommet du G20: l’Union africaine devient membre et la guerre en Ukraine divise

NEW DELHI — Le Groupe des 20 plus grandes économies mondiales (G20) a accueilli l’Union africaine en tant que membre permanent lors de son sommet annuel, samedi, mais la question de la guerre en Ukraine a suscité des débats lors de la rédaction de sa déclaration finale, qui a finalement été publiée un jour d’avance.

Avant l’ouverture du sommet, qui se tient cette année en Inde, il y avait des doutes sur la possibilité d’en venir à un accord final en raison de divergences d’opinions entre les membres, notamment sur la question de l’invasion russe en Ukraine.

La déclaration finale du G20, publiée à la veille de la clôture officielle du sommet, a donc adopté un ton moins sévère concernant la guerre en Ukraine que celle publiée au terme de la réunion tenue l’année dernière à Bali.

Le document ne mentionne pas directement l’invasion russe et indique plutôt que les membres ont réitéré leurs positions nationales et les résolutions adoptées aux Nations Unies.

«Conformément à la Charte des Nations Unies, tous les États doivent s’abstenir de recourir à la menace ou à la force pour rechercher une acquisition territoriale contre l’intégrité territoriale et la souveraineté ou l’indépendance politique de tout État. L’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires est inadmissible», peut-on lire dans la déclaration finale du G20.

Malgré des mois d’objections de la part de la Russie et de la Chine concernant la formulation faisant référence à la guerre en Ukraine, les dirigeants ont réussi à se mettre d’accord à l’unanimité, selon les responsables indiens, sur plusieurs paragraphes faisant référence au conflit.

Les termes utilisés étaient cependant plus faibles que ceux du sommet du G20 de l’année dernière à Bali, qui citaient une résolution de l’ONU déplorant «dans les termes les plus forts l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et exigeant son retrait complet et inconditionnel du territoire de l’Ukraine».

Même si la déclaration signée à New Delhi «rappelait» la déclaration de Bali et la résolution de l’ONU, elle n’en citait pas le langage fort.

Plus d’un cinquième des dirigeants du G20 n’étaient pas à New Delhi à l’ouverture du sommet.

Les dirigeants russes et chinois ont choisi de ne pas s’y rendre, évitant ainsi toute conversation en face à face difficile avec leurs homologues nord-américains et européens.

Le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annulé sa présence après avoir contracté la COVID-19, tandis que le président mexicain a également décidé de ne pas participer. Le président français Emmanuel Macron est arrivé en retard, manquant les réunions du matin après être resté à Paris pour assister à l’ouverture de la Coupe du monde de rugby.

Adhésion de l’Union africaine

Malgré les désaccords sur la guerre en Ukraine, il y avait un large soutien pour l’ajout de l’Union africaine au G20, ce qui en fait le deuxième bloc régional à devenir un membre permanent après l’Union européenne.

Le premier ministre indien, Narendra Modia, a serré la main de l’actuel président de l’Union africaine, le président comorien Azali Assoumani, et l’a chaleureusement accueilli avant de l’inviter à s’asseoir à la table.

Le continent africain s’est retrouvé sous les feux des projecteurs en raison du séisme au Maroc qui s’est produit alors que la plupart des délégués réunis à New Delhi dormaient. M. Modi a offert son aide et son soutien dans son allocution d’ouverture.

«Au nom de nous tous, je tiens à exprimer nos sincères condoléances aux personnes touchées par le tremblement de terre qui a frappé le Maroc il y a peu de temps. Nous prions pour que tous les blessés se rétablissent bientôt. Toute la communauté mondiale est avec le Maroc en ces temps difficiles et nous sommes prêts à lui fournir toute l’assistance possible», a-t-il déclaré.

Il a aussi affirmé aux dirigeants qu’ils devaient trouver des «solutions concrètes» aux défis généralisés qui, selon lui, découlaient des «hauts et des bas de l’économie mondiale, du fossé entre le Nord et le Sud, du fossé entre l’Est et l’Ouest», et d’autres préoccupations concernant le terrorisme, la cybersécurité, la santé et l’accès à l’eau potable.

Malgré l’attention mondiale sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Inde veut susciter une réflexion sur les besoins des pays en développement au sommet, bien qu’il soit impossible de dissocier de nombreux enjeux, comme la sécurité alimentaire et énergétique, de ce conflit.

«Chers amis, après la COVID-19, le monde est confronté à des problèmes de déficit de confiance», a lancé le premier ministre Modi. 

«La guerre a aggravé ce déficit de confiance, mais si nous pouvons vaincre la COVID-19, nous pouvons également triompher du déficit de confiance causé par la guerre», a-t-il souligné, tout en évitant de mentionner les noms des pays concernés.