Croissance modeste des dépenses de santé au Canada, après les hausses pandémiques

La croissance des dépenses de santé au Canada a légèrement augmenté en 2023, mais elle est inférieure à ce qu’elle était avant la pandémie, selon de nouvelles données de l’Institut canadien d’information sur la santé.

Ces dépenses devraient atteindre 344 milliards $ cette année au Canada, soit environ 8740 $ par personne, indique jeudi le 27e rapport de l’institut sur les Tendances des dépenses nationales de santé.

Les données de l’institut comprennent l’argent dépensé par le secteur public et le secteur privé, mais aussi les sommes payées par les particuliers.

Le total de 344 milliards $ projeté pour 2023 représente une augmentation d’environ 9 milliards $ par rapport à l’année dernière, mais reste bien inférieur à la croissance d’une année sur l’autre observée avant la pandémie de COVID-19.

Entre 2015 et 2019, les dépenses de santé au pays ont augmenté en moyenne de 4,3 % par année. La pandémie a entraîné une forte hausse de 13,2 % en 2020, puis une augmentation de 7,8 % en 2021.

Mais en 2022, la croissance annuelle des dépenses de santé est tombée à 1,5 % et elle a augmenté d’un «faible» 2,8 % en 2023, a déclaré Christopher Kuchciak, gestionnaire des dépenses de santé à l’ICIS. 

Par ailleurs, les dépenses en soins de santé varient considérablement entre les provinces et les territoires, en fonction des besoins des populations ainsi que de la croissance démographique, a souligné M. Kuchciak.

Les facteurs qui influencent les dépenses comprennent le nombre de personnes âgées et le fait que les soins de santé soient dispensés en milieu urbain ou rural, a-t-il expliqué.

Régions éloignées

Les dépenses en soins de santé en 2023 s’élèvent ainsi à environ 8785 $ par personne au Québec et à 8245 $ en Ontario, tandis qu’elles atteignent 23 652 $ au Nunavut, indique le rapport. 

La croissance des dépenses en 2023 variait de 0,4 % au Québec, de 0,7 % en Ontario et de 3,9 % au Nouveau-Brunswick, mais jusqu’à des sommets de 7,7 % à l’Île-du-Prince-Édouard et de 9,8 % au Nunavut. Le Yukon a connu la seule baisse de croissance au pays, de 0,3 %.

Les gouvernements provinciaux et territoriaux paient environ 65 % des coûts des soins de santé, qui comprennent par ailleurs les transferts fédéraux, a rappelé M. Kuchciak. 

Une part de 5 % supplémentaire des dépenses du secteur public est assumée par le gouvernement fédéral dans ses champs de compétence en matière de soins de santé – notamment pour les communautés autochtones et les militaires –, ainsi que par les municipalités, pour des services comme la santé publique locale.

Les compagnies d’assurance privées assument environ 12 % des coûts des soins de santé, tandis que les frais médicaux directs – comme les ordonnances non assurées – représentent un autre 15 %. Environ 2 % des dépenses de santé comprennent des dons privés aux hôpitaux et même des frais de stationnement, a précisé M. Kuchciak.

Le quart aux hôpitaux 

En ce qui concerne les destinataires de ces sommes, les hôpitaux reçoivent environ le quart de l’enveloppe totale des dépenses de santé, indique le rapport; une part d’environ 14 % va aux médecins.

Les dépenses consacrées aux hôpitaux et aux médecins continuent d’augmenter, alors qu’on tente de réduire les listes d’attente en chirurgie et autres retards apparus au milieu de la pandémie, indique le rapport. 

Les médicaments représentent environ 14 % des dépenses de santé. Le reste de l’enveloppe va aux autres services de santé, notamment les foyers de soins de longue durée, les soins dentaires, les soins de la vue et les vaccins.

Les années à venir connaîtront probablement de nouvelles augmentations des dépenses de santé, a estimé M. Kuchciak, en raison à la fois de la croissance démographique et de l’inflation, notamment pour les salaires. 

«Les soins de santé sont prodigués par des personnes», a-t-il rappelé, soulignant que de nombreux médecins et infirmières sont liés par des contrats et conventions qui devront éventuellement être renégociés. 

«L’environnement actuel est caractérisé par une croissance modeste, mais les perspectives sont certainement favorables à une croissance plus élevée à l’avenir.»